Louis-Napoléon Bonaparte, premier président de la république

Les pouvoirs donnés au président par la Constitution de 1848

Art. 45. - Le président de la République est élu pour quatre ans, et n’est rééligible qu’après un intervalle de quatre années. […]

Art. 49. - Il a le droit de faire présenter des projets de loi à l’Assemblée nationale par les ministres. Il surveille et assure l’exécution des lois.

Art. 51. - Il ne peut céder aucune portion du territoire, ni dissoudre ni proroger l’Assemblée nationale, ni suspendre, en aucune manière, l’empire de la Constitution et des lois.

Art. 52. - Il présente, chaque année, par un message, à l’Assemblée nationale, l’exposé de l’état général des affaires de la République.

Art. 53. - Il négocie et ratifie les traités. Aucun traité n’est définitif qu’après avoir été approuvé par l’Assemblée nationale.

Art. 54. - Il veille à la défense de l’État, mais il ne peut entreprendre aucune guerre sans le consentement de l’Assemblée nationale.

Art. 55. - Il a le droit de faire grâce, mais il ne peut exercer ce droit qu’après avoir pris l’avis du Conseil d’État. Les amnisties ne peuvent être accordées que par une loi. Le président de la République, les ministres, ainsi que toutes autres personnes condamnées par la Haute Cour de justice, ne peuvent être graciés que par l’Assemblée nationale.

Extraits de la Constitution de la Deuxième République, 4 novembre 1848

L’appel à un changement de la Constitution

Lors d’un voyage à Dijon, Louis-Napoléon Bonaparte rend explicites ses projets de réforme de la Constitution.

La France ne veut ni de retour à l’Ancien Régime, quelle que soit la forme qui le déguise, ni l’essai d’utopies funestes et impraticables. C’est parce que je suis l’adversaire de l’un et de l’autre qu’elle a placé sa confiance en moi. S’il n’en était pas ainsi, comment expliquer cette touchante sympathie du peuple à mon égard ?

Depuis trois ans, on a pu remarquer que j’ai toujours été secondé quand il s’est agi de combattre le désordre par des mesures de compression : mais lorsque j’ai voulu faire le bien, fonder le Crédit foncier, prendre des mesures pour améliorer le sort des populations, je n’ai rencontré que de l’inertie. […]

Je profite de ce banquet comme d’une tribune pour ouvrir à mes concitoyens le fond de mon cœur. Une nouvelle phase de notre ère politique commence. D’un bout de la France à l’autre des pétitions se signent pour demander la révision de la Constitution1. J’attends avec confiance les manifestations du pays et les décisions de l’Assemblée, qui ne seront inspirées que par la seule pensée du bien public. Si la France reconnaît qu’on n’a pas eu le droit de disposer d’elle sans elle, la France n’a qu’à le dire : mon courage et mon énergie ne lui manqueront pas.

Louis-Napoléon Bonaparte, discours de Dijon

à l’occasion de l’inauguration de la section de chemin de fer entre Tonnerre et Lyon, 1er juin 1851.