Sur la page de Monsieur Henri Jacquet, nous avons signalé que ce dernier travaillait avec le groupe "Athos". Son action était de procurer des tickets de ravitaillement et de faux papiers. Pour ce faire, il faisait partie de la Résistance avec tous les risques que cela comporte. Le groupe « Athos » est infiltré dans l'administration du ravitaillement et s'est spécialisé dans les attaques des postes, administrations pour obtenir des documents. En général, les personnes attaquées sont prévenues et savent ce que la Résistance recherche - Emile Guillaume de Couvin (ancien sénateur puis premier échevin de Couvin) nous a expliqué : « la veille, ils te préviennent d'une attaque à telle heure et te demandent d'avoir les documents suivants .... liste donnée ... . Le matin, nous ouvrons les coffres-forts et retirons les documents demandés. Lors de l'attaque tout se passe rapidement ». Nous sommes ligotés bien évidement puis la Polizei est prévenue. En général après deux attaques, le personnel est soupçonné - à juste titre – de complicité. Emile Guillaume de Couvin devra prendre le maquis.
Le groupe "Athos" ira même jusqu'à faire des faux papiers allemands et créer un service de police allemand bidon ... qui pourra agir en toute liberté sur le territoire puisque allemand !
Le groupe « Athos » sera aussi un service de financement de la Résistance. L’existence de ces groupes de choc sera au cœur d’une polémique opposant "Zéro" ( Le service Zéro se rend très utile surtout pour les renseignements politico-économiques, judiciaires, administratifs et d'ordre militaire qu'il fait parvenir à Londres mais de taille très modeste) à "Athos", laquelle se prolongera après la guerre. André Moyen, chef des groupes d'action spéciale et de choc se plaindra après la Libération du peu de moyens financiers qu’aurait reçus "Athos", justifiant ainsi en partie l’existence de ses équipes spéciales. Les archives de la Sûreté laissent entendre que certains des coups de main menés manquent d’ailleurs quelque peu de clarté et que d’importantes sommes d’argent auraient disparu dans la nature. Comme pour détourner les accusations qui pourraient être portées contre "Athos", André Moyen stigmatisera dans un des ses livres d’autres groupes qui auraient effectué ce genre d’opérations à la légère, et des résistants qui se seraient ainsi enrichis.
sources : Emmanuel Debruyne - Le financement des services de renseignements en Belgique occupée, 1940-1944.
Pour le groupe Zéro, voir le livre "Les espions Zéro dans l'ombre du pouvoir de Yaëlle Van Crombrugge.
Confidences de Monsieur Emile Guillaume - (Brûly, 31 mars 1924 - Couvin, 9 avril 1998) - , ami lorsque j'étais au F.D.F. - Rassemblement Wallon. Nous avions jumelé la section de Couvin avec celle de Laeken. Il est venu finir ses jours à Couvin. Emile était très modeste. Fin 1944, il est incorporé à la gendarmerie avec le grade d'adjudant, candidat officier. Il ne se plait pas à la gendarmerie. Il est instituteur et suit des cours pour devenir professeur au degré moyen et devient professeur de sténo-dactylographie. Il a été sénateur F.D.F.. D'autres résistants ont été incorporés fin 44 à la gendarmerie dont un autre résistant au nom de code de Jean Pierre. Lui aussi n'a pas apprécié la gendarmerie et est devenu garde forestier. L'incorporation d'anciens résistants dans la gendarmerie fin 1944 était une façon de les remercier mais aussi de désarmer la résistance surtout communiste. Des résistants ont été engagé dans l'armée mais leurs grades de la résistance n'étaient pas reconnus par le gouvernement venu de Londres.
Source :Service 8, l'espionnage et la résistance belges en 40-45.
Les funérailles, célébrées lundi à Ciney - février 2008 -, d’André Moyen, décédé mardi dernier à l’âge de 93 ans, ont permis à l’assistance de se souvenir d’une figure de proue de la résistance belge et du renseignement militaire.
Né en Resteigne en 1914, il s’engage très tôt dans la Résistance, pour compte de laquelle il mène, au sein du groupe « Athos », de périlleuses missions d’infiltration. Sous les noms de guerre de « capitaine Freddy », « Le Crocodile », « Cincinnatus » ou « André de Saint-Michel », il réussit notamment l’attaque d’un centre de télécommunications allemand à Menuchenet. Avec Fernand Canoot, il créa une fausse force de police, la « speziale polizei » qui mena, au nez et à la barbe des occupants, plusieurs opérations de renseignements ou dirigées contre des collaborateurs.
André Moyen
capitaine Freddy