Pierre Viénot

Pierre Viénot – résistant des Ardennes

1943 à Londres.

Pierre Viénot est né le 4 août 1897 à Clermont dans l'Oise. Il fait ses études secondaires au lycée Janson à Paris. En juin 1915, il est engagé volontaire alors qu'il n'a que 17 ans.

En juin 1917, Pierre Viénot suit les cours d'EOR à Fontainebleau et en sort aspirant.

Affecté au 5e RA, il est grièvement blessé à deux reprises dans la même journée en juillet 1918 à Villers-Cotterêts. Promu sous-lieutenant, il termine la guerre avec la croix de guerre et deux citations et reçoit quelques années plus tard la Légion d'Honneur à titre militaire.

Il entame des études de droit puis, de 1920 à 1923, est attaché au cabinet civil du maréchal Lyautey à Rabat comme secrétaire particulier.

En 1932, il est élu député républicain socialiste de Rocroi dans les Ardennes et, en 1936, il est sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement de Front populaire où il est chargé principalement des Affaires musulmanes ; il négocie les traités d'indépendance avec la Syrie et le Liban.

Lieutenant de réserve en 1939, Pierre Viénot insiste, malgré une santé précaire, pour être mobilisé. Affecté de septembre 1939 à avril 1940 à l’État-major de la 4e DI comme interprète et officier de renseignements, il se voit chargé, au printemps 1940, de diriger les émissions de la radio nationale à destination de l'Allemagne au Ministère de l'Information. Sa dernière émission, en juin, se terminait ainsi, au moment où l’ennemi se ruait sur Paris : « Vous gagnez des batailles. Quoi qu’il arrive encore, vous ne gagnerez pas la guerre, vous ne pouvez pas la gagner. » Puis il s’embarqua sur le Massilia pour continuer la lutte en Afrique.

Le capitaine Viénot quitte Paris le 11 juin 1940 avec son service et suit le gouvernement Paul Reynaud à Tours puis à Bordeaux. Le 20 juin 1940, il embarque au Verdon à bord du Massilia qui transporte 27 parlementaires à destination de Casablanca avec l'espoir que l'Afrique du Nord continue la guerre.

Victime d'une campagne de presse antiparlementaire et considéré comme "déserteur", il est placé en résidence surveillée à Rabat et ramené en France.

Traduit, en décembre 1940, devant le Tribunal militaire de Clermont-Ferrand il est condamné à huit ans de prison avec sursis. Immédiatement libéré, Pierre Viénot entre aussitôt dans la Résistance en multipliant les contacts en zone Sud. Il participe dans les milieux socialistes à la création de groupes d'études clandestins avec André Philip et Daniel Mayer notamment. Délégué par le Comité d'action socialiste (CAS), il entre, sous le nom d'André de Lacour, au comité directeur du mouvement Libération-Sud fondé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie et prend part à la rédaction de Libération,journal clandestin du mouvement.

En août 1942, il est à nouveau arrêté et incarcéré à Vals et à Evaux puis placé dans un sanatorium en Savoie d'où il s'évade pour rejoindre Londres le 21 avril 1943 par une opération aérienne depuis la région d'Angoulême, porteur d'une message de ralliement d'Edouard Herriot au général de Gaulle.

Lorsque le Comité national français s'installe à Alger, il fait fonction d'ambassadeur auprès du Gouvernement britannique à Londres. En septembre 1943, il devient officiellement ambassadeur du Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Londres.

Au printemps 1944, Pierre Viénot joue un rôle primordial dans les discussions avec les Alliés concernant le retour de la France dans le concert des nations ; il s'oppose au projet américain d'AMGOT (Allied Military Governement of Occupied Territories).

Le 14 juin 1944, il a la joie de débarquer en Normandie avec le général de Gaulle qu'il accompagne à Bayeux et de voir ses efforts couronnés par le retour de la souveraineté nationale française.

De retour à son poste d'ambassadeur dans la capitale britannique, épuisé par un travail incessant, il succombe à une crise cardiaque le 20 juillet 1944.

Télégramme du Général de Gaulle :

« J’apprends avec une grande tristesse la mort de M. Pierre Viénot. Il meurt après avoir travaillé pour le pays jusqu’à l’épuisement de ses forces. En lui, la France perd un serviteur et l’Angleterre un ami. Veuillez transmettre à tous les Français d’Angleterre pour lesquels il a été un chef et un exemple, les douloureuses condoléances ».

Pierre Viénot est inhumé en novembre 1948 à Chooz par Givet dans les Ardennes.