Justes parmi les Nations

Le village ardennais des Mazures a abrité de juillet 1942 à janvier 1944

le seul Judenlager de la région.

Emile Fontaine, sa compagne Annette Pierron et la mère de celle-ci, Camille Pierron,

sont Justes parmi les Nations pour avoir sauvé des Anversois ayant refusé de se laisser conduire à la mort.

C’est en juillet de l’année 1942 que les autorités nazies décident de transférer dans cette clairière de la forêt ardennaise près de 300 Juifs d’Anvers . L’Organisation Todt les utilise pour produire du charbon de bois dont les sacs, acheminés en camions jusqu’à la gare de Revin, sont ensuite expédiés vers le territoire du Reich - la pénurie énergétique oblige les autorités nazies à avoir recours au vieux système du gazogène pour économiser les carburants habituels. Les déportés sont installés dans un premier temps dans les bâtiments abandonnés de la fonderie Hénon, puis doivent aménager leur lieu de détention, achevé en septembre. L’ensemble, placé sous la surveillance de S.S. et de gardes de l’Organisation Todt, est délimité par une clôture de barbelés et un fossé ; le long des deux grands côtés de l’espace rectangulaire se dressent les 6 baraquements des déportés, de part et d’autre de la place d’appel ; un corps de garde flanquait l’entrée ; enfin, un peu à l’écart, les fours de fabrication du charbon de bois. D’après le témoignage d’un volontaire revinois travaillant pour l’Organisation Todt, « les baraquements faisaient environ 20 mètres de longueur sur 7 à 8 de largeur » ; le travail forcé représente jusqu’à 12 heures par jour .Dans la nuit du 23 au 24 octobre 1942, les nazis procèdent à un tri parmi les déportés ; plus de la moitié, des Juifs non belges qui sont venus trouver refuge et travail à Anvers, sont transférée vers Malines, puis par le convoi XV vers Auschwitz-Birkenau : les autorités nazies accordent dès lors la priorité à la mise en œuvre de la Solution finale aux dépens des impératifs économiques

Le camp est brusquement vidé de ses occupants dans la nuit du 4 au 5 janvier 1944 ; les internés sont alors descendus en camion jusqu’à la gare de Charleville ; ils rejoignent les rangs d’autres Juifs qui viennnent d’être raflés dans le département, des Ardennais mais aussi des travailleurs des colonies agricoles de la W.O.L ; entassés dans des wagons à bestiaux, ils gagnent ensuite le camp de Drancy, avant d’être acheminés à Auschwitz par le convoi 66

Sur les 288 internés juifs des Mazures, 237 moururent en déportation, à Auschwitz-Birkenau, dans d’autres camps (Dachau, Buchenwald,…) ou pendant les marches de la mort ; deux évadés sont repris et fusillés par les Allemands : au total, 83 % de Anversois du Judenlager … Quant à leurs femmes (103) et leurs enfants (124), raflés à Anvers, ils sont tous exterminés, à une seule exception Aux Mazures, le Judenlager a laissé place au terrain de football de la commune. Seul un petit mémorial, initiative privée, en rappelle sobrement le souvenir. En 1946, douze déportés des Mazures apposèrent une plaque d'hommage en la Mairie d'Aubenton :

- "A Emile Fontaine, âme de la Résistance ardennaise qui nous soutint et nous sauva sous l'oppression allemande. Il se sacrifia glorieusement pour les survivants. Ses camarades israélites belges du camp de concentration des Mazures." Suivent les noms de : Aron Léopold, Casseres Abraham, Grün Henri, Kogel Charles et Salomon, Lemer Salomon, Lieberman Vital, Liwschitz Jacob, Reicher Henri, Springer Siegfried, Stockfeder David, Szuster Nathan

en annexe le texte original et complet sur l'histoire de ce camps de concentration des Mazures à télécharger

- momunent - terrain de football du village