Fromelennes

« Le six Juillet 1944, le chef de secteur des FFI de Givet m'informe que trois jeunes gens de 20 ans doivent rejoindre le maquis. Deux sont de Fromelennes et un de Givet. Il m'appartient donc de les aider à s'y rendre en les prenant en charge le lendemain à six heures du matin dans la forêt, à proximité de Chooz. À trois heures du matin, alors que je me prépare à quitter mon domicile, une estafette du maquis Prisme vient m'avertir de la suivre jusqu'au camp pour une liaison urgente avec le Commandant. »

Marceau Devie charge donc un de ses hommes de le remplacer dans cette tâche. Peu de temps après, Devie rencontre une de ses connaissances qui lui rend compte de la scène à laquelle il a assisté il y a peu : en montant la côte d'Hargnies, il a vu quatre jeunes gens sortir de la forêt, emprunter la route et se diriger vers Hargnies. Quelques minutes après, il a entendu des coups de feu et a été aussitôt dépassé par des voitures allemandes. Dans l'un des deux véhicules, des hommes se débattaient.

Devie convoque le guide qu’il avait chargé de mener les jeunes au maquis. Celui-ci lui avoue que le rendez-vous a été manqué et qu’il n’a donc pu mener sa mission à bien. Taraudé par le doute, Devie apprend par les inspecteurs des Renseignements généraux en gare de Givet, qui lui fournissent habituellement bon nombre d'informations, que le policier Henri, un collabo pur jus, s’est vanté d’avoir « fait une bonne prise ». « Sur quatre jeunes qui allaient au maquis, dit-il, nous en avons eu deux. Les deux autres ont pu s'échapper. Nous n'avons pas eu la grande vache de Marceau ». Quatre jeunes ? Devie apprend rapidement aussi qu'un maquisard de Fromelennes avait quitté le camp qui était cantonné dans les environs d’Hargnies et avait passé la nuit dans son village. Au retour, il avait rencontré les trois volontaires et leur avait servi de guide. Il dit qu’ils étaient tombés dans une embuscade tendue par les Allemands qui les attendaient. Lui avait réussi à fuir, mais il ne savait rien du sort des trois autres…

Comment Henri avait-il pu connaître le départ des trois jeunes et celui de l’itinéraire qu’ils devaient prendre ? On ne le sait. Toujours est-il qu’à la suite de cette dénonciation, la Résistance givetoise décida d’exécuter Henri. Ce qui fut fait le 21 juillet. Henri fut abattu à Givet alors qu’il était attablé à « l’auberge de cheval blanc » avec Jean Guillermain, un autre collabo interprète à la Feldgendarmerie et auxiliaire des Allemands.

RIVIR René, Jules, Louis, Ghislain né le 31 octobre 1925 à Fromelennes, domicilié en cette commune. Réfractaire au STO, membre des FFI de Givet, René Rivir fut arrêté avec deux de ses camarades, Raymond Martin et Arthur Marchand, par la Feldgendarmerie de Givet sur la route de Vireux à Hargnies le 6 juillet 1944, alors qu’ils rejoignaient le maquis Prisme de la mission interalliée « Citronelle » cantonné dans les bois d’Hargnies (maquis dit « des Ardennes »). Internés à la prison de Charleville, Raymond Martin et René Rivir furent « condamnés à mort et exécutés le 14 juillet 1944 au plateau de Berthaucourt » (courrier au Commandant de la brigade de gendarmerie de Givet, du 5 avril 1945.)

Le nom de René Rivir figure sur la stèle apposée dans le cimetière de Fromelennes « À la mémoire des FFI torturés et fusillés par les Nazis le 6.07.44 ».

MARTIN Raymond, Julien, Arthur, né le 7 septembre 1924 à Fromelennes, domicilié en cette commune. Réfractaire au STO, membre des FFI de Givet, René Rivir fut arrêté avec deux de ses camarades, Raymond Martin et Arthur Marchand, par la Feldgendarmerie de Givet sur la route de Vireux à Hargnies le 6 juillet 1944, alors qu’ils rejoignaient le maquis Prisme de la mission interalliée « Citronelle » cantonné dans les bois d’Hargnies (maquis dit « des Ardennes »). Il fut incarcéré à la prison de Charleville.

Selon le Colonel Laboureur, délégué régional du service de Recherche des Crimes de Guerre Ennemis, Raymond Martin et René Rivir furent « condamnés à mort et exécutés le 14 juillet 1944 au plateau de Berthaucourt » (courrier au Commandant de la brigade de gendarmerie de Givet, du 5 avril 1945. Le colonel Laboureur ajoute : « Je vous transmets cette information à toutes fins que vous jugerez utiles pour prévenir les familles, car il ressort des déclarations que vous avez recueillies sur cette affaire que les parents semblent être dans l’ignorance absolue du lieu de sépulture. »)

Le jugement déclaratif de décès, prononcé le 20 mai 1947 par le tribunal de Rocroi, précise que Raymond Martin fut « après une courte incarcération […] exécuté à une date indéterminée et vraisemblablement à Charleville et […] sa mère fut avisée de son décès le 14 juillet 1944 par le Colonel commandant la subdivision de Laon. »

Conformément à cette décision, l’extrait du registre des actes de décès de la mairie de Fromelennes considère donc que Raymond Martin est décédé à Charleville, fusillé par les Allemands, « courant juillet 1944 ».

Comme celui de son camarade René Rivir, son corps n’a jamais été retrouvé.

Le nom de Raymond Martin figure sur la stèle apposée dans le cimetière de Fromelennes « À la mémoire des FFI torturés et fusillés par les Nazis le 6.07.44 ».

commémoration 2016 - Appel du Général de Gaulle