Les mutations des espaces ruraux en Toscane

Une diversité de paysages 

Définir le paysage toscan revient à évoquer les clichés qui le caractérisent : de douces collines qui ondulent à perte de vue, des vignobles et des oliviers cultivés en terrasses, des cyprès alignés droits comme des « i ». La Toscane donne en effet l’image d’une campagne très sophistiquée, d’une région façonnée par des hommes artistes, aux mains expertes. L’organisation de l’espace se caractérise par l’utilisation de trois espèces emblématiques : le cyprès, l’olivier et la vigne. Le rôle du cyprès est bien défini : couper le vent sur les lignes de crête, souligner les bordures des grands axes de circulation, définir des limites de propriété. L’olivier s’épanouit pleinement sur les collines de l’arrière-pays, entre 300 et 500 mètres d’altitude. Sur les presque 250 espèces d’oliviers recensées dans le monde, une cinquantaine sont cultivées en Toscane. Quant à la vigne, elle a toujours été omniprésente en Toscane.

Mais, au-delà de ces éléments carac­téristiques du centre de la région, la Toscane présente un paysage plutôt diversifié. La Maremme, par exemple, contrée de terres plates peu à peu conquises sur les marécages s’est ouverte au tourisme depuis quelques années. Dans le quart nord-ouest de la Toscane, le massif des Alpes apuanes, inséré entre une frange littorale et la longue vallée de la Garfagnana, offre un paysage essentiellement montagneux et forestier.

Jean-François Breuiller et Melani Le Bris, Toscane - Ombrie, GÉOguides, 2018.

Le vin de Chianti, une production internationale en mutation

Le 24 septembre 1716, Cosimo III, grand-duc de Toscane, décide par décret que le vin de Chianti devra uniquement provenir d’une zone délimitée entre Florence et Sienne. La toute première appellation contrôlée pour un vin est née.

Aujourd’hui, cette région de 70 000 hectares produit 35 millions de bouteilles par an de Chianti classico, l’un des vins les plus connus de la planète. Environ 80 % de cette production est exportée vers une centaine de pays et la réputation de cette région toscane n’a cessé de se renforcer pour en faire l’un des lieux cultes des amateurs de vin. […]

Pourtant, le Chianti n’a pas toujours été associé à cette qualité et du Chianti ordinaire est aujourd’hui produit dans toute la Toscane, au-delà de l’appellation d’origine « Chianti classico ». Car depuis 2010, il n’est plus possible d’en produire dans le « classico », où les grands producteurs ont obtenu gain de cause pour protéger leur appellation.

Généralement moins cher, le chianti ordinaire reste associé pour beaucoup à la bouteille entourée de paille que des centaines de trattorias1 dans le monde utilisaient dans le passé comme bougeoirs.

L’idée à l’origine du décret pris en 1716 était de garantir un style et une qualité liés à une combinaison bien précise : la terre de Toscane, son climat et le savoir-faire local. Trois siècles plus tard, cette idée perdure, mais l’accent est également mis sur certains micro-« terroirs » : la nature de certains sols, leur exposition, leur altitude...

Angus Mackinnon, Agence France-Presse, 23 septembre 2016.