Une attaque
un P.C de la résistance
Pas simple d’être passeur de mémoire lorsque ceux qui m’ont raconté leurs exploits m’ont fait jurer de me taire et de ne jamais raconter ….
Rosalies, Docteur André parachuté dans les Ardennes pour mettre de l’ordre dans les maquis - Ordres S.O.E. -–de façon définitive pour les traîtres, car les maquis devaient se protéger des infiltrés mais aussi de la racaille qui volait en se faisant passer pour la résistance -
Albert, Jean-Pierre et autres …. Je respecte ma parole donnée.
Emile Guillaume m’a raconté son rôle, modeste selon lui.
« J’étais employé à la commune. Des résistants sont venus me dire …. Emile, demain à 11.00, nous arrivons à la commune. Tu ouvres le coffre-fort car nous avons besoin de cartes d’identité, des cachets et de différents documents…
Le matin j’ouvre le coffre et je sors les documents demandés.
11.00 : Attaque …. Vol des documents et terminé …. Il nous faut un certain temps pour revenir de notre surprise …. Nous prévenons la gendarmerie de Couvin qui, débordée, vient à son aise. … Le commandant de gendarmerie prévient la Kommandantur de Philippeville où l’officier hurle …. Les rexistes nous ont prévenu ….c’est seulement maintenant …. »
L’attaque a été relatée par Martial, chef du groupe Hotton. Ils sont venus avec des pistolets et un véhicule … selon les déclarations des victimes de l’attaque … un groupe lourdement armé avec des mitraillettes …. Assez nombreux …..blablabla ….. intox …. Faut faire croire aux Boches que le groupe de résistants est nombreux et très bien armé … Emile poursuit …. « Je ne te raconte pas les interrogatoires serrés …. » Puis après une deuxième attaque à Pesche où Emile a été muté… Emile prend le maquis …il est brûlé. Fin 44, en sa qualité de résistant il entre à la Gendarmerie avec le grade d’adjudant. Lui comme Jean Pierre (Lucien Joret) quittent rapidement la gendarmerie. Faut dire que le désarmement de la résistance s’est faite avec des heurs entre gendarmerie et anciens résistants … la solidarité entre résistants a été plus forte que l’espoir de faire une belle carrière.
Heureusement, Paul Biron, sergent au 12eme de Ligne, prisonnier de guerre en 40 et rentré en 43 a raconté ses mémoires sous le pseudo de « Mon mononke, Désiré ». Désiré, rentré après une évasion doit se cacher et est aidé par la Résistance dont son ami le Gros Robert est chef local du groupe du Front de l’Indépendance. Désiré rend service ….
Une attaque de la poste ….
Paul Biron, résistant avec les américains comme éclaireur
(résumé venant du livre Mon mononke et la libération). Je conserve l’écriture spécifique à Paul Biron, mélange de français de wallon et orthographe phonétique.
« Y se passe évidemment toutes sortes de nafères.
Je vais non plus te dire quoi et quesse ; mais ….. »
Chapitre 4 et suivants
…..
Faut dire que c’était bien fait ! On avait un plan du bureau de la posse (poste) ousse qu’on va aller et chaque de nous, on a son programme bien limité dans le temps !
On a chacun son rôle et faut pas que l’on rate quelque chose, sinon n’a tout le bazar qui va aller en l’air.
J’ai mis le petit révolver dans ma poche ….
Dans la rue, t’a des tas de gens qui vont travailler et j’ai l’air d’être un pareil ….Peut-être qui n’a des autes vont aller dans un autre bureau de posse que le nôtre faire pareil Passe que, dans la résistance n’a plusieurs groupes. T’as l’A.S, le F.I., l’A(rmée) de .L(ibération) – représenté à Couvin bien que le mouvement soit surtout liégeois -. et des zautes et des zautes .
Faut pas croire que je suis plus courageux qu’un naute, surtout le jour d’aujourd’hui …. J’ai bu deux ou trois petite goutte de frisse péket pour me donner du courage.
J’ai pas bien dormi. D’abord à cause de ce que je vais faire avec les deux zautes ….
On n’a rendez-vous rue de l’Université, dans une petite boutique, qu’on m’a dit d’oublier le nom tout de suite. Moins on en sait mieux sè.
Le Gros Robert (pseudo chef F.I.) y tient un vélà dans sa main.
-C’est por twé (c’est pour toi).
-E avan qui me fait, comme dans les grandes batailles.
-Minute, que je lui dis.
-Qui n’a-ti co ? (quoi encore ?)
Esse qu’on ne ferait pas mieux de bouger nos plaques de vélos ? Si cela tourne mal et qu’on doit abandonner les bécanes, on pourrait nous retrouver ou retrouver les propriétaires rien qu’avec les plaques !
- C’est un malin, qui dit l’autre que je ne sais même pas son nom !
…….
- Désiré, tu te rappelles les instructions ! …..Compris ?
Je n’ai pas réfléchi une seconde que je suis déjà arrivé et les zautes en même temps que moi.
Le Gros Robert et son camarade y vont faire la rafle, tandis que moi, je dois rester dans les couloirs et faire mettre les gens dans le coin en rattendant que ça soye fini. On sait bien qu’on a toute la population avec soi, mais il suffit d’un imbécile ou deux pour tout foutre en l’air.
….
Justement, voilà un petit Monsieur bien propre qui s’amène ave un colis dans sa main.
- Monsieur, que je lui dis en l’arrêtant, nous sommes de la Résistance et nous attaquons la poste. Voulez-vous vous mette dans le coin, ne pas bouger pour ne pas nous gêner !
…..
Voilà la porte qui s’ouvre ! Merde un allemand. Pourvu qu’il soit tout seul …. Passe que ces zèbres là, y sont toujours par deux.
- Los, dans le coin, en lui montrant mon révolver.
- Fous zaudres, Résistance ? Nous zautrs dou petu.
- Ferme quand même ta gueule, que je lui dis. Je me méfie de ces cornichons là.
Y ne fait pas chaud, mais je commence à sentir les chaudes gouttes qui me coulent dans le dos. Mais qu’esse qui chipotent tous les deux ?
….
Voilà mes camarades qui sortent. Le Gros Robert me crie :
- Rapplique en vitesse et suis les consignes !
Je saute sur mon vélo et comme le Gros Robert me l’a bien recommandé.
- Faut être naturel, qui m’avait dit !
Le lendemain dans la gazette à la solde des Boches :
« Des bandits masqués ont attaqué le bureau de poste de Souverain-Wandre ; ils ont emporté une somme de plus de 100.000 FRS, somme destinée à payer les pensions de nos vieux et des épouses de nos prisonniers. Il faut constater, une fois de plus, que ces bandits, sous prétexte de résistance, affament nos populations ….blablabla …. »
« Mon mononke et la Libération » 1944 par Paul Biron Editions Dricot.