L'univers mental - La seule réalité est l'esprit et les observations, mais pas les observations de choses. Pour voir l'Univers tel qu'il est réellement, nous devons abandonner notre tendance à conceptualiser les observations comme étant de choses.
The mental Universe - Richard Conn Henry, professeur au département de physique et d'astronomie Henry A. Rowland, Université Johns Hopkins, Baltimore, Maryland 21218, États-Unis.
Historiquement, nous avons fait appel aux chefs religieux pour comprendre le sens de nos vies et la nature de notre monde. Cela change avec Galileo Galilei. En démontrant que la Terre tourne autour du Soleil, Galileo a non seulement réussi lui-même à croire à l'incroyable, mais en a également convaincu quasiment le reste du monde. Ce fut une fantastique réussite de ‘vulgarisation de la physique’ et par la suite grâce aux découvertes d'Isaac Newton, la physique a égalé la religion dans sa tentative d’expliquer notre place dans l'Univers.
La révolution en physique de ces 80 dernières années n'a pas encore pareillement réussi à transformer la compréhension du grand public. Cependant une bonne compréhension de la physique était déjà accessible à Pythagore. Selon Pythagore, ‘le nombre est tout’ et les nombres sont mentaux, et non mécaniques. De même, Newton a appelé la lumière ‘particules’, conscient que le concept est une ‘théorie efficace’ - utile, mais non vraie. Comme l’a noté le biographe de Newton, Richard Westfall: ‘La cause ultime de l'athéisme, a affirmé Newton, est ‘cette notion de corps ayant, pour ainsi dire, en eux-mêmes une réalité complète, absolue et indépendante’. Newton connaissait les anneaux de Newton et n’était nullement perturbé par ce que l’on nomme superficiellement la ‘dualité vagues/particules’.
La découverte de la mécanique quantique en 1925 a résolu le problème de la nature de l'Univers. Des physiciens brillants ont de nouveau été amenés à croire l'incroyable - cette fois, que l'Univers est mental. Selon Sir James Jeans ‘le flux de connaissances se dirige vers une réalité non mécanique; l'Univers commence à ressembler plus à une grande pensée qu'à une grande machine. L'esprit ne semble plus être un intrus accidentel dans le domaine de la matière ... nous devrions plutôt le saluer en tant que créateur et gouverneur du domaine de la matière’. Mais les physiciens n'ont pas encore marché dans les pas de Galilée et réussi à convaincre tout le monde des merveilles de la mécanique quantique. Comme l'explique Sir Arthur Eddington ‘Il est difficile pour le physicien factuel d'accepter l'idée que le substrat de toute chose est de nature mentale’.
Dans sa pièce Copenhagen, qui fait découvrir la mécanique quantique à un plus large public, Michael Frayn prête ces mots à Niels Bohr: ‘nous découvrons que ... l'Univers existe ... uniquement grâce à la compréhension logée à l'intérieur de la tête de l’être humain’. L’épouse de Bohr lui répond, "cet être humain que vous avez placé au centre de l'Univers - est-ce vous, ou est-ce Heisenberg?’. C'est ce qui reste en travers de la gorge des physiciens ‘factuels’ d'Eddington.
Discutant de la pièce, John H. Marburger III, conseiller scientifique du président George W. Bush, observe que ‘dans l'interprétation de Copenhague de la nature microscopique, il n'y a ni ondes ni particules’ mais il recadre ensuite ses propos en termes de ‘sous-jacent‘ inexistant. Il souligne qu'il n'est pas vrai que la matière ‘se comporte parfois comme une onde et parfois comme une particule ... L'onde n’est pas dans le tissu sous-jacent, mais dans le pattern spatial des clics du détecteur ... Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser aux clics comme étant causés par de petits morceaux de choses localisés que nous pourrions aussi bien appeler des particules. C'est de là que vient le terme de particule. Cela ne vient pas de la chose sous-jacente, mais de notre prédisposition psychologique à associer des phénomènes localisés à des particules’.
Contre la ‘chose sous-jacente’ il y a eu de multiples tentatives pour préserver un monde matériel - mais elles ne produisent aucune nouvelle physique et ne servent qu'à entretenir une illusion. Les scientifiques ont malheureusement laissé le soin au non-physicien Frayn de remarquer que l'empereur est nu : ‘il me semble que le point de vue que [Murray] Gell-Mann privilégie, et qui implique ce qu'il appelle des ‘histoires’ ou des ‘récits’ alternatifs, est précisément aussi anthropocentrique que celui de Bohr, car les histoires et les récits ne sont pas des éléments autonomes de l'Univers mais des constructions humaines, aussi subjectives et aussi restreintes dans leur point de vue que l’est l'acte d'observation.
Les physiciens craignent la vérité car la vérité est totalement étrangère à la physique courante. Une façon courante d'échapper à l'Univers mental est d'invoquer la ‘décohérence’ - la notion que ‘l'environnement physique’ est suffisant pour créer la réalité, indépendamment de l'esprit humain. Pourtant, l’idée selon laquelle tout acte d’amplification irréversible est nécessaire pour réduire la fonction d’onde est fausse: dans les expériences de type ‘Renninger’, la fonction d’onde s’effondre tout simplement quand l’esprit humain ne voit rien. L'Univers est entièrement mental.
Au Xe siècle, Ibn al-Haytham a lancé l'idée que la lumière provient d'une source, pénètre dans l'œil et est alors perçue. Cette image est incorrecte mais la plupart des gens persiste à la croire, y compris la plupart des physiciens, à moins d'être poussés dans leur retranchement. Pour se réconcilier avec l'Univers, nous devons abandonner de telles vues. Le monde est de la mécanique quantique: il faut apprendre à le percevoir comme tel.
L'un des bénéfices à amener l'humanité vers une perception correcte du monde réside dans joie qui résulte de la découverte de la nature mentale de l'Univers. Nous n'avons aucune idée de ce que cette nature mentale implique, mais - et c’est là le principal - c'est vrai. Au-delà de l'acquisition de cette perception, la physique n’est plus d’aucun service. Perdez-vous en solipsisme, recourez au déisme ou à toute autre chose que vous pourriez justifier - n’appelez pas la physique à l’aide.
Il y a un autre bénéfice à voir le monde comme une mécanique quantique: quelqu'un qui a appris à accepter que rien n’existe hormis des observations est loin devant ses pairs qui bidouillent avec la physique dans l’espoir de découvrir ‘ce que sont les choses’. Si nous réussissons ‘un Galileo’ et amenons les gens à croire en la vérité, ils trouveront alors que la physique est un jeu d'enfant.
L'Univers est immatériel - mental et spirituel. Carpe diem