Histoire de la Résistance Chimay

Chimay - résistance

Le Père Raymond Milcamps, Père Abbé de l’Abbaye de Scourmont à Forges-lez-Chimay a écrit ce qu’il a vécu de 1940 à décembre 1994.

Nous ne nous intéressons qu’à la Résistance.

Un champ d’aviation existe à Florennes. Il sert à la chasse allemande et permet d’intercepter les avions alliés qui rentrent en Angleterre. Il y a une batterie de la Flak à Chimay ainsi qu’une installation radar ultra moderne. L’abbaye sera évacuée plusieurs fois dont une pour installer le radar. Un fort contingent de soldats de la Luftwaffe est caserné à l’Abbaye. Lorsqu’un avion allié est abattu, c’est la course entre la résistance et les troupes allemandes pour récupérer l’équipage, piller l’avion en ce qui concerne la Résistance ou en d’autres termes mettre à l’abri et l’équipage et le matériel sensible.

1943 : Les services de renseignement de la Résistance constatent le passage de V 1.

La région de Chimay est infestée de soldats allemands mais aussi de troupes noires (Gardes wallonnes et gardes rexistes). Le groupe Hotton - affilé à l’Armée Secrète - a dû déménager à plusieurs reprises.

Décembre 1943 : 2 avions alliés sont abattus un à Cerfontaine et l’autre à Cul-des-Sarts.

Janvier 1944 : descente de rexistes avec arrestations.

Février 1944 : combat aérien à Momignies. Perte d’avions alliés. Une forteresse volante est abattue à Macquenoise et un chasseur allié à Bourlers.

25 février : Vaste opération de police contre les « terroristes » dixit les Boches. Une fillette et un jeune homme sont tués tandis que Gaston Constant (groupe Hotton) est grièvement blessé. Toute la région est visée puisqu’on voit des troupes dans les Rièzes mais aussi Rance, Mariembourg et Cerfontaine. Les Boches procèdent à 18 arrestations dont celle du curé de la paroisse dans les bois de Rièzes. Tous furent relâchés.

22 avril : nouvelle opération de police. Il est vrai que le groupe du Front de l’Indépendance et des Partisans armés est particulièrement actif. Voir histoire de Monsieur Henri Jacquet.

23 avril : rafle de réfractaires à Momignies. Le même jour combat aérien avec un quadrimoteur descendu. L’équipage est tué.

28 avril passage d’avions qui vont bombarder la France.

2 mai : bombardement de la gare de Lobbes. 23 morts, 65 blessés et des dégâts importants.

23 mai : Le train Beaumont – Sivry est attaqué et mitraillé. Deux machinistes sont tués. Il faut savoir que les attaques se font sur base des renseignements de la Résistance qui prévient les machinistes de l’attaque future. Les machinistes ont le choix : rester au poste pour ne pas éveiller les soupçons mais prendre des risques pour leur vie. Rester à son poste est un acte de bravoure et d’héroïsme. Dès qu’un convoi est attaqué, on demande aux machinistes de se sauver. Sur les tombes de ces braves à Chimay, une mention rappelle leur sacrifice.

3 juin : attaque de la gare de Anor. Le trafic ferroviaire est très perturbé.

8 juin : la Résistance répond à l’ordre général de harcèlement et entreprend différentes actions programmées. L’objectif est de mobiliser un maximum de troupes allemandes sur les arrières et de couper toute communication avec la Normandie. – (voir les actions à Fumay et sur le réseau ferroviaire français).

21 juin : sabotage de deux locomotives – le piston droit est détruit. Les Allemands sont incapables de réparer mais les locomotives seront remises en état rapidement avec l’arrivée des Américains. Le travail des cheminots résistants fut exemplaire. Le matériel roulant a été saboté de façon intelligente.

27 juin : le train est mitraillé à Boussu-en-Fagne. La résistance fait régner un climat d’insécurité pour les Allemands et leurs collaborateurs.

1 juillet : un avion est abattu à Macquenoise.

7 juillet : journée de sabotage un peu partout.

12 août : un convoi de munition allemand est mitraillé à Hirson et explose.

15 août : opération de police à Virelles avec arrestation de réfractaires.

16 et 17 août : opérations de police à Bourlers, Forges, Saint-Remy – où le résistant Jacquet se trouve – puis Virelles, Aublain, Lompret et Robechies. L’opération de police est en clair, un essai désespéré et infructueux de mettre fin à l’action de la Résistance.

30 août : les troupes nazies et leurs collaborateurs quittent la région.

1 septembre : la Gendarmerie de Chimay a rejoint le maquis et évite d’être arrêtée par les Feldgendarmes.

2 septembre : les Boches sont partis. Les troupes alliées prennent position à l’Abbaye et au Château de Chimay.

Martial, commandant du groupe Hotton et de l’Armée secrète vient se mettre à la disposition des troupes alliées.

Note : La région de Chimay est manifestement contrôlée par les F.I. et partisans armés d’obédience communiste. Contrairement à l’Armée secrète qui est une organisation militaire hiérarchisée – chaque membre possède un grade et une fonction bien définie et exécute les ordres formels et militaires de ses chefs sans discuter, le Front de l’Indépendance vise à instaurer un pouvoir communiste en Belgique.

29 octobre : un soviet local est établi à Momignies et de nombreuses arrestations arbitraires sont menées. A Couvin, les suspects arrêtés sont menés à la gendarmerie de Couvin qui remet les prisonniers à l’Armée secrète pour le maintien en détention provisoire mais aussi pour les protéger de la vindicte populaire. Les maquisards ne sont pas heureux de leur rôle mais exécutent la mission confiée par les chefs. Les personnes arrêtées sont traitées correctement.

La guerre est loin d’être finie mais le rôle de la résistance prend fin puisqu’on lui demande de s’engager dans l’armée belge en voie de reconstitution ou chez les Alliés. Certains jeunes s’engagent dans les troupes américaines qui ont grand besoin de fusiliers et de guides.

Source : L'Abbaye N-D de Sourmont pendant la guerre 1940-1945 par le Père Raymond Milcamps publié "Au Pays des Rièzes et des Sarts" - tome 54 pour la résistance.