L'après-vie, la sur-âme, le soi non-local

May 8, 2013

Julia Assante, auteure de "The Last Frontier".

Plus je fais de recherches sur le sujet de la vie après la mort, plus j'en découvre sur "l'autre côté", et plus je suis amenée à questionner nos concepts actuels de l'au-delà. Nous supposons que l'au-delà est local, c'est à dire qu'il se situe en un lieu précis, aussi bien spatial que temporel. Bien sûr, ce n'est pas vrai. Si cela était vrai, les morts ne sauraient jamais quand nous rencontrer, et moins encore où, parce qu'eux-mêmes seraient assujetis au lieu et à l'heure. Or, ils ne le sont pas. Ils savent donc quand et où nous retrouver, avec précision. Ils savent exactement quand nous reposons sur nos lits de mort et quand il faut venir nous chercher. Les nombreux témoignages sur des amis et des proches décédés qui avertissent d'un danger imminent, est la démonstration la plus évidente de la non-localité des morts. Ils peuvent se promener dans notre avenir et jeter un oeil sur tout lieu ou événement physique, déjà advenu ou non.

Le temps n’est cependant pas totalement sans importance pour eux. Ils peuvent revenir à cette notion quand ils le souhaitent, en fonction de leurs besoins. Un moment pour nous peut être vécu par eux comme une éternité, ou comme un temps suspendu. À l'inverse, toutes ces années avant d'être réunis à nos proches disparus n'ont généralement aucune signification pour eux. Ils n'ont jamais à attendre! Vu que les morts semblent pouvoir se projeter en n'importe quel moment et lieu, y compris en leurs propres réincarnations passées et futures, pourquoi parlons-nous de "quand" et "où" dans l'après-vie?

Pour compliquer davantage les choses, dans mon travail, je vois souvent ceux qui ne sont pas encore nés aux côtés de ceux qui sont déjà morts. La vie après la mort serait-elle alors aussi une "vie avant la vie"? La réponse semble être oui, bien que les expériences existentielles puissent différer. Pourtant, les pré-nés s'expriment avec la même clarté mature et rationnelle que les morts. Il est clair que l'état non physique de l'être, que ce soit après la mort ou avant la naissance, ne peut pas être décrit en terme de temps séquentiel. Cependant, tout indique que même dans les réalités non locales, les frontières existent, des frontières vraisemblablement psychologiques - un sujet que j'espère traiter à l'avenir. Peut-être devrions-nous abandonner l'idée simple selon laquelle la vie dans laquelle nous sommes maintenant serait en quelque sorte en sandwich entre la naissance et l'après-vie. Mais alors, où devons-nous situer nos vies?

C'est l'idée avec laquelle je joue actuellement : la notion que nous, comme les morts, sommes des projections sur un plan où nous créons avec les illusions du temps, du lieu et de la matière. Cela laisse entière la très importante question de savoir quelle partie de nous-mêmes projette. Si nous prenons les morts et les pré-nés comme modèles, nous voyons qu'ils projettent dans notre monde non seulement à partir d'une réalité non locale, mais aussi depuis une conscience incroyablement élargie, c'est-à-dire depuis leur être immortel. Est-ce aussi le cas pour nous? Projetons-nous depuis cette plus grande portion de notre identité qui n'est pas focalisée sur la réalité physique? Notre existence n'est-elle guère plus qu'un petit orteil plongé dans un trou d'eau? Mais certainement comme n'importe quel orteil, cet orteil, notre vie, notre projection, est perceptif et partage ses expériences avec la totalité du soi. Et comme n'importe quel orteil, il serait en communication constante avec l'ensemble, recevant des impulsions, des impressions et des commandes de plusieurs parties du soi, y compris du soi transcendant.

Mais savoir cela nous aiderait-il? Vivrions-nous mieux, avec plus de sens, plus de joie, si nous savions au fond de nous-mêmes que nous ne sommes que des projections? Que de loin la plus grande partie de nous-même vit en dehors de la réalité physique?

Je crois que oui. Je crois que cela nous soulagerait de ce fardeau colossal : vivre et mourir conformément au socialement correct. Nous serions plus authentiques dans notre créativité, plus ludiques. Nous agirions davantage depuis notre authenticité et prendrions plus de risques. Je crois également que nous pourrions profiter de cette connaissance pour projeter dans d'autres zones, physiques ou non. La projection libérerait de nombreux aspects du soi, les incarnations passées et futures, le soi transcendant, et potentiellement l'entité puissante qui nous a engendrés. Au lieu d'être en sandwich, nous saurions que ce que nous sommes, en ce moment présent, est un point dans notre existence plus vaste, un point sur lequel nous sommes maintenant concentrés. Et si cet orteil devenait conscient de tous les autres orteils, chacun dans son propre trou d'eau, chacun étant une vie indépendante, mais chacun profondément relié aux autres, et même agissant à l'unisson? Alors soudainement, la forme dans sa plénitude se révèlerait, le corps entier, ainsi que l'esprit qui crée ce corps et entretient ses parties?

Pendant que j'écrivais ceci, je me suis dit, pourquoi ne pas essayer? J'ai puisé en moi-même, en cette entité massive souvent appelée la sur-âme. Cette identité qui m'a donné naissance ainsi qu'à toutes les incarnations qui me sont liées, vivantes et mortes. Elle m'a donné le don de l'indépendance et du libre arbitre. Dès que j'ai senti la connexion, une énorme poussée d'énergie s'est répandue dans mon corps. Je me suis instantanément détendue, intérieurement calme et joyeuse. Enfin, du moins pour un moment, je me suis senti totalement intégrée.

Mais ce n'est pas fini. Cette nuit-là, je me suis vue en rêve. J'envoyais un nouveau scenario à toutes les parties de moi-même, dans toutes les dimensions qui me concernent maintenant. Un nouveau scenario! Mon esprit, essayant de faire face à l'immensité et à l'instantanéité d'un tel acte, a transformé le nouveau scenario en un dossier électronique verrouillé ! Est-ce que cette petite poussée de conscience a produit une action à l'échelle d'une entité, affectant tous les aspects de ma plus grande identité, quel que soit le trou d'eau, l'océan ou la mer cosmique dans laquelle elle se trouve? J'ai hâte de le découvrir!

Julia Assante, l'auteure, est historienne des religions, spécialiste de l'ancien Proche-Orient (PhD Columbia University). Depuis plus de trente années, elle exerce en tant qu'intuitive professionnelle. Dans son livre, "The Last Frontier: Exploring the Afterlife and Transforming Our Fear of Death", elle présente une enquête rigoureuse sur les représentations de la mort dans les civilisations antiques, sur les conséquences sociales de notre peur de la mort et sur l'après-vie.