"Survivre à la mort" ne veut pas dire pour moi "se fondre de façon impersonnelle dans la pure conscience" ou "devenir un avec la conscience universelle". Du moins, pas immédiatement! S'il en était ainsi, nous perdrions toute individualité.
Non, la question porte sur la survie individuelle - une existence post-mortem où les caractères singuliers, les souvenirs, la mémoire, les émotions, l'amour que l'on a ressenti, perdurent, au moins un certain temps; les communicants depuis l'autre dimension nous affirment tous que nous serons réunis aux êtres aimés, que ceux-ci nous attendent et nous accueilleront le moment venu. L'amour nous unit, nous intrique - nous sommes une seule âme, notre essence est insécable. C'est cette certitude qui rend la perte de l'être aimé supportable puis acceptable.
Aucun dogme, ni religieux, ni scientifique matérialiste - qui assène que toute matière existante et tous phénomènes, y compris la conscience, sont réductibles aux seuls processus physiques - ne permet de répondre à ce questionnement universel sur l'état de la conscience ou de l'esprit après la mort physique. Ce questionnement revêt maintenant un caractère d'urgence. Si nous pouvions développer une vue de ce qu'est l'après-vie, de sa réalité basée sur des faits, nous adopterions tous une attitude plus compassionnelle, un mode de vie plus éthique où la seule recherche du profit au détriment d'autrui, les haines et les massacres ne seraient plus possibles.
Nous situer dans notre éternité, savoir au plus profond de notre être que nous sommes une conscience éternelle, faisant une expérience temporelle transitoire dans cette dimension matérielle, donne tout son sens à ce passage physique et à ses épreuves - qui ne durent que le temps d'un battement de cil à l'échelle de notre éternité.
Si nous vivions ce passage en connaissance de son intention profonde, nos peurs, nos contrariétés, nos inimitiés, notre peine, s'en trouveraient remises en perspective. Et si le départ de l'être aimé, par la douleur extrême et la souffrance causées, nous pousse à chercher du sens et nous ouvre à cette connaissance, alors la tragédie devient initiatique.
Et peut-être même, n'est-ce qu'une partie de notre conscience de veille qui fait actuellement cette expérience physique ? La séparation de l'être aimé n'est peut-être qu'une illusion causé par la focalisation - le faisceau rétréci de notre conscience de veille - sur cette dimension physique. Les expériencers de NDE, de sorties hors du corps, et autres expériences de conscience élargie, nous apportent bien la preuve que notre perception de veille n'est pas la seule possible et que la réalité que nous appréhendons avec nos cinq sens et nos instruments scientifiques, n'est pas la seule existante. Les voyages shamaniques et les états de rêves lucides pointent vers l'existence de dimensions non-matérielles du réel.
Nous sommes des êtres multi-dimensionnels dans un multivers, pas après, pas plus tard, mais dès à présent.
La nature de la conscience est insondable dans son immensité, cessons de l'étriquer et de la réduire à sa projection 3D dans notre dimension matérielle actuelle.
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Je reviens sur la question portant sur la nature de la conscience qui survit à la mort - à savoir, l’âme conserve-t-elle son individualité ou se fond-t-elle dans une sorte d’union avec la Source et donc perd-elle son individualité?
L’abondance de communications depuis l’au-delà sur la nature de l'esprit témoignent que nous nous éveillons de l'autre côté égals à nous-mêmes. Nous ne sommes pas tout à coup transformés en un être omniscient, ou totalement dépersonnalisé. De plus, nous le savons, il y a beaucoup de sphères, de plans, ou niveaux vibratoires dans la vie après la transition. Mais la question demeure : perdons-nous peu à peu notre individualité au fur et à mesure de notre progression spirituelle. Si tel est le cas, la survie de la conscience individuelle à la mort ne sert-elle qu’à son agrandissement jusqu’au moment plus lointain de son oblitération ? La perspective de la perte de notre individualité appelle la question fondamentale ‘qui suis-je’? Sommes-nous juste une illusion qui s’échine à se perpétuer dans un incessant discours mental ? Devenons-nous rester identiques à ce que nous pensons être pour perdurer ?
Silver Birch, nom pris par une intelligence de groupe unifiée et maître spirituel qui a transmis ses enseignements par l'intermédiaire du médium Maurice Barbanell s’exprime ainsi : ‘’Tout progrès spirituel tend vers l'augmentation de l'individualité. Vous ne vous individualisez pas moins, mais au contraire vous vous individualisez toujours plus. Vous développez des dons cachés, vous acquerrez une plus grande connaissance, votre personnalité devient plus forte, de plus nombreux aspects du divin s’expriment à travers vous. Le Grand Esprit est infini, il y a donc un développement infini à réaliser. La perfection n’est jamais atteinte, mais un effort constant tend vers elle. Vous ne vous perdrez jamais. Ce que vous réussissez à faire, c’est de vous retrouver.’’ *
Silver Birch poursuit en disant que de telles conditions sont au-delà du langage humain et que nous ne pouvons pas les comprendre tant que nous n’en avons pas l’expérience. ‘’Vous ne perdez pas votre individualité dans un océan de plus grande conscience, mais la profondeur de l'océan s’inclut dans votre individualité’’. *
C’est bien une individualité que je comprends au sens jungien du terme d’individuation qui en se réalisant de plus en plus n’exclut pas l’univers, mais bien au contraire l’inclut sans individualisme ni fixation à l'égo, qui en sont l’antithèse. ‘’L’individuation ne consiste en aucun cas à devenir l'ego – on serait alors un individualiste. Et qu’est ce qu’un individualiste, sinon un homme qui n’a pas réussi son individuation’’, nous dit Jung. Précisons néanmoins que l’ego n’est pas un ennemi à abattre, il est une instance importante dans le processus d’individuation qui doit entrer en relation avec le Soi. L’individualité est plus fluide mais l’ego reste l’instance qui permet l’expérience de participation au tout.
Ce qui vaut pour ce côté-ci de la vie vaut pour l’autre, sans aucun doute. Nous sommes dans un continuum.
Frédéric WH Myers, l'un des pionniers de la parapsychologie, communique après sa mort en 1901 via plusieurs médiums. Il transmet qu'il appartient à une ‘âme de groupe’, uni par des liens communs. ‘’Nous sommes tous distincts bien qu’influencés par d'autres membres de notre communauté se trouvant dans différents plans d’existence’’ dit-il via la medium Geraldine Cummins. *
Il partage les expériences de son âme de groupe tout en conservant la perception de son identité individuelle : ‘’Il n’est pas nécessaire de revenir sur terre pour accumuler les multiples expériences de vies et de connaissances. Nous pouvons en obtenir les bénéfices en participant à la vie de notre âme de groupe. Beaucoup d’âmes y participent et elles peuvent se déployer dans le passé, le présent et le futur... grâce à notre existence commune je perçois et ressens l’expérience terrestre d’un moine bouddhiste, d’un marchant américain, d’un peintre italien, et si j’assimile les vies ainsi vécues, je m’économise le besoin de les vivre moi-même dans ma chair. Vous comprendrez à quel point le pouvoir de l’esprit, du mental et des perceptions, est augmenté quand vous vous intégrez au grand soi. Vous conservez votre identité et votre individualité fondamentale. Mais vos forces de caractère et vos forces spirituelles s’en trouvent considérablement agrandies. Vous recueillez la sagesse des siècles. Il affirme ‘’quand vous vous unissez à dieu, l’individualité est conservée : cette union à la grande source de l’esprit ne signifie pas l’annihilation. Vous existez toujours en tant qu’individu. Vous êtes une vague dans l’océan, et vous pénétrez enfin la réalité’’.
Charles Leadbeater apporte ce témoignage de ces expériences de sorties hors du corps : ‘’Cette expérience produit un énorme élargissement de conscience qui permet de ressentir notre unité avec les autres... et malgré cette étrange percée il ne se produit aucune perte du sens de notre individualité, bien qu’il y ait perte totale du sens de séparation...’’
Allan Kardec, ainsi que Swedenborg, pensent que l’esprit conserve son individualité.
William Stainton Moses, prêtre anglican ayant développé des capacités médiumniques, nous rapporte la réponse de l'âme de groupe, connue sous le nom Imperator, à sa question sur ‘’l'absorption dans la source de la vie’’ - tout en précisant que l’idée d’absorption le rebute. Imperator lui rétorque qu'aucun esprit limité ne peut saisir l’existence dans les royaumes supérieurs. ‘’Baisser vos yeux que vous ne soyez aveuglés, faites-nous confiance, les connaissances acquises au cours du périple de la vie dans tout son déploiement compenseront largement la peine d'avoir vécu’’. *
* citations extraites d’un post de Michael Tymn.
Voici deux descriptions convergentes transmises depuis la plus haute sphère à Emily French et à Edward Randall respectivement.
Dans la dernière sphère l’esprit garde son individualité mais chacun a atteint une telle grandeur et plénitude que tous s’harmonisent, réalisant ainsi une grande et magnifique totalité.
On nous enseigne que les esprits résidant dans la sphère d’exaltation ne perdent pas leur individualité... ils sont devenus si grands et universels que nous pourrions penser qu’ils devraient perdre leur personnalité mais nous savons absolument, et c’est une connaissance partagée, qu’ils ne la perdent pas. Il est difficile de comprendre ce qu’est cette dernière sphère car son développement est tellement au delà de notre compréhension.
Je conclurai en citant à nouveau Jung, homme universel, un des très grands penseurs du XXième siècle, pionnier dans bien des domaines : “l'homme doit pouvoir dire qu'il a fait de son mieux pour se former une idée de la vie après la mort, ou s'en créer une représentation - même s'il doit reconnaître son échec. C'est gâcher sa vie que ne pas le faire... il vivra mieux, se sentira mieux et sera plus en paix avec lui-même et autrui. Pour cette raison, le développement spirituel a toujours été pour moi de la plus haute importance."
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La perte d’un être cher - la perte du corps physique d’un être cher, devrais-je dire, est une épreuve des plus terribles. Leur présence physique, leur voix, leur tendresse nous manquent.
Cette douleur crucifiante paradoxalement peut nous servir à défaire l’illusion de la mort, à réaliser que l’être cher est beaucoup plus qu’un agrégat de peau, d’os, de muscles, etc... le corps meurt et l’essence indestructible - âme, esprit ou conscience - transitionne vers une autre dimension de réalité.
De plus en plus de scientifiques, d’universitaires, quelques médecins (surtout cardiologues) reconnaissent que la preuve scientifique de la survie de la conscience après la mort du corps physique a été apportée. En effet, les milliers d’expériences en laboratoire, très encadrées selon un protocole rigoureux, menées par des chercheurs en mécanique quantique, en physique, en biologie, en neurosciences, pointent vers la réalité scientifique de la survie de la conscience dans une après-vie, indépendamment de toute croyance religieuse.
Cependant il est nécessaire de mentionner que les théories de la médecine et des neurosciences ‘mainstream’ sont encore solidement accrochées à des représentations matérialistes de la conscience qui découlent de l’hypothèse que celle-ci est fabriquée par le cerveau et en dépend. Il n’existe pourtant aucune preuve scientifique qui validerait ce parti pris.
Dans The New Science of Consciousness Survival, le docteur en électrodynamique quantique Alan Hugenot écrit : ‘Pour un scientifique, accepter que les phénomènes psy sont des aspects de la réalité dont nous ne savons que peu de choses, est une preuve d’honnêteté intellectuelle. Un scepticisme scientifique sain, en permettant un examen intègre des données scientifiques recueillies au cours de recherches paranormales rigoureuses, mènera à de nouvelles découvertes. Un questionnement ouvert et sans aprioris nous permettra de découvrir de nouvelles lois physiques au-delà des limites du paradigme newtonien’.
Les NDE, les expériences de mort partagée, les expériences hors du corps, les visions au lit du mourant, les études scientifiques des phénomènes anomaux et paranormaux, la médiumnité, les manifestations de poltergeist, le remote viewing, la lucidité terminale, parmi d’autres, sont autant de faisceaux convergents de l’existence d’un champ de conscience non physique hors de la réalité visible ; le physicien nord-irlandais John Bell propose dans les années soixante le principe d’une expérience qui a récemment démontré scientifiquement que notre monde est bien non-local. (voir https://www.pourlascience.fr/sd/physique/lintrication-quantique-confirmee-par-une-experience-de-bell-sans-faille-12185.php). David Bohm postulait que ce champ invisible (holomouvement ou ordre impliqué) de conscience non-physique est la matrice sur laquelle l’ordre explicite de la réalité visible se manifeste en continu. ‘Notre défi est de trouver, grâce à une recherche scientifique rigoureuse, comment nous interagissons avec cette matrice de conscience’, écrit Alan Hugenot.
L’illusion de la mort n’existe que parce que nous nous identifions à notre corps physique ; nous sommes formatés par le paradigme culturel matérialiste dominant qui prêche que la conscience, simple épiphénomène des réactions chimiques du cerveau, périt avec lui (voir ‘le manifeste pour une science post-matérialiste’ https://sites.google.com/site/recueildetextessurlapresvie/chercheurs-et-apres-vie/b-manifeste-pour-une-science-post-materialiste ). La conscience est. Elle existe autant hors du corps que dans le corps, elle est non-locale.
La vie est éternelle mais ses diverses manifestations sont impermanentes. Cet événement peut être l’occasion de former une relation plus profonde avec l’âme de la personne.
Où est-elle? Elle se trouve juste à côté de nous, à une pensée de distance. La conscience n’est contrainte ni par le temps, ni par l’espace. ‘Toutes les dimensions sont au même endroit – ceci est l'Acte d'Amour ultime. Après la transition, on est instantanément réuni à ceux restés sur Terre, mais ils ne le voient pas. Ils sont littéralement aveuglés par leur chagrin. Nous voulons qu'ils ouvrent les yeux et voient que nous sommes vivants, et que nous sommes plus que jamais vivants !’ dit Hans Bender lors d’une transmission via le medium physique Kai Mugge.
Vous pouvez ressentir par moment une présence, des picotements, un mouvement d’air froid ou une vague de chaleur, une sensation de ‘toile d’araignée’ sur le visage, des frissons vous parcourent des pieds à la tête, tous sont des signes très subtils de la présence de la personne. J’écrivais dans mon post de 06/2017 : ‘Retirez tout l'espace dans tous les atomes qui composent le corps et la quantité de matière solide tiendra sur une tête d'épingle. Ce qui nous sépare des êtres désincarnés est juste cette tête d'épingle!’ Penser ainsi réduit considérablement la distance qui semble nous séparer des autres dimensions et relativise l’apparente solidité compacte de la matière.
Au cœur du chagrin et de la souffrance il est possible d’être heureux pour l’être cher. Certaines cultures ancestrales qui acceptent que la vie est éternelle et ses manifestations impermanentes, se réjouissent de la transition de l’âme vers la prochaine étape de son parcours d’éternité. Elles savent que la séparation n’est qu’illusoire et momentanée. Personne ne meurt, juste le corps physique.
De plus, nous serons réunis le moment venu aux êtres aimés ; l’amour nous intrique.
Bien sûr, ni le chagrin ni la douleur ne disparaîtront instantanément - nous sommes humains - mais, ayant connaissance de ces preuves, ils se feront plus supportables car pourvus de sens. La souffrance peut devenir un enseignement si nous le choisissons. Il est salutaire de toujours se demander à quoi sert une épreuve, dans l’intention d’en sortir par le haut, résilient et agrandi, acteur de notre expérience et non victime d’un sort apparemment injuste et aveugle.