Georges André, Docteur

1922-2010

Triste nouvelle …décès du Docteur Georges André | Club numismatique de Couvin (wordpress.com) 


On sentait Georges André frustré de ne pouvoir encore participer au développement de la région. Quand on lui demandait comment il allait, il nous répondait, irrémédiablement : « Comme un vieillard. » La vieillesse était sans doute, pour lui, le seul combat contre lequel il ne pouvait rien. Or, le fatalisme n’était pas vraiment de sa nature.

La meilleure preuve fut l’un de ses plus brillants combats : celui pour la liberté des hommes. Durant la seconde guerre, il fuit la Belgique pour ne pas devoir travailler pour les Allemands. Traversant la France, il se rend à Pau, puis passe en Angleterre. En Espagne, les franquistes le jettent en prison. Échangé, avec d’autres prisonniers, contre un chargement de céréales, il rejoint l’Angleterre et s’y forme à la Patriotic School, où il est enrôlé dans la célèbre brigade du général Piron, l’autre héros couvinois.

En Écosse, il est formé au morse, sans succès : « Cela ne rentrait pas chez moi : je n’ai aucun sens du son, de la voix, de la musique ! ». Les officiers le destinent plutôt aux sabotages de ponts et d’ouvrages d’art. Il excelle et se spécialise dans la destruction de réservoirs d’eau ! « C’était très important : l’eau était nécessaire pour faire fonctionner les locomotives… » Georges André est alors embarqué à bord d’un Lancaster, vers son pays natal : « J’étais assis sur un petit banc, contre la carlingue. Au-dessus de l’Atlantique, la D.C.A. nous a tiré dessus pendant dix minutes. À chaque obus qui éclatait, je ressentais une grosse dépression dans mon dos. toute la carlingue bougeait. J’avais l’impression que c’était la fin du monde. Il faut l’avoir connu pour comprendre… » Passé la Meuse, Georges André saute de l’avion avec son parachute, près d’Yvoir. Ses cordes se prennent dans un arbre et il tape contre le tronc. Commotionné, il est recueilli par un fermier et, après quelques jours de rétablissement, transporté en charrette vers Namur.

Les résistants locaux avaient été prévenus de son arrivée par ce message : « Les Argonautes sont arrivés en Thessalie pour chercher la Toison d’or ». À moto, il rejoint Bruxelles, où il change sans cesse de maison pour ne pas être repéré.

Il revient ensuite en Ardennes, où il loge dans un abri de bois, en forêt. Et il passe à l’action : « J’ai saboté des châteaux d’eau à l’explosif, ainsi que des voies ferrées, des tunnels et des ponts ». Une fois les Américains arrivés, il revient en Angleterre, d’où il est renvoyé… en Ardennes, pour la célèbre bataille, qui lui permettra d’entrer Allemagne et de libérer son pays. « En Allemagne, les gens croulaient de misère. Hambourg était en ruine. Les lapins couraient dans les rues. C’est à cette époque que nous avons commencé à voir des photos des camps allemands. J’ai su, un mois plus tard, l’horreur qui s’était produite là ». Durant toute sa vie, il a travaillé à la sauvegarde de la mémoire de cette horreur. Notamment en restaurant et défendant l’aménagement du bunker d’Hitler à Brûly-de-Pesche, dont il insistait sur le titre de « Pavillon de la Mémoire ».

 Il sera Bourgmestre de Cul-des-Sarts et lors de la fusion des communes, il rejoindra la liste agir qui est une liste menée par le PSC Jacques Meunier mais une liste d’ouverture. Cette liste obtiendra la majorité absolue. Georges André sera Premier Échevin. Suite à l’arrestation de Jacques MEUNIER, il sera bourgmestre faisant fonction. Par après, il sera Bourgmestre de Couvin pendant un mandat. Robert Dubuc lui succédera. Pas réélu lors du scrutin suivant, il se retira de la politique contraint et forcé. Il a été fait Bourgmestre honoraire de Couvin.


Notons :

Il est décoré par la Fédération Russie pour aide apportée  (sauvetage )aux partisans russes se battant dans les maquis belges

Grades :

Nommé adjudant le 28 mai 1944

Nommé sous lieutenant le 3 septembre 1944

Dans le cadre s'un service de Renseignements et d'Action

À l'issue de la guerre, les membres de différents réseaux de résistance firent l'objet d'une reconnaissance et obtinrent le statut d'Agent de Renseignement et d'Action (ARA). Cette reconnaissance est donc indépendante du réseau auquel étaient attachés les récipiendaires mais uniquement liée à la qualité exceptionnelle des services rendus. Ces agents ARA opéraient notamment dans les réseaux suivants:



Renseignement militaire, économique et politique: le réseau Clarence, le Réseau Luc-Marc, Service de renseignement Zéro, Service Antoine, etc.

Sabotage: le Réseau Luc, le Groupe G - actif sur Couvin-, le Service Antoine, etc.

Évasion d'aviateurs, d'agents et de volontaires: le réseau Luc, Zéro, le réseau Comète, le réseau Pat O'Lary, etc.

Contre-propagande: le réseau Carol, le réseau Samoyède, etc.

Lutte contre la déportation des travailleurs et contre la livraison de produits: le réseau Socrate- actif sur Couvin-, le réseau Baboon-Othello, le réseau Manfriday, etc.

Liaisons par radio et par voies terrestres ou aériennes en faveur des réseaux;

Instruction à la guérilla au sein de certains mouvements de résistance armée tels que l'Armée secrète et le Front de l'Indépendance, tous deux actifs sur Couvin.

Observations météorologiques (réseau BEAGLE) et diverses autres activités en faveur des armées alliées.


La fin de la guerre fut, du point de vue de la reconnaissance des mérites des uns et des autres une période difficile. Il fallait distinguer les membres occasionnels des réseaux de résistance, des "affiliés" de la dernière heure et ceux qui exercèrent «une activité militaire réelle et quotidienne en territoire occupé».

Ces derniers reçurent la reconnaissance officielle d'Agent de Renseignement et d'Action. Les critères d'attribution du statut furent drastiques et sur 45 000 dossiers rentrés, seuls 18 561 firent effectivement l'objet d'une reconnaissance. 35 % d'entre elles ont été attribuées à titre posthume.

C'est ainsi que le Docteur André fut nommé sous-lieutenant par arrêté du Régent.