Certaines communications post-mortem semblent peindre des 'images d'Épinal', décrire des situations qui nous paraissent un peu naives. Mais quand le communicant fait part de ses remords suite à une prise de conscience jamais opérée de son vivant, ce qui émerge des circonstances dans l'au-delà est bien différent. Exit les joueurs de harpe et l'oisif repos éternel, l'au-delà ressemble plus au divan d'un psychanalyste (jungien, j'espère!)
Mrs Willett, peu de temps après sa mort, écrivît par l'intermédiaire de la médium Géraldine Cummins une lettre posthume à un de ses fils - G Cummins ne le connaissait pas.
Mon cher, cher Alexander,
J'ai le besoin urgent de t'écrire au sujet d'un problème privé qui nous concerne tous les deux. J'ai une confession humiliante à faire et je me départis de toute fierté... j'ai été témoin du film de ma mémoire, les archives de ma vie... comme tu sais, il y a des chambres souterraines de la psyché ... j'ai ... eu une révélation consternante de l'une d'elles. Je sens que je dois la partager avec toi ou alors je ne trouverai aucune paix de l'esprit... L'année de ta naissance... ma petite fille Daphné est morte.
Et alors... s'éleva l'espoir charmant d'un autre bébé-fille pour remplacer Daphné. Oh! Je fus si cruellement déçue quand j'appris que cet heureux rêve n'était qu'une chimère trompeuse... j'ai rejeté mon bébé-garçon, projeté mon amertume sur sa fragile innocence. Plus en pensée qu'en acte. Mais à un si jeune âge, le bébé est inconsciemment hyper-sensible aux émotions de sa mère à son endroit ... cela créa chez toi une certaine timidité et prudence envers ta mère capricieuse.
Plus tard...j'ai éprouvé des remords et passais d'un extrême à l'autre et devins dévouée...mais trop tard. Mon petit garçon, qui commençait juste à marcher, était indépendant, il évita mes baisers, rejeta mon affection impulsive et violente. Au fond de lui, il s'en inquiétait. Et alors, cette mère primitive s'en trouva blessée et fachée et se détacha de lui, juste quand gentillesse et persistance l'auraient gagné à elle.
Et ainsi une barrière psychologique s'éleva entre nous...maintenant je vois que fondamentalement j'étais une mère possessive... toi, un petit garçon robuste, refusais d'être possèdé...bien souvent, j'ai pensé du mal de toi...car tu étais complètement indépendant de moi... j'ai même, je crois dans des messages posthumes, écrit des choses fausses sur toi mais tout découlait de ma vanité émotionnelle déconcertée car j'avais échoué à te posséder.
Dans cette vie-ci, nous revivons l'ambiance de l'époque de nos souvenirs en les étudiant. Je te supplie donc d'effacer de ton esprit les choses cruelles et fausses que je t'ai écrites dans un message posthume... de tout temps, la faute première est mienne. Si tu as senti une barrière entre nous, je l'ai créee, pas toi. Pour la paix de mon esprit, je t'implore de pardonner ma grave faute...chers fils, je vous envoie depuis ce monde-ci, tout mon amour en part égale.
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Le cataclysme émotionnel causé par la perte de l’être aimé affecte le corps autant que l’esprit. La souffrance transperce la personne endeuillée de part en part, tout son être est habité par la douleur. Emmurée dans ce chagrin causé par le rapt de l’être aimé et cette sensation physique d’arrachement, où s’entremêlent sens de perte irremplaçable, d’injustice, de colère et d’impuissance, la personne pense qu’elle perd la raison.
Et c’est dans ce temps d’écartèlement absolu, de morcellement total que le voile se soulève et que les dimensions s’interpénètrent.
Les expériences et manifestations référencées par le couple Guggenheim (l995) sous l’acronyme ADC (After-Death Communications) ne sont ni rares ni pathologiques. Ils les ont qualifées d’expériences spirituelles se produisant quand quelqu’un est directement et spontanément contacté par un membre de sa famille ou par un ami mort. Ils ont identifié douze catégories de manifestations (voir ADC : Communication Après la Mort sur ce site)
Ces communications se produisent quelques soient la nationalité, la religion, la classe sociale, le niveau culturel, l’appartenance ethnique etc... et il est utile de rappeler qu’aucun récipiendaire n’est un cas psychiatrique.
Ces expériences sont très courantes - surtout chez les veuves et veufs - alors pourquoi cette pudeur et cette peur d’en parler? Pourquoi cette inquiétude de passer pour un halluciné ?
Les ADCs sont la preuve de la pérénité des liens qui unissent deux êtres et démontrent la survie de la conscience individuelle. Elles adoucissent le chagrin et ouvrent la voie à une recherche sur la nature de la mort et du réel. Elles sont également sources de grand réconfort, et de consolation.
'’Toutes les dimensions sont au même endroit – ceci est l'Acte d'Amour ultime. Après la transition, on est instantanément réuni à ceux restés sur Terre, mais ils ne le voient pas. Ils sont littéralement aveuglés par leur chagrin. Nous voulons qu'ils ouvrent les yeux et voient que nous sommes vivants, et que nous sommes plus que jamais vivants !’’ nous dit Hans Bender lors d’une transmission via le medium Kai Mugge.
Il appartient à ceux à qui cette grâce a été accordée d’en parler plus ouvertement et de sensibiliser les personnes endeuillées à ces possibilités, de les informer des formes que ces communications empruntent pour qu’elles soient vigilantes et réceptives. Rien n’est plus accablant pour l’être transitionné qui fait tant d’efforts pour communiquer - et son amour et le message que sa vie continue hors du corps physique - que notre fermeture d’esprit dûe à l’ignorance et au refus de ces phénomènes.
La mort ne peut pas défaire l’amour profond, elle ne peut au pire que le suspendre très provisoirement.
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La difficulté de communiquer.
Michael Tymn est un chercheur assidu et érudit, très averti et discriminant en matière de manifestations psy et de médiumnité; son blog que je lis régulièrement est une mine. Dans un de ses récents posts il s’appuie sur les communications de Sir William Barrett, physicien et cofondateur de la Society for Psychical Research, pour décrire la difficulté à communiquer via un médium.
Quelques temps après sa mort, William Barrett commence à communiquer avec son épouse - docteur en médecine et doyenne de la faculté de médecine pour femmes de Londres - à travers plusieurs médiums, dont Gladys Osborne Leonard. Il l’informe qu’il lui a fallu apprendre à ralentir ses vibrations pour pouvoir communiquer avec elle. Il dit ‘’perdre parfois sa mémoire des choses quand il vient ici’’ et ajoute ‘’des choses dont je me souviens dans mon état propre, mais pas ici. Dans les rêves on ne sait pas tout, on capte seulement des bouts. Une séance est identique, quand je retourne dans le monde spirituel après une séance telle que celle-ci, je sais que je n’ai pas su transmettre tout ce que je voulais dire. C’est dû à mon mental qui se sépare à nouveau ‘’.
Il explique que dans notre corps physique le conscient et l’inconscient sont séparés, mais quand nous transitionnons ils se joignent pour former un seul mental qui sait et se souvient de tout. (C’est ce qu’énonce la psychanalyse, l’inconscient n’oublie rien, l’oubli est un refoulement.) Quand il refait une incursion dans la sphère physique, le conscient et l’inconscient se scindent à nouveau et il oublie donc beaucoup de choses. ‘’Je ne peux pas venir avec la totalité de mon être. Je ne peux pas’’, dit-il.
Questionné par son épouse, il explique qu’il dispose d’un soi quadridimensionnel qui ne peut se réduire à trois dimensions. ‘’C’est comme mesurer une troisième dimension en mètres carrés au lieu de mètres cubes; il n’y a aucun doute que je laisse un peu de moi derrière, cependant ça me réintègre dès que je me réajuste à ma condition’’.
Lors d’une autre séance, William Barrett énonce qu’il se souvient parfaitement d’un nom quand il se trouve dans sa propre sphère et peut l’oublier quand il se trouve en situation de séance. ‘’Les choses les plus simples à saisir sont ce que nous pouvons appeler les idées. Un mot isolé ou un nom propre ne participent à aucun enchaînement de pensées, c’est beaucoup plus difficile que de se souvenir ou d’associer des idées. Si vous consultez un médium qui nous est nouveau, je peux me faire reconnaître par vous via ce médium en communiquant une impression de mon caractère ou de ma personnalité, de mon travail sur terre, etc. Tout ceci peut être suggéré par des impressions de pensées, d’idées. Mais si je veux dire ‘je suis Will’, je trouve ça beaucoup plus difficile que de vous donner une longue et complète étude de ma personnalité. ‘Je suis Will’ a l’air simple mais comprenez que dans ce cas ‘Will’ est un mot isolé’’.
Lady Barrett lui demande pourquoi il s’ėtait identifié comme ‘William’ alors qu’elle l’appelait ‘Will’ et pourquoi il l’appelle ‘Florrie’ alors qu’il l’appelait ‘Flo’. Il explique que c’est une question de pouvoir transmettre certains noms plus facilement que d’autres via un médium donné. Ça dépend beaucoup du médium.
Il ajoute que s’il voulait exprimer un concept d’intérêt scientifique, il pourrait le faire de vingt façons différentes. Il pourrait commencer en montrant des livres, puis donner une impression de la nature du livre, et ainsi de suite jusqu’à construire une impression psychologique de lui-même, mais dire simplement ‘je suis Will’ présente une réelle difficulté.
Dans un premier temps, lady Barrett se montrait très sceptique et demandait quantités de preuves pour s’assurer de l’identité du communiquant. Pour la convaincre, il mentionna lors d’une séance une poignée de porte cassée et une déchirure dans le papier peint de sa chambre car ils avaient parlées de ces deux choses, à présent réparées, quelques temps avant sa mort. Puis elle lui demanda de lui communiquer les circonstances de son décès. Il répondit qu’il était mort au salon dans son fauteuil alors qu’elle-même raccompagnait un visiteur jusqu’à la porte du rez-de-chaussée, et elle le découvrit sans vie en revenant. Il précisa qu’il n’avait ressenti aucune douleur et qu’il avait tout de suite été accueilli par ses parents.
Lady Barrett, persuadée que Gladys Leonard ne pouvait connaître ces détails, fut convaincue que le communiquant était bien son défunt mari.
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Quel est le sens de la vie ?
La voix répondit : ‘ Que penserais-tu si je te disais que tu l’accomplis quand tu donnes de ton temps à un enfant pour le consoler et le guider, quand tu écoutes attentivement et sans juger un ami ou un étranger qui fait appel à toi, ou quand tu payes les courses d’une personne qui n’en a pas les moyens, ou quand tu sauves un animal sur la route, ou quand tu noues les lacets de chaussures de ton père ? Le problème c’est que tu confonds réalisation des objectifs et sens de la vie. Dieu, ou l’Univers, ou le Réel, ne s’intéresse pas à tes objectifs - uniquement à ton coeur. Quand tu choisis d’agir par gentillesse, compassion, et amour, tu es alors en adéquation avec le sens authentique de ta vie. Aucun besoin de le chercher ailleurs’.