Louise Michel pendant la commune de Paris

En quoi Louise Michel a-t-elle été une pionnière dans les luttes sociales durant la Commune ?

Louise Michel pendant la commune de Paris 

En 1871, Louise Michel (1830-1905) est institutrice à Paris. Lorsque les Parisiens décident de garder les canons de Montmartre que réclame le gouvernement national de Versailles, elle s’engage auprès d’eux dans la Commune. Ce gouvernement révolutionnaire réorganise l’économie au profit des ouvriers et met en œuvre une politique laïque. Les communards sont assiégés par les Versaillais, qui les écrasent brutalement en mai1871 pendant la Semaine sanglante*. Active durant toute la Commune, Louise Michel en est l’un des symboles.

En quoi Louise Michel a-t-elle été une pionnière dans les luttes sociales durant la Commune ?

Lire, comprendre et analyser les documents

1. Présentez en quelques lignes le contexte historique de l'apparition de la "Commune de Paris" (Ecoute active des émissions "2000 ans d'histoire de France inter"   et "Karanbolage" d'Arte 

2. Quels sont les objectifs de la Commune et contre qui doit-elle faire face ? (écoutes actives 1 et 2 - doc. 1)

3.  Démontrez que Louise Michel est pionnière dans le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes. (écoute active 3 et doc.2) 

4. Quelle vision Victor Hugo et Jules Girardet cherche-t-ils à donner de Louise Michel ? (doc. 3 et 4)

Parcours 1 : Question problématisée

En vous appuyant sur les informations prélevées dans les documents, rédigez un texte en réponse à la problématique : En quoi Louise Michel a-t-elle été une pionnière dans les luttes sociales durant la Commune ?


Parcours 2 : Analyse du document 1 

Analysez le document 1 et montrez que le Comité de vigilance des citoyennes a une action sociale renversant l’ordre établi.

Ecoute active 1

Ecoute active 2

Doc 1 L’œuvre sociale des débuts de la Commune 

Au nom du Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement, qui administre l’arrondissement durant la Commune, Louise Michel écrit à Georges Clemenceau*, alors maire de Montmartre.

« Notre Comité républicain de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement voulant prendre notre part de la tâche patriotique, vous demandons : 

1. Un pouvoir immédiat de procéder à une enquête dans chaque maison du 18e arrondissement afin de connaître le nombre de vieillards, des infirmes et des enfants afin que la république ne soit pas trompée, 

2. Pouvoir de requérir immédiatement les maisons abandonnées du 18e arrondissement afin d’y loger les citoyens sans abri et d’y établir des asiles où les enfants seront nourris […], 

4. Abolition complète dans le 18e arrondissement des ouvroirs religieux1 et des maisons de prostitution, 

5. Fonte des cloches de Montmartre pour les canons. » 

Louise Michel, Lettre à Georges Clemenceau, mars 1871.

1. Établissements où des dames tricotaient pour les pauvres.

Doc 2 Une nouvelle vision des droits des femmes 

Durant la Commune, Louise Michel œuvre à la création de crèches, à l’instruction des filles, à la reconnaissance de l’union libre et du divorce et à l’interdiction de la prostitution.

« Au Droit des femmes, comme partout où les plus avancés d’entre les hommes applaudissent aux idées d’égalité des sexes, je pus remarquer comme je l’avais toujours vu avant et comme je le vis toujours après, que malgré eux et par la force de la coutume et des vieux préjugés les hommes auraient l’air de nous aider, mais se contenteraient toujours de l’air. Prenons donc notre place sans la mendier. Les droits politiques sont déjà morts. L’instruction à égal degré, le travail rétribué pour les états de femme, de manière à ne pas rendre la prostitution le seul état lucratif, c’est ce qu’il y avait de réel dans notre programme. » 

Louise Michel, Mémoires, 1886.

Ecoute active 3

Doc 3 L'hommage de Victor Hugo à Louise Michel

Durant son procès en décembre 1871, Louise Michel réclame la peine capitale : « Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit aujourd’hui qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi. »

« Ayant vu le massacre immense, le combat,

Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat

La pitié formidable était dans tes paroles ;

Tu faisais ce que font les grandes âmes folles,

Et lasse de lutter, de rêver, de souffrir,

Tu disais : J’ai tué ! car tu voulais mourir.

Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine […].

Tu disais aux greniers : J’ai brûlé les palais !

Tu glorifiais ceux qu’on écrase et qu’on foule ;

Tu criais : J’ai tué, qu’on me tue ! Et la foule

Écoutait cette femme altière s’accuser.

Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ;

Ton œil fixe pesait sur les juges livides, […]

La pâle mort était debout derrière toi.

Toute la vaste salle était pleine d’effroi,

Car le peuple saignant hait la guerre civile.

Dehors on entendait la rumeur de la ville. »

Victor Hugo, « Viro Major », 1871.

Doc 4 La reddition de Louise Michel  

Jules Girardet, L’Arrestation de Louise Michel, huile sur bois, 45x37cm, 1871. Saint-Denis, musée d’art et d’histoire de Paul Éluard.

Le 24 mai 1871, Louise Michel se rend aux Versaillais qui détiennent sa mère en otage. Emprisonnée puis déportée, elle poursuit  ses combats et devient progressivement une héroïne mythique.

Manifeste de Louise Michel, mai 1871

Cette déclaration écrite, affichée à la mairie du Xe arrondissement, indique le rôle joué par Louise Michel dans les comités chargés de recruter des ambulancières et des combattantes pour les barricades aux derniers jours de la lutte.

Au nom de la révolution sociale que nous acclamons, au nom de la revendication des droits du travail, de l’égalité et de la justice, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés proteste de toutes ses forces […].

Non, ce n’est pas la paix, mais bien la guerre à outrance que les travailleuses de Paris viennent réclamer.

Aujourd’hui une conciliation serait une trahison. Ce serait renier toutes les aspirations ouvrières acclamant la rénovation sociale absolue, l’anéantissement de tous les rapports juridiques et sociaux existant actuellement, la suppression de tous les privilèges, de toutes les exploitations, la substitution du règne du travail à celui du capital, en un mot, l’affranchissement du travailleur par lui-même !

Six mois de souffrances et de trahison pendant le siège, six semaines de luttes gigantesques contre les exploiteurs coalisés, les flots de sang versés pour la cause de la liberté, sont nos titres de gloire et de vengeance !

Vive la République universelle ! Vive la Commune !

Louise Michel, Mémoires, F. Roy, Paris, 1886.