Mission Citronelle

En mars 1944, le BCRA de Londres prend la décision de parachuter en Marne une mission dite Citronnelle destinée à former dans les Ardennes l’ossature d’un maquis dont le rôle était d’occuper le terrain et de faciliter le franchissement de la Meuse aux armées alliées. Cette fameuse mission Citronnelle, par les références de son encadrement, est parachutée le 12 avril sur un terrain proche de Mourmelon. Son chef est le commandant Paris de la Bollardière, dit Prisme. Il avait été gravement blessé à Bir Hakeim (Libye) en mai 1942. Début 1944, il s’est porté volontaire, pour être parachuté en France et y prendre le commandement d’un maquis d’une centaine d’hommes susceptibles d’effectuer des missions particulières dans le massif ardennais. Il était accompagné du lieutenant américain Layton, dit Victor, chargé des questions d’armement, et de l’aspirant Gérard Brault, dit Pierre. Ce dernier, condamné à mort par les Allemands, était parvenu à s’évader et à gagner Londres, où il s’est porté volontaire pour faire partie de la mission Citronnelle. Il était spécialiste radio et avait été auparavant un des radios de Jean Moulin. Citronnelle rejoint les Ardennes huit jours plus tard et s’installe dès le 20 avril non loin de Renwez. Les chefs de secteur de la Résistance lui envoient rapidement de tout le département, les premiers contingents lui permettant de constituer le maquis. Fin avril l’effectif est d’une trentaine d’hommes soigneusement sélectionnés dont de nombreux douaniers. Début juin, de nouveaux cadres, officiers et sous-officiers, rejoignent le maquis qui compte maintenant plus de cent volontaires vivant en forêt avec les problèmes de vie matérielle (nourriture, camouflage, sécurité du site) que l’on imagine, en plus de ceux des missions de guerre qui leur sont confiées. Le logement se fait par groupes de six sous des toiles de parachutes. Le maquis est maintenant installé au lieudit Les Hauts Buttés, près du ruisseau des Manises, entre la Petite Commune et la route de Ravin. Notre commandement est relié à Londres par des liaisons radio qui lui sont propres. Il jouit ainsi d’une autonomie qui facilite en particulier son équipement et son armement. Le maquis prend alors le nom de guerre de son chef et la dénomination Citronnelle disparaît. On ne parlera plus que du maquis Prisme. Il dispose de deux terrains de parachutage. Le premier, appelé Bohémien, est situé près des Hauts Buttés. Il avait déjà été utilisé dès septembre 1943, pour une première opération au bénéfice de la résistance ardennaise. Le second est Astrologie, établi sur un plateau non loin de la Croix Scaille, près des vieux Moulins de Thilay. Le maquis vit âprement, mais vaillamment. Ainsi une mission importante a été remplie en maintenant en alerte et en retenant pendant plus de quatre mois d’importantes forces allemandes.

André Patureaux Alias Charlot au maquis - Matricule n° 21 BCRA (Bureau central de Recherche et d’Action)

5 515/ Civil dirigé par le colonel Passy