Huy, centre de détention

Coup de main sur la prison de Huy.

Mémorial national de la Résistance - citadelle de Huy

Fin 1943, la prison de Huy devient un lieu de détention provisoire des résistants capturés avant que soient prises les décisions définitives sur leur sort final. Comme les résistants sont considérés comme les pires ciminels, des terroristes sans foi ni loi, la déportation en Allemagne est la mesure minimale quand ce n'est pas l'exécution avec les raffinements allemands, décapitation à la hache !

Le Front de l'Indépendance, en collaboration avec l'Armée Secrète, cherche et trouve un moyen de libérer les prisonniers dits politiques. Un groupe constitué de 18 hommes formé des deux organisations, avec la complicité d'un gardien de la prison, monte une opération.

Le 30 décembre 1943, se tient dans la cuisine du café "Le Phare", rue Neuve à Huy, une réunion visant à mettre au point un audacieux coup demain.

Le lendemain, à 6 heures, les portes de la prison sont ouvertes par le gardien complice livrant libre entrée à 16 résistants alors que d'autres font le guet. Le local de garde est rapidement investi, les gardiens de faction désarmés et les portes des cellules ouvertes. 41 détenus peuvent s'échapper en compagnie de leurs libérateurs et se disperser dans les rues et ruelles encore désertes de Huy .

Dans leur fuite, un groupe rencontre fortuitement un soldat allemand, abattu sur le champ. Celui-ci est la seule victime du raid.

Pénurie d'armes...on va se servir au dépôt !

La pénurie de matériel, armes, explosif et appareils de transmission se fait cruellement sentir. Toutefois, dans les dépôts de l'Armée Secrète, ce matériel existe dans l'attente du signal du déclenchement de la délivrance finale. De nombreux groupes réceptionnent le matériel mais c'est l'Etat-major de l'A.S. Qui décide de l'affection du matériel. Le maquis de Silenrieux va recevoir quelques parachutages mais ne possédera pas d'armes lors de la libération en septembre 1944 !

Pour pallier cette lacune, le lieutenant, Louis DREZE du refuge du secteur Sud codé "Puma", décide d'aller se servir lui-même dans un de ces dépôts, celui de Golzinne du refuge "Jaguar" appartenant au même secteur.

Au cours de la nuit du 12 au 13 juin 1944, vers 5 heures du matin, accompagné de quatre hommes et muni d'une camionnette, il enlève 25 mitraillettes, 3 fusils mitrailleurs, 50 grenades et toutes les munitions appropriées.

Sur le chemin du retour au secteur, un incident, et non des moindres, survient au carrefour des Isnes, près de Temploux. A cet endroit, un barrage routier constitué d'une unité de l'armée des auxuailaires ukrainiens ouvre le feu, la camionnette est touchée et se retourne. Les résistants sont indemnes et quatre d'entre eux s'enfuient sous le couvert du tir de leur chef. Celui-ci est fait prisonnier et emmené à la prison de Namur.

Le commandant du refuge "Puma" n'entend pas en rester là, il manigance un coup de main sur la prison de Namur.

La veille du jour fixé pour cette opération, il apprend que les quatre prisonniers ne sont plus à Namur, mais déplacés vers une destination inconnue. En fait, Louis DREZE est emmené à Offenburg (Allemagne), où il est décédé le 26 mars 1945.

"Zoro", alias Arthur DERWA, de la SPB (Section Punitive Belge).

Arthur DERWA, doté d'un physique impressionnant et d'un moral impitoyable, organise dans le secteur Liège-Ouest, la "Section Punitive Belge" forte de 80 gaillards du même gabarit que lui.

Le 16 juin 1944, deux de ces hommes, arme en main, sont pris par un groupe de quatre Allemands près de Hodeige. Ils sont emmenés à la Kommandantur de Waremme.

La nouvelle est vite apprise par la "Section Punitive Belge" de Hodeige qui décide d'intercepter l'escorte sur la route menant à Lamine. Dans un premier accrochage, un homme de "Zoro" est tué. Entretemps, les Allemands et leurs prisonniers se réfugient dans la Ferme VANERSAEVELD. Une trentaine de résistants rapidement ameutés encerclent l'exploitation agricole.

Un des Allemands parvient à s'enfuir pour aller quérir du renfort. Des troupes importantes arrivent de Huy et de Waremme et dispersent les hommes de la SPB dont une partie trouve refuge dans l'église de Lamine, l'autre dans le cimetière où elle subit les premières pertes.

Le bilan de l'engagement commencé à 16 heures et terminé vers 21 heures, accuse 7 morts parmi les SPB, quant à celui des 120 Allemands engagés, il est de 17 tués et 12 blessés.

Le Pont de Huy. Objectif prioritaire

L'écluse de Ham-sur-Sambre.

Durant la nuit du 29 au 30 juillet 1944, une équipe de neuf saboteurs du Secteur Sud a pour mission la mise hors service de l'écluse n° 18, à Ham-sur-Sambre, les portes en amont ainsi que les mécanismes de manœuvre d'ouverture et de fermeture des portes en aval. Tout trafic fluvial se trouve de ce fait totalement impossible pendant un mois environ.

Au moment de l'action, un orage d'une rare violence déferle sur la région. À 1 h 30 du matin le système de mise à feu est néanmoins terminé et, à 1 h 35, retenti la première des cinq explosions, suivie des autres en l'espace d'un quart d'heure. La mission est accomplie avec succès.

Quid du Pont de Huy ?

Les Zones IV et V de l'A.S. sont limitées par la Meuse. La "Zone V" est responsable de la protection des ouvrages d'art situés sur le fleuve, sauf le Pont de Huy inclus dans la "Zone IV" dépendant du secteur Huy-Waremme.

En date du 4 septembre, ordre est donné aux différents commandants de zone de s'opposer à la destruction des ponts.

En ce qui concerne le secteur Huy-Waremme, le commandant du refuge "Marsouin" reçoit la consigne formelle d'empêcher la destruction du Pont de Huy.

Les abords du pont sont jonchés de ruines des maisons. Le 6 septembre, le chef de peloton, Fernand BERLO, trois de ses hommes et un "Partisan Armé" – du F.I.- , s'installent parmi les décombres. Une équipe allemande s'approche pour dynamiter le pont, les résistants les accueillent par un tir nourri qui les met en fuite.

La mèche a pourtant été allumée, un des hommes de Georges DURANT arrache le cordon de la mise à feu et sauve ainsi le pont de la destruction. Heureusement d'ailleurs, car les premiers Américains sont arrêtés sur la rive droite de la Meuse prêts à franchir le pont.