Chapitre 4 Le Notre Père

Le Notre Père

Je parlais dans le précédent chapitre de prières qui sont si familières qu'on peut les réciter de mémoire sans effort de volonté, et en laissant l'esprit errer où il veut. Je pense que de toutes les prières, le 'Notre Père' est la plus représentative de ce fait.

On prétend que c'est la prière la plus parfaite, non seulement parcequ'elle a été donnée par Jésus lui-même, mais aussi parce qu'elle exprime tant en si peu de mots. Quelle que soit la force que peut avoir cette prière, elle est de toute façon annulée par sa récitation mécanique.

Il semblerait que dans l'esprit de milliers de fidèles, il soit attribué au Notre Père le pouvoir d'un talisman. Il a sa place dans l'organisation de la plupart des récitations de prières, par droit consacré, comme si l'efficacité d'une messe ou d'une dévotion intime en fût gravement compromise s'il devait manqué.

Qu'il soit si connu de tous et puisse être récité par cœur est une preuve de son inefficacité, causée par le manque de concentration mentale dont nous parlions. C'est fatal à toutes les prières, de la plus sublime à la plus simple. L'esprit doit être focalisé sur ce qui est dit ; l'orant doit savoir et comprendre exactement ce qu'il dit, si bien que sachant et comprenant, il peut donner une force directive suffisante à ses mots et à ses pensées.

C'est renversant, vu du monde spirituel, le nombre de gens qui s'accrochent à l'idée que la simple répétition de mots, comme dans le Notre Père, est seule nécessaire pour atteindre son but. Ce sont les mêmes qui pensent que cette prière en particulier (et d'autres du même ordre) est dotée de pouvoirs magiques. Peut-être pensent-ils que le fait qu'elle soit extraite des Écrits lui confère un atout supplémentaire qu'aucune autre prière composée par une personne ordinaire ne pourrait avoir. Et c'est ainsi que cette prière a été élevée au premier rang des 'tables d'invocations'.

Considérons maintenant le Notre Père du point de vue du monde spirituel.

Premièrement, je dirais que, de par mon expérience de cette dimension, c'est une prière que nous n'employons jamais. La raison principale en est que le sentiment qu'elle exprime ne s'applique pas ici ; L'autre raison étant que nous n'utilisons que très peu, ou même jamais, de prières obligatoires et stéréotypées.

Avant d'aller plus avant, j'affirme : quiconque ait composé cette prière, Jésus, avec sa vaste connaissance spirituelle, n'en est pas l'auteur.

Jésus aurait suggéré à ses auditeurs qu'ils prient 'de cette manière', pas nécessairement avec les même mots, mais bien de cette façon : Nous remarquons tout d'abord la brièveté. Puis nous constatons que l'ouverture de la prière est dénuée de toute adulation du Père, extravagante et excessive donc insincère, adressée à Lui en particulier. Je vous en ai déjà parlé et nous avons ici dans cette prière une ouverture idéale.

Peut-on sérieusement penser et croire que Dieu prenne plaisir à écouter la récitation d'un long catalogue de ses supposées qualités superlatives ? Je dis 'supposées' car tant de ce qui est attribué au Père s'origine dans une méconception totale. Les préambules dithyrambiques des prières sont une survivance du paganisme, quand les peuples rendaient un culte à des dieux multiples, et de tempéraments douteux.

Les 'fidèles' de ces époques lointaines attribuaient tout à leurs dieux ; les malheurs personnels et collectifs, les tempêtes et autres perturbations météo, tout découlait de la colère divine. Il était donc vital de s'adresser aux dieux avec déférence, pour les mettre de bonne humeur et les apaiser.

Ils étaient dans l'illusion qu'un dieu aime plus que tout entendre une litanie de ses propres nobles qualités. Une fois la relation établie, l'objet de la prière pouvait être abordé. Ce relent de paganisme est toujours présent, surtout parmi les tenants de l'Orthodoxie, et les auteurs des prières ont suivi cette tradition.

Le Notre Père commence par 'Béni soit Ton nom'. Ce n'est pas essentiel, on aurait facilement pu s'en passer sans dévaluer la prière.

Que ton règne vienne est une phrase qui n'évoque rien à la plupart des gens. Ils la répètent car elle est dans la prière, et donc sa valeur est du même niveau théologique que le reste. Les hommes d'église enseignent que ces mots expriment l'espoir de tous les hommes de connaître Dieu, et aussi que le royaume spirituel de Dieu s'étendra sur terre.

Les théologiens soutiendront que l'universalité du royaume de Dieu ne peut advenir que par la propagation de la religion chrétienne. Elle devient la norme de la connaissance et de l'enseignement spirituels par lesquels la terre sera gouvernée et les affaires religieuses et séculaires des peuples décidées. La vie après la 'mort' sera chrétienne, vécue dans la perfection de la vraie pensée et connaissance religieuse acquise grâce à la religion chrétienne.

Il y a quelques doutes concernant le destin des 'païens' et des 'non-baptisés', ainsi que de ceux qui communiquent avec le monde spirituel. Ces derniers sont vraiment au-delà de toute rédemption ! Comment les ecclésiastiques peuvent-ils savoir – à moins de s'être donné la peine de vérifier- que le monde spirituel n'est pas un monde exclusivement chrétien ; que ses habitants sont dans ces dimensions, qu'ils aient été chrétiens ou autres ; que personne ne s'en soucie ; que ça n'influe en rien sur leur niveau spirituel et l'accueil qu'ils reçoivent ici, et que ça ne fait pas la moindre différence quant à leurs possibilités et potentiel d'évolution et de progression spirituelles.

Comment les enseignants de l'Orthodoxie peuvent-ils savoir, s'ils ne se donnent jamais les moyens de le découvrir, que le monde spirituel contient dans ses dimensions de lumière, et aussi dans ses états supérieurs et inférieurs, des individus qui ont détenu toutes les nuances de croyances non-chrétiennes possibles durant leur incarnation ? Prier pour que la religion chrétienne se répande sur terre n'est pas forcément une bonne chose car le christianisme dogmatique contient beaucoup de contre-vérités. Cela encouragerait et soutiendrait des préceptes de vie qui sont totalement erronés de notre point de vue.

Le bilan historique de l’Église chrétienne n'est pas bon. La liste des personnes dont la vie a été violemment écourtée au nom du christianisme est longue. Le 'royaume de Dieu' n'inclut pas un enseignement religieux brutalement imposé ; il n'inclut pas de persécution religieuse ; il ne connaît pas le mot 'hérétique' : en fait, il n'inclut rien de ce à quoi les ecclésiastiques pensent quand ils espèrent la venue du royaume sur terre.

Les docteurs de l’Église croient même que le royaume de Dieu, une fois établi, amènera le renversement de Satan et qu'ainsi le péché disparaîtra de la terre. De telles croyances sont grossièrement infantiles.

Je confesse avoir cru, dans mon incarnation, à ces balivernes et les avoir enseignées. Mais ces jours sont révolus. Je suis maintenant un heureux résident du monde spirituel et je peux évaluer précisément les croyances religieuses que j'avais embrassées avant de vivre ici.

'Très bien', peut-on m'objecter, 'alors décrivez-nous précisément ce qu'est le royaume de Dieu.'

Vous me demandez d'expliquer une invention du monde terrestre. C'est à vous de me dire ce que ça veut dire. Outre ce que je vous ai dit de l'interprétation qu'en font les hommes d'église, il n'y a rien de substantiel à ajouter. Plus tard, je ferai une suggestion qui éclairera peut-être l'inter-relation de nos deux mondes, le votre et le mien, et donnera quelque substance aux mots 'Ton règne vienne'.

Ta volonté soit faite. Cette phrase brève renferme l'essence même de toute la prière car il est enseigné et cru sur terre que les prières sont exaucées ou pas du fait de la volonté de Dieu ! Il est vrai que la volonté de Dieu est évoquée en chaque occasion présentant un 'mystère' religieux. Une prière n'est pas exaucée, c'est parce que la volonté de Dieu a décidé qu'il en serait ainsi. Nous ne méritons pas qu'elle soit exaucée – c'est ce que vous dira un ministre de l'église si vous lui demandez d'expliquer pourquoi une prière offerte pour une cause méritoire n'a pas reçu de réponse.

Ta volonté soit faite sur terre comme au ciel. Ancré dans l'esprit des gens est la pensée que la volonté de Dieu est bien capricieuse. On ne peut espérer connaître ni comprendre Sa Volonté, vous diront les gens. Comment le pourraient-ils car ils en ont fait une chose si dingue ! Ils en ont fait un bouc émissaire, une explication d'une chose qui ne pourrait être comprise par d'autres moyens.

S'ils perdent la présence physique d'un être cher par sa transition précoce, alors c’est la volonté de Dieu qu'il devait quitter le plan terrestre, la volonté de Dieu qu'il devait souffrir quelque mal horrible causant son trépas. Si une personne ou tout un peuple subit une calamité, c'est la volonté de Dieu qu'il en soit ainsi.

On pourrait énumérer infirmités, calamités, malheurs, désastres etc...tous pouvant être attribués à la volonté de Dieu. Ces même gens attribuent-ils aussi à Dieu tous leurs bonheurs ? Est-ce Sa volonté qu'ils puissent jouir d'une maison confortable dans un environnement agréable, et d'une certaine prospérité matérielle ? Attribuent-ils la perfection d'un été à Sa volonté, puisqu'ils affirment que Sa volonté cause les ouragans et les tremblements de terre si destructeurs? La majorité des gens ont tendance à penser que la volonté de Dieu est unilatérale, se complaisant dans les calamités plutôt que dans le positif.

Qui sur terre connaît la volonté de Dieu ? Et pourtant les gens prient pour qu'elle soit faite sur terre comme au ciel, ce qui laisserait penser qu'ils savent au moins ce qu'est Sa volonté au ciel ?

Il est facile, face à des événements inexplicables, d'en attribuer la cause à la volonté de Dieu. On trouve quoi blâmer pour nos souffrances, mais le sens du mot 'blâmer' est bien affaibli s'il prend le masque de la volonté de Dieu. Combien de fois avons-nous entendu, s'élevant du désespoir, ce cri : ' Je suppose que c'est la volonté de Dieu et qu'il doit y avoir une raison, mais je ne comprends pas. Pourquoi moi ?'. Ce n'est pas que ces personnes se pensaient de droit à l'abri de ce genre de problèmes mais elles n'y avaient pas encore été confrontées. Leurs vies avaient suivi un cours égal, sans difficultés majeures, avec juste leur lot de petits problèmes facilement résolus. Et alors une tragédie s'abat, apparemment l'action de la volonté de Dieu, et elles sont désarçonnées. La volonté de Dieu s'est immiscée dans une vie heureuse et calme, pour quelle bonne raison impossible à comprendre ?

Et pourtant, il se peut que ces malheureuses âmes aient sincèrement prié pendant des années 'Que Ta volonté soit faite sur terre comme au ciel'. Et elles devaient penser que ces fluctuations apparentes de la volonté de Dieu étaient l'état de fait naturel et ordinaire au 'ciel', autrement elles n'auraient pas prié pour que cette volonté divine advienne. Ne serait-il pas avisé de découvrir d'abord ce qu'est la volonté de Dieu au ciel, avant de prier pour son expansion et son application sur terre ?

On m'objectera que ce n'est pas possible. Comment peut-on connaître la volonté de Dieu ? Bien, alors ne vaudrait-il pas mieux ne pas prier pour quelque chose dont nous ne connaissons ni la puissance, ni la force, ni le mode opératoire, ni même les conséquences de l'acceptation de notre demande ?

Nous voyons encore ici les résidus de paganisme dans cette confusion quant à la volonté de Dieu. Les mêmes croyances étaient entretenues par les ancêtres de l'homme sur la volonté de ses dieux. Ces dieux archaïques étaient de tempérament et caractère incertains. Ils pouvaient sourire ou se fâcher avec ou sans raison. À tout prix, on devait se les concilier car ils dispensaient joies et peines.

C'était la volonté de leur dieu que de violentes tempêtes dévastent les campagnes, que des pestes, des fléaux et des famines ravagent la terre. Ils ne pouvaient comprendre ce qui poussait les dieux à déclencher ces choses, sinon qu'ils n'auraient pas reçu suffisamment de sacrifices ou de témoignages de respect et de vénération. Si ces raisons ne pouvaient s'appliquer, alors c'était la volonté de leurs dieux qu'il en soit ainsi.

Quand un seul dieu vint à remplacer la pluralité des dieux, ces mêmes idées absurdes furent transférées au Père de l'univers. L'Orthodoxie les a gardées au sein de ses enseignements et les peuples cultivent les mêmes croyances héritées de leurs ancêtres païens.

On peut à nouveau m'objecter : 'vous êtes censé vivre dans une sorte de paradis ; peut-être pourriez-vous nous dire, grosso modo, ce qu'est la volonté de Dieu ? Le ciel que vous habitez n'est pas le ciel de la théologie ; ce n'est pas le ciel imaginé par beaucoup comme le 'paradis' – c'est peut-être même mieux. C'est peut-être un ciel qui va en fâcher ou en perturber plus d'un, ou même les révolter. Quoi qu'il en soit, votre bonheur semble être d'un ordre supérieur et ce bonheur est goûté par des millions de personnes, nous dites-vous. Parlez-nous de la volonté de Dieu.

Je peux, mais je ne peux en dire que peu pour la bonne raison qu'il y a très peu à en dire ! Ce sont les peuples de la terre, guidés et inspirés par les enseignements orthodoxes qui en ont fait toute une montagne !

Je l'ai déjà dit et le redis car comme pour tout ce qui est simple, le simple énoncé peut passer inaperçu ou alors la pleine signification peut ne pas être saisie.

La volonté du Père de l'univers est que tous les êtres vivants soient heureux. La destinée de toute l'humanité est bonheur suprême et total, ce qui se réalisera un jour, dans le monde spirituel, pour chaque âme née sur terre. Chacun a l'éternité du temps pour atteindre ce sublime état.

En attendant, chaque âme goûtera dans le monde spirituel une mesure de joie égale à sa progression spirituelle. Quand naît le sentiment que le bonheur s'affaiblit, s'émousse, alors c'est le moment de se donner les moyens de progresser sur le chemin, et ainsi de présenter à l'âme de nouvelles sources de gratification.

Le bonheur. Voilà la suprême volonté du Père du ciel et de la terre. De cette volonté de bonheur découle le souhait du bien-être de toute l'humanité, incarnée ou désincarnée. Le Père n'infligerait jamais un instant de peine à aucune âme. Mais alors, et la 'mort' ? N'apporte-t-elle pas à elle seule désolation et tristesse à des millions de personnes sur terre ? Certes, mais ce n'est pas obligé ; jamais l'intention ne fut qu'il en soit ainsi. Ce n'est pas la volonté de Dieu. N'avons-nous pas discuté de ces mots 'Bénis soient les endeuillés car ils seront réconfortés'. Il n'y aurait aucun deuil sur terre si chacun connaissait les vérités du monde spirituel et de la vie spirituelle. Si tous les hommes connaissaient et pratiquaient la communication entre les deux mondes et ainsi pouvaient parler avec leurs amis disparus et continuer naturellement à échanger comme s'ils étaient encore incarnés, si tous les hommes connaissaient cette vérité, alors les larmes de tristesse s’assécheraient.

On ne penserait plus que c'est la volonté de Dieu quand un enfant dans la fleur de l'âge est retiré à son foyer terrestre par la mort de son corps physique, laissant derrière lui désespoir et tristesse, pour se rendre, certes, vers un plus heureux état dans le monde spirituel - même si on peut se réjouir qu'un ami aimé soit parti vers une vie meilleure, la séparation causera toujours de la tristesse. Mais si, même parti vers une vie ailleurs, il n'y a pas de séparation grâce à la pratique de la communication, alors il n'y aura pas de tristesse si les canaux de communication sont ouverts. Cette erreur d'attribuer tant de choses inexpliquées à la volonté de Dieu s'origine aussi dans l'incompréhension des causes de bien des événements sur terre. Tant est attribué à la volonté de Dieu, qui revient en fait à la volonté de l'homme. Tant est attribué à la volonté de Dieu qui n'est autre que le travail des forces naturelles.

Combien ont cru pendant des siècles que les maladies du corps physique étaient une punition divine ? Combien le croient encore ? Ils s'appuieront sur le Nouveau Testament et citeront Jésus disant à un homme qu'il vient de guérir : 'tes péchés te sont pardonnés'. Dieu a consenti, pardonné aux affligés leur péché et la maladie les a quittés.

Les tempêtes et orages qui sévissent sur terre ne sont pas des 'actes de Dieu'. Ce sont des forces naturelles déclenchées par certaines conditions atmosphériques. Il n'y a aucune intervention divine.

Les guerres ne sont pas la volonté de Dieu, mais celle des hommes et uniquement des hommes. Elles ne sont pas 'envoyées' aux hommes sur terre parce qu'ils se seraient massivement mal conduits. Du Père ne peut venir que le plus haut, le meilleur, et le plus pur et la guerre est issue du plus vil, du pire et du plus dégoûtant. Le Père n'y est donc pour rien.

Si nous devions établir une liste des événements, circonstances et autres imputés à la volonté de Dieu, cette liste serait épouvantable. Elle dévoilerait non pas un Père d'amour mais un Dieu dont l'esprit est loin de la perfection qu'il est. Elle dévoilerait un personnage qui fait fi de la justice au profit de la miséricorde, grâce aux mérites tirés du sacrifice d'un tiers, ou à un plaidoyer habile. Elle révélerait un Être de mentalité douteuse et capricieuse dont aucun humain ne pourrait prévoir quand il va frapper. Il pourrait retirer la vie à quiconque en lui infligeant une maladie horrible, ou il pourrait déchaîner des tempêtes destructrices, ou des pestes répugnantes sur toute une nation. Il pourrait pousser les nations dans des guerres cruelles et barbares où les victimes se comptent par centaines de mille. Les péchés individuels et collectifs seraient punis par directe intervention divine.

Voilà ce que vous conduisent à croire les 'autorités' structurées et organisées pour diffuser les enseignements 'religieux' sur terre – et plus encore de choses qui sont tout aussi fallacieuses.

Tout ceci est si éloigné, si terrible, si déplorablement loin de la vérité de l'Être Suprême, car aucune souffrance de quelque cause ou nature, aucune tristesse ou désolation, aucun malheur, aucune affliction du corps ou de l'esprit, aucune pestilence ou maladie, aucun orage ou tempête sur terre ou en mer, aucune famine, aucune guerre, petite ou grande, aucunes de ces visitations, comme on les appelle, ne sont causées directement ou indirectement, par le Père de l'univers...

...Si les enseignements de l’Église étaient vrais, Dieu existerait dans un perpétuel état d'offense causé par le fait que l'homme est lui-même dans un perpétuel état de péché...

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Combien de personnes peuvent en toute sincérité et toute honnêteté, tandis qu'elles récitent cette phrase du Notre Père, dire qu'elles ont pardonné à ceux qui les ont offensées ? Cette phrase ferait mieux de ne pas figurer. La deuxième moitié a si peu de sens pour la majorité des gens et la première partie ne fait aucun effet sur personne – peu importe avec quelle ferveur pieuse, et avec quel espoir d'obtenir le pardon, ces mots sont prononcés.

Le Père ne peut être offensé. Il n'a aucun pardon à accorder. Il ne condamne pas. Il ne punit pas ni ne délègue à d'autres le droit ou le pouvoir de punir. Les offenses commises par la grande majorité de l'humanité sont des offenses contre les lois naturelles, les lois qui gouvernent la nature spirituelle de l'homme, et ces offenses elles-mêmes retombent sur celui qui les commet. Nous pouvons offenser notre semblable et nous pouvons – et devrions – obtenir son pardon. Alors, mettons de l'ordre dans notre condition spirituelle. Pour ce faire, nous recevrons l'aide du monde spirituel guidé par le Père de l'univers Lui-même, par l'intermédiaire de ses ministres. Nous n'offensons pas Dieu, nous enfreignons certaines lois spirituelles. Si vous vous jetiez du haut d'une paroi sans tenir compte de la loi de la gravité, vous n'auriez que vous-même à blâmer car votre corps serait violemment attiré vers le sol, au prix de multiple fractures. Vous avez enfreint la loi de la gravité mais vous n'avez offensé personne, blessé personne d'autre que vous-même. Les lois spirituelles doivent être respectées comme vous, sur terre, devez respecter la loi de la gravité, une loi omniprésente et très active.

Le morne fardeau de beaucoup de prières 'autorisées' est le quémandage perpétuel pour la pitié et le pardon des péchés de l'homme par Dieu... Je vous ai expliqué que la miséricorde et le pardon ne sont pas dispensés par le Père. L’Église continuera à penser qu'elle a raison et à insister sur ces deux points tant qu'elle n'atteindra pas quelque degré d'éveil. Au lieu de passer autant de temps à propager ces deux croyances erronées, elle ferait bien de passer ce temps précieux à prêcher et enseigner la vérité. L'Orthodoxie est aveugle et son aveuglement n'affecte pas que les ecclésiastiques qui s'en réclament, mais aussi des milliers d'âmes qui font confiance à ce que ces même ecclésiastiques leur enseignent.

Et ils arrivent donc dans le monde spirituel, à la fin de leur vie terrestre, l'esprit embrumé par l'ignorance et les fausses croyances. Dans le monde spirituel, nous redressons la barre. Nous apportons la connaissance de la vérité aux âmes brouillées par les enseignements religieux de la terre qui les ont cruellement déroutés, non pas d'un chemin de rectitude morale, mais d'un chemin de connaissance des conditions de vie dans le monde spirituel...

(redondances non traduites)

...Je vous ai relaté la terreur abjecte éprouvée par tant de gens à l'arrivée dans notre monde, déclenchée uniquement par la peur du terrible jugement qui est censé attendre les âmes après leur transition. Je vous ai aussi fait part du magistral soulagement que nous leur apportons. C'est parce que j'ai moi-même enseigné ces choses que je consacre maintenant beaucoup de mon temps dans le monde spirituel à venir en aide d'urgence à ces gens spirituellement trompés. Si seulement je ne m'étais jamais, sur terre, fait le porte-voix de ces erreurs.

Croyez-moi, c'est un sentiment pénible de découvrir que ce que l'on a enseigné avec une apparente autorité, ne contient pas une seule once de vérité. C'est plus que pénible ; c'est humiliant. Mais nous pouvons, en pleine compréhension, aller au secours des êtres qui ont subi ces enseignements et ainsi rectifier les choses non seulement pour les nouveaux arrivants mais aussi pour nous-mêmes.

Il y a trop de 'mystères' attachés aux religions de la terre, des 'mystères' que personne, ni sur terre ni dans le monde spirituel, ne peut et ne sera jamais en mesure de résoudre.

La religion est enveloppée dans d'étranges problèmes ; tant de croyances farfelues, tant de temps perdu en récitation de credos incompréhensibles qui font que la transition simple et sûre vers le monde spirituel devient un processus dangereux, à craindre et à redouter et d‘une issue incertaine... Rien n'a moins de dignité qu'un homme amené à ramper par auto-humiliation sous le poids de ses soi-disant péchés.

Je ne suggère pas que la plupart des habitants de la terre sont des saints. Loin de là. Mais le médiocre niveau spirituel alloué d'autorité par les enseignants spirituels de la terre à la plupart des personnes, est hautement abusif. L'humanité n'est pas individuellement aussi mauvaise que ce que les Églises prétendent.

L’église ne peut en juger. Nous seuls, dans le monde spirituel, sommes compétents pour évaluer l'état spirituel véritable d'un homme. Il est évident pour nous tous.

Pardonnons à ceux qui nous ont offensé. C'est vital, mais ne recherchons pas le pardon de Dieu. Il n'a rien à pardonner, il ne peut pas être offensé. Mais nous pouvons transgresser les lois spirituelles, et les ayant transgressées, nous ne pouvons demander leur pardon. Nous pouvons, par contre, nous amender et revivre en harmonie avec ces lois, plutôt qu'en défiance.

(Rappel sur l'inutilité des prières pour le pardon des 'péchés', non traduit) En arrivant dans le monde spirituel, les âmes trompées par les enseignements erronés de l’Église...découvrent qu'il est inutile de pleurer miséricorde contre l'action de la loi naturelle qu'elles ont bafouée et transgressée. Elles peuvent lancer leurs cris vers le Père mais par pour sa miséricorde. C'est inutile.

Elles peuvent, par contre, envoyer une prière de secours aux dimensions supérieures, et assistance leur sera immédiatement accordée - pas sous forme de miséricorde ni sous forme de 'pardon des péchés' - une âme qui consacre ses énergies aux personnes en détresse se présentera immédiatement à l'affligé. Ce dernier pourra soulager son esprit confus et avec l'aide de son guide verra les moyens de rédimer le terrain perdu par ses propres efforts et non grâce aux mérites ou au sacrifice d'un tiers.

Il doit seul travailler à son 'salut', mais il reçoit l'assistance dont il a besoin quant aux façons et moyens de l'accomplir. La récitation de prières et la foi qu'on leur accorde ne permettent pas à l'âme de progresser. L'opus de 'rédemption' personnelle ne peut être accompli que par la personne concernée. Le guide ne pourra offrir que réconfort et assistance amicale. C'est à lui seul de se remettre en harmonie avec les lois qu'il a transgressées, quels qu'en soient la raison et le degré. Si ses offenses concernent des tiers, alors il doit d'abord rechercher le pardon de ceux qu'il a trompés.

Ils lui pardonneront tout de suite car les inimitiés cessent rapidement dans certaines dimensions du monde spirituel. Et alors, il verra vite comment se racheter pour accéder à son héritage de bonheur. Ses erreurs passées auront été rectifiées par ses propres efforts et non par quelques pouvoirs magiques d'un sacrifice expiatoire ; par application et peut-être par dur labeur.

L’Église, malgré toutes ses prétentions, n'a rien apporté à la vérité ou à la connaissance, ni à l'assistance à l'âme dans le monde spirituel. Les prières dites pour les 'morts' se fondent sur une connaissance si défectueuse qu'elles ne peuvent en rien aider l'âme du 'disparu'. L’Église a tout raté. Et ce ratage est clair pour nous dans le monde spirituel car nous rectifions les effets sur les 'croyants' de cette multitude d'erreurs.

La plus grave méconception du Père est peut-être exprimée dans les derniers mots : Ne nous soumets pas à la tentation. Le théologien objectera qu'aucune personne saine d'esprit ne pourrait croire que Dieu soumettrait délibérément un être humain à la tentation. Mais il y a plein de personnes saines d'esprit qui y croient, et croient chacun des mots du Nouveau Testament, exactement tels qu'ils sont retranscrits dans leurs langues - des personnes qui ne seraient pas du tout d'accord avec le théologien.

Ils affirmeraient que Dieu nous induit vraiment en tentation et que si nous manquons de force spirituelle et tombons dans le 'péché' et 'mourrons non-repentis', nous serons damnés pour toute l'éternité. Et alors suivront toutes les croyances primaires et insensées qu'ils entretiennent.

Dans ce cas, le théologien a raison – Dieu ne pourrait, ne voudrait, et de fait ne mène nul individu à la tentation. Mais pourquoi alors émettre cette méchante suggestion ? Pourquoi surtout, dire une chose et penser son contraire ? Les mots en perdent leur sens. Une telle stratégie verbale ne serait jamais tolérée dans les échanges quotidiens ordinaires sur le plan terrestre – ou sur n'importe quel autre plan. Le chaos résulterait inévitablement du fait que nous persistions à dire une chose et dans le même temps, à penser son contraire. Aucune affaire ne pourrait jamais être menée si ces conditions verbales prédominaient.

Et pourtant cette relativité rhétorique dans l'usage des mots et des énoncés est tolérée pour un sujet aussi vitalement important que la prière. C'est pourtant bien dans l'élaboration d'une prière que la précision et l'exactitude sont essentielles. J'ai déjà abordé la question et fait quelques suggestions. Je souligne ici avec insistance que les théories logiques incorporées à nombre de prières sont parfaitement inutiles et complètement inefficaces. Il y a tant de mots creux qu'il vaudrait mieux les omettre. Ils servent juste à créer la confusion quant aux motivations de la prière. La récitation de credos pendant la prière est sans valeur, que ces credos soient vrais ou qu'ils soient l'énumération de doctrines fallacieuses, et à nouveau ils ne servent qu'à créer la confusion quant aux motivations de la prière.

Aucune valeur spirituelle n'est attachée à la déclaration, publique ou privée, de croyances religieuses établies et reconnues ou de sa propre composition.

C'était par le passé, la coutume des congrégations de faire ces proclamations publiques dans le but de clairement démontrer qu'elles étaient de la vraie religion et n'étaient pas contaminées par des croyances hérétiques. Ces démonstrations ostentatoires n'avaient aucune valeur spirituelle, ni alors ni maintenant.

Pour en revenir au Notre Père, l'homme d'église niera avec force que Dieu puisse induire l'homme en tentation, malgré l'énoncé contraire de la prière, mais il insinuera que Dieu peut mettre la personne à 'l'épreuve' : c'est à dire, des tribulations lui seront envoyées pour tester la qualité de son pouvoir de résistance spirituel, bien sûr ; pour parler franchement, dira-t-il, la tentation vient du 'diable' mais Dieu accepte que le 'diable' fasse sa basse besogne – et ainsi de suite du même acabit.

En se penchant sur la question, on voit que le Dieu de la théologie a posé tant de pièges aux désobéissants, a rendu la vie sur terre dans sa relation avec le monde spirituel d'une si massive complexité dogmatique, et a transformé le 'ciel' en un tel impossible lieu pieux, qu'il est bien normal de trembler à l'idée de s'y rendre. 'L'au-delà' est associé à la religion que l'on connaît ou que l'on préfère, et si on y réfléchit un peu, on se met à comparer la vie que l'on a maintenant, confortable selon nos souhaits, avec le type de vie 'religieuse' du 'ciel' décrit par l’Église. Et on se dit qu'on se sentira un peu comme un poisson hors de l'eau, vivant dans un perpétuel état de gêne parmi des gens d'un niveau de piété que l'on ne peut espérer atteindre un jour. Cette confusion dans l'esprit des hommes n'est pas le seul fait des enseignements erronés de l’Église, elle est aussi due à l'argument d'autorité.

Un pratiquant entendra régulièrement ces mots ne nous soumets pas à la tentation adressés au Père. Quel peut être le résultat ? S'il croit que Dieu, agissant ainsi en agent provocateur, peut à tout moment le soumettre à la tentation, il se fait spirituellement du mal en croyant cette calomnie. Et s'il n'y croit pas, alors en disant dans sa prière l'exact contraire, il contrevient au premier principe d'une prière réussie : la prière se doit d'être claire et exacte en mots et en pensées. Beaucoup vous diront qu'ils récitent leurs prières avec foi et sincérité, mais qu'ils ne reçoivent pas de réponse. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela, que nous allons voir maintenant.

SUITE : Chapitre 5 Prière Exaucée