Michael Tymn

Savoir si vous êtes mort

Mikael Tymn est journaliste et a écrit en quelques 50 ans, plus de 1500 articles publiés dans 50 revues. Il est à présent le rédacteur de 'The Journal for Spiritual and Consciousness Studies' et de 'The Searchlight', publications trimestrielles de 'The Academy for Spirituality and Consciousness Studies'. Il est l'auteur de sept livres, 'The Articulate Dead', 'Running on Third Wind', 'The Afterlife Revealed', 'Transcending the Titanic', 'The Afterlife Explorers', 'Resurrecting Leonora Piper' et 'Dead Men Talking'. Les cinq derniers sont publiés par White Crow Books. L'adresse de son site est : whitecrowbooks.com

Savoir Si Vous Êtes Mort par Michael Tymn

(Traduction par Françoise Capelle-Messelier)

Nombre de messages et de signes depuis le monde spirituel, nous indiquent que beaucoup d'esprits sont lents à réaliser qu'ils sont 'morts', et que certains errent dans une stupeur 'earthbound' (lié à la terre) pendant longtemps – quelque soit la façon de mesurer le temps dans cette dimension. Le phénomène a été popularisé par un film, 'Le Sixième Sens', il y a plus de dix ans - le personnage incarné par Bruce Willis ne semblait pas savoir qu'il était mort.

Emanuel Swedenborg, brillant scientifique du XVIII°siècle, qui s’entraîna à quitter son corps pour explorer les dimensions de l'après-vie, pourrait être le premier à avoir mentionné ce phénomène. Il raconte avoir rencontré des âmes, parties depuis peu et en état de stupeur, qui ne réalisaient pas qu'elles étaient 'mortes'. Cela concerne particulièrement les personnes qui ont 'nié le Divin' quand elles étaient encore vivantes dans leur corps. Quand elles en viennent enfin à réaliser qu'elles ont quitté le corps physique et qu'elles existent dans un état différent, elles sont, dit-il, 'terriblement embarrassées'.

J'ai de temps en temps discuté de ce phénomène avec des personnes qui ne croient pas en l'après-vie. En général, elles se gaussent à l'idée qu'on ne puisse pas réaliser que l'on est mort. Je leur demande alors si elles savent qu'elles sont 'en vie' quand elles rêvent pendant leur sommeil. Résulte alors un air de perplexité.

Selon nombre d'enseignements ésotériques dispensés lors de communications avec les esprits, les courants magnétiques maintiennent le corps spirituel proche du corps physique durant la vie terrestre, et perdurent jusqu'à un certain degré après la mort, selon le degré de conscience spirituelle atteint par la personne de son vivant dans la matière. Plus la conscience spirituelle de la personne est développée, plus les courants magnétiques se détruisent rapidement. À l'inverse, l'âme qui n'a pas développé une grande conscience spirituelle, sera lente à sectionner les liens magnétiques, traînant autour de sa dépouille mortelle dans une condition 'earthbound', indéfiniment, sans saisir le fait qu'elle est 'morte'.

Allan Kardec, distingué pédagogue et 'codificateur du spiritisme', né à Lyon en 1804, comparait la condition 'earthbound' à du somnambulisme, quand le somnambule, qui a été induit en état de sommeil magnétique, ne peut croire qu'il n'est pas, en fait, réveillé. Il ajoute : 'Le sommeil, selon l'idée qu'ils s'en font, est synonyme de suspension des capacités de perception, et comme ils pensent librement, et voient, ils ont l'impression qu'ils ne dorment pas.'

'L'état moral de l'âme est la condition qui détermine l'aisance, ou la difficulté, avec laquelle l'esprit se désengage de l'enveloppe terrestre' continue-t-il. 'La force du lien d'affinité entre le corps et le perispirit (le corps spirituel) est en exacte proportion à l'attachement de l'esprit à la matière ; elle est donc à son maximum dans le cas des personnes dont les pensées et les intérêts sont concentrés sur la vie terrestre et les plaisirs matériels ; elle est presque nulle dans le cas des personnes dont l'âme s'est déjà identifié à la vie spirituelle.'

Si j'interprète correctement divers enseignements métaphysiques, les 'courants magnétiques' ne doivent pas être confondus avec la 'corde d'argent', le lien reliant le corps physique au corps spirituel. La corde d'argent aura été rompue au moment de la mort physique, libérant le corps spirituel, mais les courants magnétiques peuvent continuer à maintenir le corps spirituel proche du corps physique. De plus, la crémation ne défait pas l'attraction gravitationnelle de la vie matérielle, mais elle la tempère.

'Le mental interprète le monde sensoriel et son environnement en usant de la raison, résultat cumulatif d'expériences réelles du monde matériel à quatre dimensions, placées dans un cadre mental spécifique, ou représentation du monde', avance James E. Beichler, Ph.D, professeur de physique retraité, dans son livre 'To Die For'.

Beichler pense que, quand la conscience est peu évoluée et que le mental est focalisé sur le monde matériel/physique à quatre dimensions de l'espace-temps ordinaire, ceux qui transitionnent de cette vie vers l'après-vie dans un espace-temps à cinq dimensions, non matériel mais néanmoins toujours physique, peuvent se retrouver devant une énorme difficulté, et ainsi ne pas réaliser qu'ils sont morts. Si la personne a atteint un plus haut niveau de conscience alors qu'elle est encore dans son corps matériel/physique, 'alors le mental aura déjà la mémoire de l'expérience quint-dimensionnelle et se fondra plus facilement dans son nouvel état d'être,' explique-t-il, ajoutant que le mental peut resté coincé dans la réalité matérielle à quatre dimensions, sans existence matérielle véritable, car il n'a pas de point de référence dans le monde non-matériel des plus hautes dimensions.

Autrement dit, le mental se sépare de son organe matériel/physique (le cerveau) et essaye alors de s'orienter, sur les bases d'une conscience (à la fois spirituelle et instruite du monde) qu'il a développée du temps qu'il occupait une enveloppe matérielle/physique. Si la conscience est encore plus développée, du fait de l'éveil spirituel et de la connaissance de la vraie réalité de l'existence, le mental s'éveille rapidement à sa nouvelle réalité authentique. Mais si cette conscience n'est pas très développée – encore enracinée dans le monde matériel – ce mental 'handicapé' ne s'éveillera pas rapidement et peut ne pas réaliser que le corps physique a été délaissé.

'Le complexe mental/conscience (qui survit à la mort corporelle matérielle) garde en quelque sorte son identité (la personnalité perdure) dans la cinquième dimension, du fait que l'identité, bien que physique, ne soit pas une qualité ou une quantité matérielle', dit Beischler. 'Néanmoins, à quel point ce complexe est 'conscient' de, ou 'sensible' à, sa propre existence ou son être, dépend de la conscience qu'il avait, d'une part, de ses connections quint-dimensionnelles avant la mort de son corps matériel quatre-dimensionnel et, d'autre part, de ce que le mental identifiait comme 'soi' quand le corps vivait et fonctionnait encore.'

Il apparaît qu'il existe de multiples degrés d'éveil et de conscience dans le monde spirituel et beaucoup d'âmes passent et repassent le seuil de conscience, comme la plupart d'entre nous en regardant un bon film. Nous sommes si impliqués dans les émotions éprouvées par les acteurs que nous en oublions temporairement que ce n'est pas réel. Nous pouvons même sortir du film en continuant à ressentir les émotions, bien que nous soyons de retour dans le monde réel. En fait, notre conscience est partiellement dans ce monde et partiellement dans le monde irréel projeté sur l'écran. Je peux me souvenir d'avoir été si captivé, il y a quelques années de ça, par la série télévisée '24', que je me suis assuré, alors que j'étais en voyage, que je serais de retour à l’hôtel à temps pour voir ce qui arriverait à Jack Bauer, la star de la série. Je me répétais que ce n'était pas réel et que je ne devrais pas m'en préoccuper mais l'irréel m'était quelque peu réel en dépit de ma rationalisation.

Nous vivons dans un monde paradoxal, le plus grand paradoxe est que l'irréel est devenu le réel, et le réel, l'irréel. Voyez, les acteurs de cinéma – des gens qui prétendent être des gens réels – ils sont célébrés comme des dieux simplement parce qu'ils sont bons à prétendre, un trait normalement négatif, tandis que les vrais gens qu'ils prétendent être ne sont pas reconnus. Voyez aussi les athlètes, guerriers d'opérette, ils sont plus admirés et fêtés que les vrais guerriers. Une médaille d'or aux jeux olympiques a plus de valeur que la médaille gagnée sur le champ de bataille. On se rappelle plus longtemps un joueur qui se jette sur le ballon au Super Bowl, qu'un soldat qui se jette sur une grenade pour sauver des vies. Ironiquement, même le vrai guerrier est inconscient du paradoxe, et on voit souvent des hommes en uniforme faire la queue pour obtenir un autographe des guerriers d'opérette. Les vrais guerriers rendent hommage aux guerriers d'opérette. C'est pas dingue ?

De même que ce conflit entre mental et conscience (mind and consciousness) peut avoir lieu dans le monde physique, il peut se continuer dans le monde spirituel, tandis que nous bataillons avec l'attraction de l'univers matériel. Je soupçonne que la majorité des esprits dans cet état d'entre-deux, fluctuent, passent et repassent le seuil de conscience, tantôt 'earthbound' et tantôt libres des liens d'attraction. Néanmoins, ceux qui étaient exclusivement préoccupés d'eux-mêmes et matérialistes durant leur vie terrestre, peuvent passer du temps dans un mauvais rêve ou même un cauchemar, sans beaucoup de fluctuation.

Le modèle de Beichler permet d'expliquer de nombreuses caractéristiques et propriétés des NDE (NdT expérience de mort imminente aussi appelée expérience de mort transitoire). Par exemple, remarquant que tous les sujets ne sont pas soumis à une 'past-life review' (bilan de vie), il conclut que ceux qui ont une conscience hautement développée – la personne qui a cultivé le développement de l'esprit – peut ne pas en avoir besoin puisqu'elle aura sans doute analysé sa vie déjà de son vivant dans le corps. A l'autre extrême, il y a tous ceux qui, insuffisamment avancés dans leur évolution de conscience, ne pourraient tirer un quelconque profit d'une 'life-review', ou encore tous ceux qui n'accepteraient pas une 'life-review' car ils nient leur mort et n'éprouvent rien. 'Autrement dit, l'esprit des personnes se fixe sur le plus familier quand ils pénètrent dans le nouvel environnement de l'univers quint-dimensionnel,' écrit Beichler, 'mais ils peuvent rejeter l'expérience totalement, selon leur état d'esprit et leurs priorités mentales au moment de la mort.'

Le fin mot semble être que plus vous comprenez le monde spirituel et les questions spirituelles dans cette vie-ci, mieux vous vous débrouillerez au premier abord dans cette vie-là. Au moins, vous comprendrez que vous n'êtes plus de ce monde.