Les expositions universelles de Paris 1889 et 1900

Les Expositions universelles

La France accueille deux Expositions universelles à  des dates symboliques : en 1889, centenaire du début de la Révolution française et en 1900, date charnière pour admirer  les prouesses du 19esiècle et présager des progrès à venir.  Les deux expositions précédentes dataient de 1855 et 1867. Ces événements qui sont la vitrine des innovations  technologiques mais aussi de la gloire de l’empire colonial,  s’ils accueillent d’autres nations amies, visent d’abord  à favoriser le rayonnement français.

 Comment les Expositions universelles montrent-elles  le dynamisme industriel de la France ?

Un bilan de l’Exposition de 1889

On a calculé que plus de 6 millions de personnes étrangères à Paris avaient visité l’Exposition et on a essayé de faire une moyenne des dépenses de chacun d’eux. On a supposé que les 1 500 000 étrangers avaient pu dépenser 500 fr. chacun, soit 750 millions ; les provinciaux, 100 fr. en moyenne, soit 4 à 500 millions, soit au total, 1 250 millions. […] Mais, au-dessus de ces millions gagnés et de ces profits matériels, aussi importants qu’ils soient, une richesse plus précieuse encore, richesse incalculable, reste acquise à la France : c’est le profit moral qu’elle a retiré, la renommée et l’honneur qu’elle a acquis en entreprenant et en réussissant une œuvre aussi considérable. […] En définitive, la France n’a rien perdu de sa grandeur : frappée durement, elle a mûri à l’école de l’adversité, et elle vient de prouver qu’il ne faut jamais désespérer d’elle puisque ses enfants sont capables de tels efforts.

Alfred Neymark, « Ce que la Francea gagné à l’Exposition de 1889 », Journalde la société statistique de Paris, 1890.

Le festival du progrès

L’effort persévérant, l’énergie passionnée de M. Alfred Picard1 et de ses collaborateurs ont mené à terme l’œuvre prodigieuse que je vous présente aujourd’hui. […] Le visiteur de l’Exposition leur devra ce miracle de pouvoir, en quelques minutes, faire le tour du monde. Des types de toutes les architectures, groupés côte à côte, sur les deux rives de la Seine, en un chatoyant et harmonieux désordre, captiveront son imagination en amusant ses yeux. […] Quels progrès peuvent être réalisés, quelles transformations opérées, en l’espace seulement de trois générations, un regard jeté sur l’Exposition centennale suffira à nous le révéler. […] Je bornerai mon ambition à rappeler comment s’est renouvelée, en cent ans, la face du monde matériel. […] Sous notre main, nous avons vu les forces de la nature s’asservir et se discipliner. La vapeur, l’électricité, réduites au rôle de servantes dociles, ont transformé les conditions de l’existence. La machine est devenue la reine du monde. Installé en maître dans nos usines, l’organisme de fer et d’acier chasse et remplace par un lent et continu envahissement les travailleurs de chair et d’os, dont il fait ses auxiliaires. Quel changement dans les relations humaines ! Les distances diminuent jusqu’à disparaître. En quelques heures sont dévorés des parcours qui ne s’accomplissaient jadis qu’au prix de jours et de semaines. Le téléphone, ce sorcier, fait entendre à notre oreille la parole et jusqu’au timbre de la voix d’un ami séparé de nous par des centaines de lieues.

Alexandre Millerand, ministre du Commerce, Discours d’inauguration de l’Exposition universelle, 14 avril 1900.

1 Alfred Picard est un haut-fonctionnaire, successivement rapporteur général de l’Exposition universelle de 1889 puis commissaire général de celle de 1900.