Gaston Donnay est un ancien combattant 14-18, président des anciens combattants section de Couvin. Très engagé à la paroisse de Couvin, il est l'ami de l'Abbé Meunier, ancien aumônier militaire 14-18, curé de Frasnes mais habitant chez ses parents à Couvin et déporté en Allemagne comme prisonnier politique pour avoir voulu rejoindre l'armée belge sur le front de l'Yser lors de la première guerre mondiale. L'abbé Meunier est président des anciens combattants de la section de Frasnes. Son frère Paul est membre de la fabrique d'église de Couvin, proche du Doyen Desseille, otage des nazis en 1940 et tous antis nazis notoires. Nous avons retrouvé dans les archives paroissiales une correspondance entre le Doyen Deseille et le député catholique Lambotte. La section Rex d'avant guerre de Couvin a été ouvertement combattue tant par le Doyen Deseille que les équipiers paroissiaux dont les Meunier mais aussi la famille du notaire Serckx,
Pendant la guerre deux groupes sont actifs à Couvin : le Front de l’Indépendance (dont on possède l’historique rédigé par l’instituteur de Dailly, chef du groupe) et l’Armée de Libération.
Comment Gaston Donnay a-t-il pris contact avec l’Armée de Libération de Liège ? Mystère ! Sans doute car il cherchait une organisation qui pouvait chapeauter son comité d’aide aux prisonniers de Couvin qui regroupait tous les patriotes de Couvin. Notons au passage qu’il y a eu pas mal de comités paroissiaux dans les villages sous l’impulsion de l’Abbé Meunier, en contact avec tous les prêtres de la région. L’Abbé Meunier avait la réputation d’’être un prêtre patriote, royaliste et plein de fougue. Il avait été nommé à Frasnes-lez-Couvin, ville détruite par les Allemands. Il avait œuvré à la reconstruction du village.
Ce que nous savons sur Couvin, c'est que Gaston Donnay est l'âme du groupe et animateur incontesté des anciens combattants 14-18. Tout son groupe le suivra dans son action. Le clivage religieux d’avant guerre avec deux comités d’anciens combattants est mis de côté, L'Abbé Meunier met sur pied le comité du colis aux prisonniers de guerre. En 1945, un compte rendu des activités de ce comité est publié. C'est alors qu'on se rend compte que ce comité regroupe toutes les tendances de la résistance locale. Ce comité permet aux différents groupes de résistants, de coordonner leurs actions. Nous avons la relation complète de l’histoire du Front de L'indépendance de la région de même que l’action menée par le groupe Hotton de l’Armée Secrète. Pour le reste, aucune relation n’existe.
Le maquis s'est établi à Gué d'Hossus en France où un groupe de F.F.I. avait sa base. Le groupe de couvinois a participé aux actions menées par ce groupe.
La photo prise devant la Maison Saint Roch (ancien hôtel de la gare et actuellement disparu) nous a toujours interpellé. En fait, nulle trace du maquis de Couvin jusqu’à ce que Monsieur Marc Burton, fils d’Eugène Burton nous explique … merci à lui.
Jean Chavet, boulanger, m’a expliqué qu’en septembre 1944, il a vu des résistants avec le brassard …. F.F.I. …surprise de ma part. Je lui ai rétorqué …tu es certain …ce n’était pas F.I. …Jean était certain de ce qu’il me disait. Camille Dujardin, imprimeur, réfractaire avait souvenir des F.F.I. qui sont venus en décembre 1944 lors de la bataille des Ardennes.
Explication …le maquis de Couvin se trouvait à Gué d’Hossus où les Couvinois de l’Armée de Libération ont établi leur camp …en se joignant aux résistants de Gué d’Hossus …
Dans les bois de Gué d’Hossus, il y a une fontaine ….Cette fontaine se trouve au lieu-dit la Pisselote (la Pichelote comme on disait en patois), juste derrière la ferme des Echevés, à une centaine de mètres du ruisseau du Marais Colle, et à même distance du chemin emprunté par les pèlerins de Saint-Jacques.
Personne ne connaît l’histoire de la source. Quand a-t-elle été aménagée en fontaine ? Pour quelle raison ? Elle se trouve dans la forêt communale et la première habitation se trouve à plus de 600 mètres. Son appellation suscite d’ailleurs bien des interrogations, puisque la paroisse n’a jamais voué de culte particulier à la Vierge
La baraque des résistants
Robert Charton, chef du groupement FFI de Gué d’Hossus, a confirmé que le site était le haut-lieu local de la Résistance. Il était arrivé au village le 12 juin 1944 après avoir échappé à la Gestapo. Il témoigne : “Antérieurement à mon arrivée, les jeunes de Gué d’Hossus qui ne voulaient pas aller travailler en Allemagne avaient construit une baraque près de la Fontaine Sainte Anne au lieudit la Pisselote en bordure de Gué d’Hossus.
Le groupement des FFI de Gué d’Hossus étant un groupement où chacun restait chez lui, la possession des armes eût été trop risquée et il fut décidé, au fur et à mesure des parachutages, d’entreposer les armes dévolues au groupement FFI de Gué d’Hossus dans la baraque construite par les jeunes près de la Fontaine Sainte Anne, à la Pisselote.
C’est là qu’eurent lieu les rassemblements avant d’aller attaquer les convois allemands sur la route Rocroi-Fumay” et avec l’arrivée des résistants de Couvin, la création d’un maquis.
D’autres témoins se souviennent d’ailleurs que les armes parachutées à Sévigny-la-Forêt étaient transférées jusqu’à la baraque pour y être cachées. Des hommes allaient les chercher avec une charrette attelée d’un cheval et mettaient des fagots de bois par-dessus.
C’est là que les résistants de Couvin établissent leur maquis, assez loin de Couvin. Il est à noter qu’il existait le maquis de Regniessart ( Armée Secrète. dont Willy Verset était le chef), le groupe Hotton à Brûly de Couvin ( Groupe G), un autre maquis important dont l’histoire est bien connue, le Maquis des Manises ou Maquis de Revin ou Maquis Prisme ou encore Maquis des Ardennes. Le nom de la cellule maquisarde provient du nom du commandant alias « Prisme » et de l'endroit depuis lequel elle opérait, cachés sur les hauteurs de Revin le petit « ruisseau des Manises » bordant le maquis, sur le plateau du « Malgré-Tout ». L'épilogue du maquis se joua le 13 juin 1944 de façon tragique. Le maquis continua néanmoins son action dans les bois belges de Willerzie. Notons aussi que près de chez nous, il y avait le maquis de Senzeilles dont l’histoire fut, elle aussi, tragique.
Pourquoi avoir rejoint les résistants de Gué d’Hossus ?
Mystère !
Ce que nous savons, c’est que le camp de Gué d’Hossus était protégé par un champ de mines et de barbelés tout autour et que nos maquisards opéraient de concert avec les F.F.I. de Gué d’Hossus..
Ce qui était certain, c’est que notre région possédait beaucoup trop de maquis. La rafle de Rièzes est un douloureux épisode. Le massacre des résistants de Senzeilles au Fort de Breendonk reste dans toutes les mémoires des familles de résistants. Il y avait trop de troupes et de collaborateurs dans notre région. Des Allemands casernés à Pesche, au Château Saint Roch, des troupes allemandes à Florennes où une escadrille de chasse protégeait l’espace aérien et envoyait des soldats allemands lorsqu’un avion allié était descendu. Une DCA à Frasnes lez Couvin, une station de radar à La Trappe qui repérait les avions revenant d’Allemagne (Abbaye de la trappe de Chimay). Des troupes allemandes à Charleville …notre région était surveillée de près, de trop près ….sans parler que des bourgmestres rexistes très actifs sévissaient tant à Couvin qu’à Viroinval et Chimay. Il y avait aussi les « Gardes wallonnes », milice rexiste. La triste gestapo de Dinant était, elle aussi active et performante selon les dires des Allemands. Pas simple dans ces conditions de trouver un endroit pour établir un camp de résistants. La rafle de 1943 à Olloy avait prévenu les résistants de la trop grande menace allemande.
lieu de rendez vous des maquisards lors des actions
carte de Monsieur Burton, membre de la section de Couvin
autres maquisards couvinois avec le groupe Hotton,
Monsieur Burton est avec son oncle, membre
de la section Armée de Libération, maquis de Couvin