Galilée

Galilée, symbole de la rupture scientifique du  siècle

Mathématicien, physicien et astronome, Galileo Galilei, dit Galilée  (1564-1642), illustre la rupture scientifique du 17e siècle. En 1609,  la mise au point de sa lunette astronomique bouleverse le monde  des sciences en plaçant l’expérience au cœur de la démarche du savant. Ses observations des astres et des planètes lui permettent  de confirmer l’hypothèse héliocentrique de l’astronome polonais Nicolas Copernic (1473-1543). Il bouscule alors la tradition soutenue par l’Église.

Comment Galilée élabore-t-il une nouvelle conception de  l’univers ?

Les erreurs d’Aristote

Pour soutenir Copernic, Galilée imagine un débat entre plusieurs personnages. Le système aristotélicien est défendu par Simplicio et le système copernicien par Salviati.

Salviati : Nous pouvons, bien mieux qu’Aristote, raisonner des choses du ciel. En avouant qu’il lui était difficile de les connaître parce qu’elles sont éloignées des sens, il admet du même coup que celui dont les sens pourront mieux se les représenter pourrait aussi en traiter philosophiquement avec plus de sûreté. Or, grâce au télescope, nous en sommes de trente à quarante fois plus proches qu’Aristote, nous pouvons y observer cent choses qu’il ne pouvait voir, entre autres les taches sur le Soleil qui étaient totalement invisibles pour lui ; nous pouvons donc traiter du ciel et du Soleil avec plus de sûreté qu’Aristote. […]

Simplicio : Mais d’où tirez-vous que ce n’est pas la Terre mais le Soleil qui est au centre des rotations des planètes ?

Salviati : D’observations qui sont tout à fait évidentes et permettent donc de conclure avec nécessité. Voici celles qui de la manière la plus palpable permettent d’écarter la Terre de ce centre et d’y placer le Soleil : toutes les planètes sont parfois plus près, parfois plus loin de la Terre, et les différences sont si importantes que par exemple Vénus, lorsqu’elle est le plus loin de la Terre, se trouve 6 fois plus éloignée de nous que lorsqu’elle est le plus proche de nous […]. Vous voyez donc à quel point Aristote s’est trompé en croyant qu’elles sont toujours aussi loin de nous.

Galilée, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, Première journée, 81 et Troisième journée, 349.

« L’affaire Galilée » vue par Voltaire

La vraie philosophie ne commença à luire aux hommes que sur la fin du XVIe siècle. Galilée fut le premier qui fit parler à la physique le langage de la vérité et de la raison : c’était un peu avant que Copernic, sur les frontières de la Pologne, avait découvert le véritable système du monde […]. La manière dont ce grand homme fut traité par l’Inquisition, sur la fin de ses jours, imprimerait une honte éternelle à l’Italie si cette honte n’était pas effacée par la gloire même de Galilée. Une congrégation de théologiens, dans un décret donné en 1616, déclara l’opinion de Copernic, mise par le philosophe florentin dans un si beau jour, « non-seulement hérétique dans la foi, mais absurde dans la philosophie ». Ce jugement contre une vérité prouvée depuis en tant de manières est un grand témoignage de la force des préjugés. Il dut apprendre à ceux qui n’ont que le pouvoir à se taire quand la philosophie parle, et à ne pas se mêler de décider sur ce qui n’est pas de leur ressort. Galilée fut condamné depuis par le même tribunal, en 1633, à la prison et à la pénitence, et fut obligé de se rétracter à genoux.

Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, I, chapitre CXXI, 1756