Chimay

Discours prononcé à l’occasion du 65e anniversaire de l’entrée des libérateurs en Belgique dans le Canton de Chimay. Il y a 65 ans

aujourd'hui en effet, à l'heure où je vous parle, et les aînés s'en souviennent, les cloches de notre collégiale sonnaient l'allégresse et appelaient les Chimaciens et les Chimaciennes à se rassembler pour accueillir les premiers libérateurs américains qui venaient de faire leur entrée dans la cité princière. Était ce possible ? Mais oui, c'était bien eux qui venaient d'entrer chez nous à bord de leurs légendaires véhicules frappés de la célèbre étoile blanche. Depuis ce petit matin noyé de brume du 6 juin 1944, date où les alliés, arrivant d'Angleterre par mer et par air, débarquaient avec plus de 120.000 hommes et 20.000 véhicules, pour prendre d'assaut les plages de Normandie, les populations de Belgique et de France, meurtries par quatre années de guerre, de souffrance, de destructions et de privation de liberté, s'étaient remises à espérer et même à rêver. Après la très dure bataille de Normandie qui s'en suivit, après l'entrée des Alliés dans Paris en délire, voilà maintenant qu'en ce 2 septembre 44, alors qu'il était 9h30, les premiers libérateurs américains pénétraient en Belgique en choisissant un petit hameau de Forge-Philippe, Cendron, à 2 pas d'ici. Cette image, personne ne l'a jamais oubliée. Les rideaux des fenêtres s'écartent soudain, les habitants n'en croient pas leurs yeux, ils descendent dans la rue pour embrasser leurs libérateurs, pour s'embrasser, pour pleurer de joie en arborant de petits drapeaux qu'en cachette ils confectionnaient depuis de longs mois à l'aide de morceaux de tissus de récupération en prévision du jour tant espéré. Distribution de chewing gum, de chocolats, de cigarettes, prise d'assaut de ces petites jeeps sur lesquelles brillait l'étoile blanche du bonheur. C'était la fête. La liberté était en marche faisant presque oublier les années terribles qu'ils venaient de connaître. Vivre de tels moments, et les aînés ne me démentiront pas, marquent une vie. Tout cela a été rappelé en long et en large ce matin dans l'entité de Momignies ; à Cendron d'abord, à la Crète d'Imbrechies ensuite, puis avec beaucoup d'émotion, chacun s'est souvenu et s'est recueilli devant le Mémorial érigé par la Fondation Belgo-Américaine, à la mémoire des 12 premiers GI's tombés sur notre sol. 11 Dans l'après midi de ce 2 septembre, alors que toutes les cloches de nos églises s'étaient mises à sonner pour porter dans nos rues et dans nos quartiers l'incroyable nouvelle, les alliés fonçaient vers Chimay où ils faisaient leur entrée triomphale dans notre cité ; il était près de 16h30. Comme le matin à Cendron, à Beauwelz, à Seloignes, à Monceau - Imbrechies, à Villers la Tour, à Salles, à St Remy, Chimay aussi leur a fait la fête. Les gens chantaient, dansaient dans les rues. D'autres pleuraient de joie, car chacun se rendait compte qu'il était en train de vivre un moment unique ; que l'on venait d'entrer d'une façon irréversible dans la phase finale d'un conflit sans précédent, qui n'avait que trop duré et trop fait de mal et, ils ne s'étaient pas trompés en effet, car, trois mois plus tard, en pleine période de Noël, dans la région de Bastogne et de St- Hubert, au cœur même de nos Ardennes bien aimées, dans la neige et dans un froid glacial, les alliés, aidés par une population courageuse et décidée, faisaient courber l'échine aux armées hitlériennes dans ce qui restera l'un des épisodes les plus terribles de la seconde guerre mondiale, la Bataille des Ardennes. Sur cette guerre atroce, on a tout dit, on a tout écrit, ou presque, ... mais en ce jour du souvenir de notre libération, il est de mon devoir, au nom de notre Bourgmestre, de mes collègues Échevins et conseillers communaux, de notre ville et de ses villages et en votre nom à tous, de souligner le courage de tous nos soldats, de tous les soldats du monde libre, dont des centaines de milliers sont tombés au champ d'Honneur ou morts en captivité pour notre liberté, et, il est de mon devoir de souligner aussi ce qui a caractérisé toute cette région, c'est-à-dire son esprit de résistance face à l'envahisseur. La Résistance, une révolte spontanée qui naquit simultanément dans de nombreux foyers de Belgique et de France, relayant ainsi l'appel lancé le 18 juin 1940 par le Général de Gaulle. La Résistance, un acte de foi en la détermination des Britanniques symbolisée par Winston Churchill, et en l'inéluctable coalition qui devait se créer pour faire échouer le rêve d'hégémonie mondiale d'un petit caporal moustachu, d'un petit hystérique, qui, avait pu à l'époque hélas, fanatiser la grande majorité de la nation allemande. Cette résistance à l'envahisseur ne fut pas l'apanage d'un parti politique ou d'une classe sociale particulière. Le besoin de participer à la lutte contre l'occupant nazi, naquit tant chez les étudiants et les intellectuels que chez les bourgeois, les ouvriers et les paysans. 12 Au début, elle s'était surtout impliquée dans l'espionnage des forces d'occupation, dans l'évasion des militaires alliés et des anti-nazis désirant rejoindre la Grande Bretagne, dans l'édition et la diffusion de la presse clandestine, destinée à saper le moral de l'occupant et ce, avant de se consacrer par la suite à l'action directe et de recruter des volontaires pour la Résistance Armée dont la mission serait d'épauler, le moment venu, les troupes alliées dans les combats de la Libération. Et dans toute l'organisation de cette résistance authentique à l'ennemi, notre région, comme je l'ai dit, joua un rôle très actif en faveur des alliés. Cela lui valut par la suite la reconnaissance unanime des troupes libératrices. Je parle ici de tous ces hommes et de toutes ces femmes, qui, au péril de leur vie et de celle de leur famille, n'ont pas hésité à braver l'ennemi en œuvrant au sein du réseau du Front de l'Indépendance, qui couvrait la Botte du Hainaut englobant aussi le canton de Couvin, en jouant un rôle important dans les nombreux maquis implantés chez nous avec leurs chefs inoubliables tels, Fernand Delporte, commissaire voyer à Chimay, Yvon Van Roos, boucher à Rance, Albert Bastin, chef du ravitaillement à Couvin, Fabien Pierrat, Oscar Graux, pour ne citer que ceux là, mais, il y eut tous les autres car ils furent tellement nombreux à braver l'occupant. Je ne puis passer sous silence non plus le rôle important joué par les hommes du camp du Gros Fau à Rièzes dont la mission essentielle était d'empêcher la réquisition par l'ennemi de jeunes travailleurs et de recueillir des prisonniers évadés et des aviateurs fraîchement recueillis et désireux de rejoindre l'Angleterre. Le Camp du Gros Fau, un refuge forestier savamment organisé et orchestré par des hommes sans peur et déterminés tels Gaston Constant mais tous les autres également, un refuge, qui suite aux dénonciations de collaborateurs, car malheureusement, de tels individus ont aussi existé, a du être abandonné et évacué à la hâte, ce qui valut au petit village de Rièzes de connaître le matin du 25 février 1944, une rafle mémorable au cours de laquelle chaque habitation fut fouillée de fond en comble et au cours de laquelle 29 braves citoyens furent jetés dans des camions et dirigés vers les centres d'internement de Mons, de St-Gilles et de Namur où ils passèrent de longs mois. Parmi eux, les sœurs Fosset, qui elles, eurent le triste privilège d'être envoyées dans le célèbre camp de Mauthausen, là même, où plus de 122.000 prisonniers trouvèrent la mort. Elles durent leur salut à l'action de la Croix Rouge internationale qui les délivra en mai 1945. Quant à Léopold Vereecke, boucher à Rièzes, envoyé lui aussi en Allemagne, jamais il ne reviendra. 13 Lors de cette rafle de Rièzes, une famille entière connaîtra l'internement, le gendarme Buchet, son épouse et leur fils Alfred, étudiant, âgé à l'époque de 19 ans. Ce fils, nous l'avons retrouvé. Âgé aujourd'hui de 84 ans, il habite Bastogne où il est devenu le Président des Associations Patriotiques. Aujourd'hui, il a tenu à être présent à Cendron et à Chimay en accompagnant la délégation Ardennaise emmenée par Mr l'Echevin Cremer de Bastogne. Il est là devant moi. En votre nom à tous, je vais aller le saluer pour sa présence qui nous touche beaucoup et le féliciter pour être toujours resté fidèle à son idéal. Monsieur Buchet, je vous dis bravo et merci d'avoir voulu être là aujourd'hui. La région connaîtra d'autres représailles de la sorte, et, parmi elles, il faut citer le drame du Bois de la Champagne à St Remy, où le 22 avril 1944, huit aviateurs américains furent fusillés tandis que les patriotes qui les hébergeaient et les ravitaillaient furent dénoncés et envoyés en Allemagne. Nous avons pensé que ce qui s'est déroulé au Bois de la Champagne méritait plus qu'un simple arrêt aujourd'hui dans un programme très chargé. C'est pourquoi très prochainement, nous irons en compagnie de nos amis de Momignies et de la Fondation Belgo-Américaine, nous recueillir devant la stèle érigée aux Haies de St-Remy et nous rappellerons ce drame atroce, qui, à l'époque, avait secoué la région toute entière. Tous ces faits illustrent parfaitement la conduite héroïque et irréprochable de l'immense majorité des habitants de toute cette région frontalière qui avaient choisi de vivre dans l'honneur et la droiture, qui avaient décidé de rester debout, quoiqu'il arrive, plutôt que de devoir continuer à vivre à genoux. Qu'ils en soient félicités et remerciés. Nous pensons beaucoup à eux et à leur famille en ce moment, comme nous pensons à tous ces jeunes soldats venus de la lointaine Amérique, de Grande Bretagne, de Belgique, de France et de tous les pays alliés, qui ont combattu, qui ont versé leur sang pour la reconquête de nos Libertés et qui aujourd'hui reposent à jamais dans les nombreux cimetières dispersés à travers le monde. Et je pense enfin, pour y être allé à diverses reprises personnellement, à ceux qui reposent dans cet immense cimetière de Colleville St Laurent et qui surplombe la plage d'Omaha en Normandie, un territoire de plus de 60 ha cédé par la France aux Etats-Unis et où dorment côte à côte pour l'éternité plus de 10.000 jeunes militaires américains : officiers, sous-officiers et soldats unis dans la mort comme ils le furent au combat. Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, C'est bien là le sens de cette journée du souvenir. C'est bien cela le prix de notre libération. Remerciements et gratitudes envers tous ces combattants de la Liberté, envers tous ces résistants authentiques. Avec ou sans uniforme, ils avaient choisi de se battre et de vaincre, d'être non pas les témoins mais les acteurs d'une épopée sans précédent. Si notre Patrie, si nos Pays aujourd'hui vivent dans la Paix, c'est parce qu'ils ont offert leur sang pour une transfusion à l'heure où la médecine les abandonnait. Gloire et honneur à eux tous ! Merci à vous tous d'avoir partagé avec nous et avec nos amis de Momignies, avec nos associations patriotiques et leur porte-drapeaux et avec les responsables de la Fondation Belgo-Américaine, cet inoubliable anniversaire de notre Libération. Merci à nos fidèles amis français d'avoir été là aujourd'hui. Merci à nos amis de Bastogne, de Verdun et de Marche en Famenne. Merci aux différentes associations patriotiques et à leurs porte-drapeaux. Merci à toutes les autorités civiles et militaires belges et étrangères présentes. Merci à ceux qui ont apporté l'indispensable touche colorée à cette journée : les cornemuses et les propriétaires des célèbres jeeps d'époque. Du fond du cœur, merci à vous tous. Votre présence aux différents moments forts de cette journée constitue le gage indiscutable de votre reconnaissance envers tous ces braves qui réalisèrent ce qui peut être considéré comme le sommet de l'existence : « Mourir pour ce que l'on aime, c'est la cime de l'amour ». 65 ans après ce 2 septembre 1944, nous venons tous ensemble de montrer que nous n'avions jamais oublié cette fleur que nous avaient offerte nos libérateurs, cette fleur superbe, mais, oh combien fragile ! et qui porte le plus joli des prénoms : LIBERTE !

M. ROYNET 2 septembre 2009

-------------------------------------------------------------------------------------

Monsieur Roynet était le Premier Échevin de la Commune de Chimay en charge des Affaires Patriotiques et Militaires.

---------------------------------------------------------------------------------------

Chimay septembre 1944

la résistance a servi comme éclaireurs

aux troupes américaines.

Monsieur Roynet est actuellement pensionné et membre du Mouvement Dynastique Région de Couvin.

Monsieur Marcel Roynet

fier d'être Belge et royaliste.

Il a été décoré et a reçu la cravate de Commandeur de l'Ordre de la Fidélité du Mouvement Dynastique.

Chimay

Marcel Franckson

1922-2018

groupe Hotton

sous commandement Armée secrète

Henri Jacquet, fils de résistant ayant opéré

dans la région de Chimay et

Pierre Uhlig président refuge de Couvin

section Armée secrète

Commissaire Gelinne.

Cinq citoyens soviétiques sont enterrés dans le cimetière municipal de Chimay. Les tombes sont situées dans la partie du cimetière réservée à l’inhumation de ceux qui sont morts pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Les sépultures sont disposées en deux rangées (une et quatre tombes). Les pierres tombales sont des dalles de béton peintes en blanc. Sur chacun des coffres des pierres tombales, il y a un panneau avec un marteau et une faucille avec une inscription en Français « Ici repose un soldat russe. »

Selon les informations disponibles sur les quatre tombes, un officier et trois soldats ont été abattus par les nazis pour avoir participé à la résistance belge. Ils ont été capturés dans la forêt au nord de Chimay avec des patriotes belges. Jusqu’en 2013, les noms étaient inconnus. Grâce aux efforts des historiens-chercheurs belges, il a été possible d’établir l’identité de l’une des victimes - Ivan Selivanov. Une cérémonie solennelle a eu lieu avec la participation des petits-enfants du soldat.

Basé sur les recherches de RIA Novosti du 13.10.2013

Ivan Selivanov était originaire du village d’Igumenka, district de Yelkhovsky, oblast de Samara (alors Kuibyshev). Il est parti se battre, laissant sa femme et ses trois fils à la maison. En octobre 1942, près de Nalchik (la ville qui a reçu le titre honorifique de « ville de gloire militaire »), il a été grièvement blessé - une balle lui a transpercé la poitrine. Il a été présumé mort, mais il a survécu, et a été capturé, puis a été envoyé aux travaux forcés. Il se rend d’abord en Allemagne, puis en janvier 1943 en Belgique, dans un camp des mines de charbon près de la ville de Charleroi. De ce camp sept mois plus tard, le 30 août 1943, il s’échappe et est presque immédiatement transporté par des membres du mouvement de résistance belge dans les forêts du sud de la Belgique, près de la frontière Français. Là, Selivanov se porte volontaire pour un détachement de partisans belges, le groupe Hotton. Le but de cette unité était de saboter et de détruire les convois allemands. Après trois mois passés dans ce groupe, Ivan a poursuivi sa carrière de combattant au sein d’une autre brigade de partisans. Il est mort dans une fusillade avec les Allemands avec deux camarades russes (leurs restes reposent également à Chimay. Le 24 août 1944, Ivan Selivanov a été enterré dans le cimetière de la ville de Chimay resté anonyme pendant près de 70 ans. Mais le souvenir d’Ivan Selivanov est resté en Belgique. Son nom est inscrit sur le mur d’une modeste chapelle forestière près de la ville de Chimay parmi les noms des patriotes belges tombés dans la lutte contre le fascisme. Le portrait d’Ivan fait partie des expositions du Musée de la Résistance. À la demande de l’un d’eux, Andre van Glabek (surnom de partisan Stan), une recherche de la famille d’Ivan a été entreprise. André ne parle pas russe. Le destin l’a réuni avec le petit-fils d’un autre membre du mouvement de résistance, Henri Delepin, qui pendant la guerre était un coursier pour la clandestinité, et a également caché dans son grenier, dans le petit village de Barbançon, des soldats russes qui s’étaient échappés de la captivité allemande. Le petit-fils d’Henri, Benoît Gossey, et son épouse Elena Mamontova ont étudié l’histoire de leur grand-père et du mouvement de résistance dans le sud de la Belgique, ainsi que la recherche des familles de ces soldats cachés par leur grand-père en 1943.

À la demande de Stan (Andre van Glabek), ils ont entrepris une recherche en Russie pour la famille d’Ivan Selivanov. En cela, ils ont été grandement soutenus par l’ambassade de Russie en Belgique, les autorités de la région de Samara, ainsi que par le programme de la première chaîne de télévision russe « Attendez-moi », à l’antenne duquel en juin 2013 un article sur la recherche d’Ivan Selivanov a été montré A la suite de cinq mois d’efforts, la famille d’Ivan Selivanov a été retrouvée. Ses petits-enfants ont découvert que leur grand-père avait vécu deux ans après sa mort présumée. Des compagnons d’armes leur ont raconté la vie d’Ivan dans le détachement de partisans belges, ont partagé des souvenirs personnels, lui ont montré des photos dans le détachement. Grâce à Benoît Gosse et Elena Mamontova, ainsi qu’avec le soutien d’Aeroflot – Russian Airlines, les petits-enfants d’Ivan sont venus en Belgique. Lors d’une cérémonie solennelle, ils ont déposé sur la tombe de leur grand-père une poignée de terre apportée de son village natal, où il n’est jamais revenu. Pendant de nombreuses années, les fils ont cherché sans succès sa tombe dans l’immensité de la Russie. Maintenant, les petits-enfants ont pu honorer sa mémoire et s’incliner devant sa tombe en Belgique. »