Yvan

Soldat russe, prisonnier des Allemands puis résistant. Yvan Terechov a connu un destin extraordinaire qui l'a mené jusqu'à Xhoris. - un exemple parmi d'autres -

Alexandrovich Yvan Terechov

décédé récemment

Il a oublié certains détails mais, à 89 ans, Alexandrovich Yvan Terechov a toujours en mémoire son passé de maquisard condrusien.

Dans quelles circonstances êtes-vous arrivé en Belgique?

Je vivais en URSS. Et quand les Allemands nous ont attaqués, j'ai été appelé à combattre dans l'armée russe. J'étais chauffeur d'un camion-mitrailleur. Lors de l'attaque des Nazis, j'ai participé à des combats en Ukraine. On a été fait prisonniers. J'ai été emmené dans les camps de travail. D'abord en Allemagne, puis plus tard en Belgique où je travaillais dans les mines de Flandre.

Comment avez-vous réussi à vous évader?

J'avais bien préparé mon coup et je n'en avais parlé à personne. J'ai volontairement cassé les lunettes. Je suis allé voir un garde. Il était assez gentil; ça devait sans doute être un Flamand... Je lui ai fait comprendre «lunettes kaput». Il m'a indiqué un endroit où je pouvais les faire réparer et m'a laissé passer. J'en ai profité qu'à cet instant, il y avait une colonne d'ouvriers flamands qui entraient. J'ai changé de file et je me suis retrouvé libre.

Et de fil en aiguille, vous êtes arrivé à Ferrières...

Oui, je ne me souviens plus très bien comment. Je me cachais dans les bois puis j'ai retrouvé d'autres camarades russes. J'ai travaillé dans une ferme. Je logeais dans les foins... Puis on m'a mis en contact avec un réseau de résistance.

Pourquoi vouliez-vous faire de la Résistance?

Il fallait mettre les Allemands dehors. Ça ne me faisait pas plaisir mais il fallait bien... J'éprouvais de la haine envers eux et encore maintenant. Ils ont tué ma maman et mon frère sans raison...

Comment avez-vous été accueilli par les Belges?

C'était très bien organisé. Ici à Ferrières, l'Armée Secrète s'est bien occupée de nous, notamment Georges Laurent. Au début, on a été avec d'autres Russes, hébergés dans une cabane dans les bois. Puis, on nous a logés dans des familles des villages. On changeait toutes les semaines de lieu. J'ai même reçu des papiers d'identité de la commune de Ferrières. Je m'appelais Gilles Gilson. Mais heureusement que je n'ai jamais été arrêté car je ne parlais pas encore le français...

Vous étiez plusieurs ressortissants russes?

Oui, nous étions une vingtaine. Il y avait aussi des Polonais, des Yougoslaves... On a eu aussi à un moment donné deux pilotes américains d'un avion qui avait été abattu dans les environs. Ils sont restés quelques jours sous notre protection. Par la suite, je suis allé dans le Front de l'Indépendance à Aywaille.