Léon Leloir Père blanc

Père Leloir après son retour de Buchenwald en septembre 1945

(quelque temps avec son tragique accident)

Père Léon Leloir avec notre maquis local avant son arrestation à Dinant.

Le Père Léon Leloir est né en Belgique le 29 décembre 1907.

Docteur en théologie, professeur, écrivain et même chroniqueur radio, c’est à travers ses compétences d’homme de lettres qu’il donna la pleine mesure de ses qualités humanistes.

En 1940 il accompagne la population belge en 1940 dans sa fuite devant les troupes nazies, il séjourne momentanément à Marseille, puis dans les Hautes Pyrénées. Contacté par son autorité de tutelle, il reprend la direction de son pays natal dans lequel malgré la situation de guerre, il développe ses engagements littéraires.

Il ne s’en tient pas là, et rejoint la résistance belge.

C'est la résistance qui va bientôt lui prendre le plus clair de son temps. Un office d'aumônier du maquis des Ardennes (Ardennes belges et françaises) lui est confié par un divisionnaire des alliés. Ce remarquable apostolat lui vaudra le surnom de guerre de « Père de Godasse ».

Il est arrêté à Dinant, le 4 juillet 1944, alors qu'il se rend de Braibant à Rocroi, procès, question, condamnation à mort, envoi à Buchenwald, détention aggravée de traitements innommables, libération enfin à la veille d'une exécution qu'il avait retardée en se glissant parmi des médecins, et retour à Evere, en avion militaire, le 25 avril.

Il reprend sa vie d'écrivain et se rendant à Lyon, un accident de route advenu à Briare (Loiret), le 29 septembre 1947, vers une heure du matin, le fit conduire d'urgence, le crâne fracturé, à l'Hôpital des Sœurs de la Charité de Bourges, où il devait s'éteindre une heure et demie plus tard.

De ses écrits, nous retenons "Buchenwald" ou "Je reviens de l'enfer"

L’ouvrage « Je reviens de l’enfer » est un témoignage post concentrationnaire immédiat, puisque publié dès 1945, incluant des textes rédigés en 1944 alors que l’auteur était emprisonné. Son contenu est présenté de manière originale et unique puisque la forme retenue par l’auteur est une compilation de « poèmes en style oral ».

Pas un chapitre de l’expérience concentrationnaire de l’auteur n’est rapporté sous une autre forme qu’un poème. Que ce soit l’évocation de l’engagement résistant :

« … Car demain vous verrez des jeunes gens en masse

Se lever, généreux, pour reprendre ma place

Si je me trouve ici sous double cadenas

Sans lumière, au secret, en étroite cellule, où l’air est rationné à dose minuscule

C’est pour avoir placé dans vos traces mes pas… ».

Ou celle du transport vers Buchenwald :

« … Jusqu’à cent par wagon, dans la paille et la crasse

Brusquement arrachés à nos mornes prisons

Nous roulons dans la nuit vers d’autres horizons… ».

Celle de la misère humaine :

« … La cravache au hasard frappe et cingle nos dos

Pour souligner cruellement l’affreux dilemme

Travailler ou mourir, Travailler et mourir ! …»

puis plus tard celle du désespoir :

« … Peut-être à m’écouter, le dégoût te soulève

Sache qu’à Buchenwald, on ne meurt pas, on crève… ».

Pour finalement croire au retour à la vie et à la force du témoignage :

« Les chars sont là. La vie est belle. Adieu ma Muse,

Muse de Buchenwald, Muse que rien n’amuse !

Humble profès, je rends doublement grâce à Dieu

Qui daigna m’enfermer et sortir de ce lieu.

Je reviens de l’Enfer pour rendre un témoignage

Qui se répétera jusqu’à la fin des âges ».

notre ami Christian Constant a publié un travail de recherche dans la Revue En Fagne et Thiérache tome 88 de 1989 avec le maquis.