Réfractaires

Le 6 mars 1942, un décret de l’occupant allemand établit l’intégration complète de l’économie belge dans celle de l'Allemagne nazie. Le 6 octobre 1942, le commandement militaire allemand pour la Belgique et le Nord de la France promulgue une ordonnance établissant le service du travail obligatoire (STO) en Allemagne pour tous les hommes de 21 à 50 ans et toutes les femmes célibataires de 21 à 35 ans.

Une circulaire portée de la main à la main établie par la J.O.C. circule rapidement. Elle est remise à des travailleurs et à des résistants. Le texte dit clairement : « On ne part pas, sous aucun prétexte » et on ajoute verbalement : « Nous avons de quoi vous loger, vous donner d'autres cartes d'identité et des timbres de ravitaillement». Le travail de distribution va Jusqu'au seuil des Werbestellen., pour convaincre les jeunes travailleurs de ne pas partir. La Centrale Jociste devient une véritable fourmilière d’activités de Résistance (fabrication et dépôt de vraies fausses cartes d’identité, accueil de prisonniers évadés et de réfractaires, service aux prisonniers en Allemagne, organisation du rassemblement des enfants et adolescents anémiés, dont de nombreux enfants juifs - pour les cures à la campagne…).

À la suite du décret du 6 octobre 1942 promulguant le travail obligatoire, les représentants des organisations ouvrières chrétiennes impliquées dans l’aide aux réfractaires adressent une lettre commune au Cardinal Van Roey dans laquelle ils proposent de fusionner toutes les initiatives existantes en une seule. Le Cardinal accepte et c’est la création fin décembre 1942 de l’ATE (Aide aux Travailleurs à l’Étranger – HAV Hulp aan Arbeiders in den Vreemde). L’ATE n’était en fait que la partie visible d'un iceberg, car à côté de cette structure d’aide morale et religieuse assez neutre existait déjà une autre structure engagée dans la résistance dès la première heure: l’A.T.R. – Aide aux Travailleurs Réfractaires,

Le mouvement est un succès mais pose le problème de l'intégration des jeunes réfractaires au travail obligatoire, Il faut créer des camps tant en Belgique que dans le nord de la France, Regniessart devient un camp important dans notre région, Chimay devient aussi une terre d'asile pour ces jeunes,

Certains jeunes tombent dans les mailles des filets allemands, Très peu connue, l'organisation d'aide de la J,O,C, en Allemagne.

En Belgique, les comités d'aide aux prisonniers de guerre prennent en charge ces jeunes déportés, Contrairement à la propagande nazie, les travailleurs belges en Allemagne sont mal nourris, Les comités belges d'aide aux prisonniers se sentent obligés d'envoyer des colis à ces jeunes (comités de Couvin, Petigny et Nismes pour notre région),

En 1943, une journée d'aide est organisée à Couvin, La liste des jeunes déportés est établie, Il en est de même pour Nismes, Notons aussi près de chez nous ,,,, les maquis de Bourg-Fidèle, Renwez, Lepron--les-Vallées et de Gué d'Hossus qui accueillent de nombreux réfractaires.

En juillet 1943, la mission Claudius-Tybalt décidée par le gouvernement belge en exil à Londres fut confiée à la Sûreté de l’Etat et au Special Operations Executive (SOE)- dont fit partie le Docteur André de Cul-des-Sarts- . Elle permit d’organiser plus efficacement le financement de l’aide aux réfractaires au S.T.O en Belgique grâce au Réseau Socrate qui évite la déportation à plus de 40.000 jeunes travailleurs.

Le nombre de Belges mis au travail obligatoire entre 1939 et 1945 se situe selon une étude allemande entre 350 000 et 400 000. La Militärverwaltung faisait état de 586 746 et l'office national de l'emploi retenait le chiffre de 501 667 départs. Le pic du nombre de Belges mis à l'emploi en Allemagne est atteint en juillet 1943 avec 310 000 travailleurs belges actifs en Allemagne à cette époque. En septembre 1944, ils sont encore 200 000. À l'issue de la guerre, dans une Allemagne en pleine débâcle, ils sont libérés mais complètement livrés à eux-mêmes, ils doivent souvent rentrer en Belgique par leurs propres moyens.

À lire : les livres de Jo Gérard dont le mystérieux trio de Laeken mais aussi Se battre pour la Belgique.