Michel Mercier

L'abbé Vincent MERCIER, né à Esschen (Anvers) en 1908, dont le seul frère est prêtre aussi, fait ses études à Hoogstraten, sa philosophie et sa théologie à Malines. Il devint prêtre en 1933, vicaire à Winghe-St-Georges, à Leeuw-St-Pierre puis à Putte-Kapellen (Anvers).

Il donna l'exemple d'un zèle ardent dans les œuvres jocistes, les Patronages, les Bibliothèques, les Ligues du Sacré-Cœur, etc.

Son patriotisme fervent et sa charité le poussent à faire partie de l'Armée Secrète, à porter aide aux parachutistes, à se dévouer en toute occasion pour son pays et ses frères.

L'ennemi sut qu'il avait hébergé et fait évader un aviateur anglais.

Conduit en janvier 44 à la Gestapo à Anvers, il y fut torturé à tel point que les docteurs allemands de la prison firent un rapport de protestation contre les bourreaux S.S. Jamais on ne saura tout ce qu'il a enduré. Jamais non plus les brutes purent en tirer une révélation, un nom, des détails, des chiffres.

La souffrance et l'isolement ne purent venir à bout de cette jeune vaillance. L'abbé Mercier encourageait tous ses camarades de cachot. Il en ramena à Dieu et le 14 février un des captifs fit, grâce à lui, sa Première Communion. Rien de contagieux comme la sainteté, chez des hommes qui ont encore l'amour clair de la Patrie et la conscience droite. Héroïsme et sainteté ont visages si semblables!

Le 18 mars 44, on entraîna le prêtre à la prison de Saint-Gilles et il fut condamné à la peine capitale, poteau ou guillotine. Mais il ne fut pas exécuté encore. Deux autres condamnations se préparaient pour lui et dans ces graves affaires ne fallait-il pas tenter de le faire parler?

Devant son mutisme fier, on décida de le conduire, menottes aux poings, en exil. Avec d'autres condamnés à mort, il fut emprisonné à Bonn, puis on les emmena à Cologne. Il put, en ce cachot, confesser et encourager les captifs hollandais.

On le conduisit ensuite à Hanovre, puis à Halle. Il portait toujours les chaînes, et les garda jusqu'au 5 avril 1945. Les mains liées, il demeura seul en sa cellule, à Halle, depuis le 15 août 44

Ce n'est que le 5 avril 45 qu'il fut délié et conduit dans le camp de concentration S.S. de Söchen. On a appris qu'il y a confessé et assisté des prisonniers français condamnés à la mort.

Enfin il fut jeté avec d'autres malheureux captifs dans un de ces «trains fantômes» d'où l'on tira tant de cadavres. Dans chacun des wagons à bestiaux, 88 condamnés entassés, les plus malades écrasés par leurs compagnons la nuit, tous affamés, presque sans pain et sans eau. L'effrayant voyage dura un mois entier.

Le typhus et la dysenterie firent d'incroyables ravages. L'abbé Mercier avait pu recevoir un remède contre la dysenterie qui le dévastait mais il le donna à ses frères d'infortune.

Ils arrivèrent le 8 mai à Thérésienstadt en Tchécoslovaquie, où les Russes les arrachèrent trop tard à leur enfer ambulant. Le prêtre avait donné sa vie, jour après jour, par de nombreuses stations de son chemin de croix.