La question du Temps

L’intrigante question du temps - pourquoi se déroule-t-il dans un sens plutôt que dans l’autre, et pourquoi existe-t-il ? Et même, existe-t-il ?

Il n’y aurait, d’après ce que je comprends, aucune raison scientifique pour que le temps se déroule dans une seule direction, ni qu’il soit constant et mesurable (voir la section ‘chercheurs et après-vie’ où Rupert Sheldrake démasque avec humour la ‘variabilité des constantes’) ni même qu’il existe. Certains physiciens qui pensent que le déroulement du temps est une illusion voudraient pouvoir s’en débarrasser tandis que d’autres voudraient le faire exister avant le Big Bang.

‘Le temps que nous mesurons n’existe pas objectivement’ est une affirmation d’où découlent quelques implications (liste non exhaustive) :

  • Le temps n’étant pas linéaire, un effet peut se produire avant sa cause.

  • Le futur et le passé n’existent pas en tant que tels - ils sont une série de moments-maintenant.

  • Nos multiples vies ne sont pas consécutives mais simultanées, et s’influencent mutuellement. Toutes nos ‘personnalités’ engagées dans diverses expériences complémentaires opèrent côte à côte et non l’une après l’autre. Parler de karma des vies passées ou parler de vies prochaines n’a aucun sens. Et parler de multiples vies est une facilité de langage car au final, nous ne vivons effectivement qu’une fois mais éternellement et dans de multiples manifestations.

  • Nos décisions et actions de cette vie impactent toutes nos vies, autant celles que nous croyons passées que celles que nous croyons futures, et de même celles que nous croyons passées et celles que nous croyons futures impactent la vie présente. Tout arrive dans le maintenant. Notre conscience ordinaire est ignorante de ces expériences parallèles - qui peut-être surgissent occasionnellement dans notre espace sous forme de synchronicité, hasard signifiant, coïncidence...

  • Le temps est une forme d’illusion qui permet à l’humain de faire sens de son expérience dans cette dimension. Citons ici la boutade attribuée à Einstein : ‘le temps est ce qui permet à toutes les choses de ne pas arriver en même temps’.

  • Les communicants soi-disant morts ayant atteint un certain niveau de conscience et ayant donc une meilleure compréhension de la nature de leur milieu, nous transmettent qu’ils ne sont plus assujettis au temps, pour eux le temps est optionnel. Ils peuvent s’adapter au temps terrestre pour interagir plus aisément avec les êtres toujours incarnés, ou s’en abstraire totalement.

L'expérience du choix retardé de Wheeler en 1978, expérience de physique quantique dont les implications sont profondes, tend à démontrer que le passé pourrait dépendre de façon subtile du futur.

Les recherches et expériences actuelles démontrent que le champ quantique, les superpositions, l’intrication ne sont pas limités aux photons mais fonctionnent aussi à plus grande échelle. L’univers, qui est conscience et informations, serait holographique : le tout contenu dans chacune de ses parties.

Alors que j’écrivais ce post, je suis ‘tombée’ sur un article relatif au film de science fiction Premier Contact. Piquée par la curiosité, j’ai commandé le dvd et bien m’en a pris! Le film, atypique, traite avec virtuosité le sujet du temps et des informations qui venant du futur informent le présent. Au début du film, le spectateur, par habitude de ce genre de flashbacks cinématographiques, pensent être témoin d’événements passés mais la suite du film permet de comprendre qu’il s’agit en fait de flashforwards. La linguiste Louise Banks, héroïne du film, accède à la connaissance du futur au fur et à mesure qu’elle décode le langage non linéaire des visiteurs extraterrestres ; cela lui ouvre les portes d’une perception intuitive lui permettant de se souvenir du futur, ou même lui permettant une perception globale et atemporelle. La langue des visiteurs est retranscrite par des graphies circulaires, sorte d’ouroboros ou de mandala, sans début ni fin ; toute l’information s’offre en bloc, sans linéarité séquentielle.

Il ne s’agit pas dans ce film de voyage dans le temps mais bien de futur qui agit sur le présent ; mais je ne vais pas révéler l’intrigue...

Les deux textes qui suivent, l’un par Bernardo Kastrup et l’autre par Deepak Chopra, ne laissent pas un moment de répit à mes petites cellules grises et je m’empresse de les adjoindre à cette réflexion sur la nature du temps.

Bernardo Kastrup, chercheur au CERN et contributeur régulier au blog du Scientific American, écrit dans l’article intitulé ‘Better understanding the illusory nature of time’ (Mieux comprendre la nature illusoire du temps) :

‘’Il ne peut y avoir de flux expérientiel que s'il y a de l'expérience dans le passé, le présent et le futur. Mais où est le passé ? Est-il là à l’extérieur ? Pouvez-vous le montrer du doigt ? Évidemment pas. C’est le fait que vous avez une mémoire qui vous permet de concevoir l’idée du passé. Mais ces souvenirs ne peuvent être référencés que dans la mesure où vous en faites l’expérience maintenant, en tant que souvenirs. Il n’y a jamais eu un seul moment de toute votre vie où le passé aurait été autre chose que des souvenirs revécus dans le présent.

La même chose vaut pour le futur : où est-il ? Pouvez-vous le pointer du doigt et dire ‘il est là’ ? Évidemment pas. Notre conception du futur naît de nos attentes ou de nos imaginations dont nous faisons l’expérience maintenant, toujours maintenant, en tant qu’attentes ou imaginations. Il n’y a jamais eu un seul moment de toute votre vie où le futur aurait été autre chose qu’attentes ou imaginations vécues dans le présent...

Faisons une analogie avec l’espace. Supposons que vous soyez assis sur le bas-côté d’une longue route droite dans le désert. Regardant loin devant, vous voyez des montagnes. Regardant en arrière, vous voyez une vallée aride. Les montagnes et la vallée sont des repaires qui vous permettent de vous situer dans l’espace. Mais les montagnes, la vallée, votre position sur le côté de la route existent simultanément dans la présente photo instantanée de votre vie consciente...

Voyez-vous, que le temps s’écoule en avant, ou ne s’écoule pas du tout, ou fasse un va et vient, notre expérience subjective résultante serait identique dans tous les cas : nous nous retrouverions toujours dans une photo instantanée expérientielle qui s’étendrait sans heurt en arrière en souvenir et en avant en attente, comme la route du désert...

L’expérience ostensible du flux temporel est donc une illusion. Tout ce dont nous avons l’expérience est la présente photo instantanée qui implique un paysage temporel de souvenirs et d’imaginations analogues au paysage de montagnes et de vallée. Tout le reste est narration’’.

How to Be Timeless Right This Moment, paru sur le site scienceandnonduality

Comment être atemporel tout de suite-maintenant ? par Deepak Chopra

Pour la plupart des gens, les deux mots ‘atemporel’ et ‘éternel’ sont grosso modo synonymes. Ils signifient la fin du temps égrèné par la montre ; et pour de nombreux croyants le ciel est éternel, un endroit où le temps se prolonge pour toujours. Le temps qui s’achève n’est pas une perspective agréable car, pour ainsi dire, les montres s'arrêtent quand nous mourons. Mais tous ces concepts soulèvent un problème et en creusant le sujet, nous voyons que le temps est très différent de ce que nous acceptons sans questionnement.

La physique a beaucoup à dire sur le temps grâce au concept révolutionnaire d'Einstein selon lequel le temps n'est pas constant mais varie en fonction de la situation. Voyager à la vitesse de la lumière ou s'approcher de l'attraction gravitationnelle massive d'un trou noir impacteront significativement la façon dont le temps passe. Mais laissons de côté la relativité un instant pour examiner comment le temps fonctionne en terme humain, ici et maintenant. Chacun de nous connaît trois états du temps: le temps du tic tac de l’horloge lorsque nous sommes réveillés, le temps dans l’état paraissant illusoire du rêve et l’absence de temps lorsque nous dormons mais ne rêvons pas. Cela nous indique que le temps est lié à notre état de conscience.

Nous tenons pour acquis qu'une sorte de temps - celui mesuré par les horloges - est un temps réel, mais ce n'est pas vrai. Les trois relations avec le temps - être réveillé, rêver et dormir - sont connaissables seulement en tant qu’expériences personnelles. En fait, le temps n’existe pas en dehors de la conscience humaine. Il n'y a pas un temps d’horloge absolu ‘là-bas’ dans l'univers. De nombreux cosmologistes soutiennent que le temps, tel que nous le connaissons à l'état de veille, est entré dans l'univers au moment du big bang. Ce qui est arrivé avant le big bang est probablement inconcevable, car ‘avant le big bang’ n'a aucun sens si le temps est né à l'instant où le cosmos est né. Si vous passez au niveau le plus subtil de la Nature, l'état de vide d'où le champ quantique a émergé, les attributs de l'existence quotidienne, telles que la vue, le son, le goût, le toucher et l'odorat, n'existent plus, et il existe aussi un point de fuite où la tridimensionnalité disparaît, avec le temps lui-même.

Ce qui se situe au-delà de l'horizon quantique est une pure conjecture mathématique. Mais une chose est certaine, l'origine de tout ce qui est réel est hors de portée du temps et de l'espace. Ce qui est l'état pré-créé de l'univers peut être modélisé mathématiquement comme multidimensionnel, infiniment dimensionnel ou non dimensionnel. Une fois que les quatre dimensions du quotidien disparaissent, toutes sortes d'explications mathématiques sont possibles. Il faut donc accepter que le temps est issu de l'intemporel et pas seulement du big bang. Tout dans l'univers physique clignote dans et hors d'existence à un rythme d'excitation rapide, ici et maintenant. L'intemporel est avec nous à chaque seconde de notre vie.

Il y a quelque chose de bancal dans cette phrase, car l'intemporel ne peut pas être mesuré avec une horloge, donc cela n'a aucun sens de dire que l'intemporel est avec nous ‘à chaque seconde’. Simplement, l'intemporel est avec nous, point. Ce monde est intemporel. Inutile d'attendre la mort ou le paradis pour prouver que l'éternité est réelle. Une fois admis que l'intemporel est avec nous, une question se pose naturellement : comment l'intemporel se relie-t-il à l'heure de l'horloge ? La réponse est que les deux ne sont pas en lien. L'intemporel est un absolu, et comme il ne peut pas être mesuré par une horloge, il n'a pas d'existence relative. Comme c'est étrange. L’intemporel est avec nous, et pourtant nous ne pouvons pas entrer en relation avec lui. Alors à quoi bon l'intemporel?

Pour répondre à cette question, nous devons revenir en arrière. Le temps de la montre n’occupe pas une position dominante dans le réel. Il n'y a aucune raison pour qu'il soit supérieur au temps du rêve ou à l'absence de temps du sommeil sans rêve. Le temps de la montre n'est guère plus qu'une qualité d'éveil, à l’instar d'autres qualités que nous connaissons telles couleurs, goûts, odeurs, etc. Sans les êtres humains pour éprouver ces qualités, elles n'existent pas. Les photons, particules de lumière, n'ont aucune luminosité sans notre perception de la luminosité ; les photons sont invisibles et incolores. De même, le temps est un artefact de l'expérience humaine. En dehors de notre perception, nous ne pouvons rien connaître du temps. Cela semble contredire la pierre angulaire de la science, qui soutient que ‘évidemment’ un univers physique existait avant que la vie humaine n'évolue sur Terre, ce qui signifie que ‘évidemment’ le temps existait aussi, des milliards d'années.

Ici, nous arrivons à une fourche, en effet soit vous acceptez que le temps, tel qu'il est perçu par le cerveau humain, est intrinsèque, soit vous soutenez que, étant dépendant du cerveau humain, le temps est une création de la conscience. La deuxième proposition est de loin la plus valide, même si moins de gens l’adoptent. Dans notre conscience, nous convertissons constamment l'intemporel en expérience temporelle - c’est incontournable. Puisqu'une telle transformation ne peut pas se produire ‘dans’ le temps, quelque chose d'autre doit être à l’œuvre. Pour comprendre cette ‘autre chose’ examinons le moment présent, le présent, le présent immédiat.

Toute expérience se produit dans le maintenant. Même se souvenir du passé ou anticiper l'avenir est un événement du moment présent. Les cellules cérébrales, qui traitent physiquement la conversion de l'intemporel en temps, ne fonctionnent que dans le présent. Elles n'ont pas d'autre choix, car les signaux électriques et les réactions chimiques qui contrôlent les cellules du cerveau ne se produisent que 'ici et maintenant’. Si le moment présent est le seul temps réel que nous pouvons connaître à l'état de veille, pourquoi est-il si insaisissable ? Vous pouvez utiliser une horloge aussi sensible qu'une horloge atomique pour prédire quand la seconde, la milliseconde ou le billionième de seconde suivante arrivera, mais ce n'est pas la même chose que de prédire le maintenant. Le moment présent, en tant qu'expérience, est totalement imprévisible. S’il pouvait être prédit, vous sauriez à l'avance votre prochaine pensée, ce qui est impossible.

De plus, le moment présent est insaisissable, car à l'instant où vous l'enregistrez comme une sensation, une image, un sentiment ou une pensée, il est déjà parti. Bien, en résumé. Le maintenant, l'endroit où nous vivons tous, peut être décrit comme :

  • le point de jonction où l'intemporel est converti en temps

  • le seul temps ‘réel’ que nous connaissons à l'état de veille

  • un phénomène totalement imprévisible

  • un phénomène totalement insaisissable.

Alors, si toutes ces caractéristiques sont correctement décrites, il apparaît que nous nous sommes leurrés en pensant que le temps est une simple question du tic-tac de l'horloge. Mystérieusement, chacun de nous occupe un espace intemporel, et pour produire un monde à quatre dimensions dans le but d'y vivre, nous le rêvons. Autrement dit, d'abord et avant tout nous créons le monde dans la conscience. Il n’existe pas de monde ’en dehors’.

Cette conclusion apparemment bizarre est au cœur de toutes les philosophies non dualistes comme le platonisme, le bouddhisme et le Vedanta. Aucunes d'entre elles ne connaissent les neurosciences, elles ne sont donc pas tombées dans le piège ‘cerveau responsable de la création du temps, de l'espace et des messages reçus par les cinq sens’. Le cerveau n'est qu'un objet de plus à l'intérieur du rêve, comme une table ou des chaises, un rocher ou une galaxie lointaine. Ces philosophies non dualistes ne sont pas non plus tombées dans le piège 'mental crée la réalité’. Le mental est un véhicule d'expérience, et comme le temps et l'espace, sa source est au-delà de l'expérience mentale. Si nous faisions confiance à notre mental, nous assimilerions dormir à mourir. Dans le sommeil, l'esprit conscient abandonne le monde des objets physiques solides et le temps de l'horloge. Pourtant, lorsque nous nous réveillons le lendemain, il y a retour des objets solides et de l'horloge. Ils étaient, c’est une façon de parler, laissés en attente par la conscience les huit heures par jour pendant lesquelles le mental pensant est hors service.

Au final, les philosophies non dualistes, comme le mot l'indique, visent à nous libérer du paysage onirique que nous prenons pour le monde réel afin de nous ramener à notre source. À notre source, en la pure conscience, nous nous reconnaissons non pas comme des marionnettes du temps, de l'espace, de la matière et de l'énergie mais comme des créateurs de réalité. La moindre seconde de temps est née en nous. Nous remplissons le maintenant d'expériences. C’est ce qu’implique prendre l’intemporel au sérieux ; cela transforme notre identité même. Les catégories que nous enfermons dans des compartiments distincts participent toutes d’un phénomène unifié, le déploiement de la conscience en elle-même.

Je me rends compte de la grandiosité de ces mots, mais nous devons nous éveiller au fait que la réalité est une unique chose. Le corps, le mental et l'esprit appartiennent à cette unique chose. Ils viennent à l’existence tous ensemble, et seul notre système de croyance les transforme en trois choses différentes. Il y aura encore énormément à dire quand vous aurez réalisé que vous existez en tant que source intemporelle de création. Mais la première étape est de savoir que l'intemporel est avec nous, par-delà toute croyance en la naissance et en la mort, le temps et le déclin. Les choses naissent et meurent dans nos rêves quand nous dormons, et pourtant nous ne les pleurons pas parce que nous savons que les rêves sont une illusion. Réaliser qu’il en est de même dans notre rêve éveillé apporte l'expérience que l’on nomme 'illumination’.

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À suivre...