H10 Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre

Comment la grande guerre bouleverse-t-elle les sociétés ?

Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la guerre

Comment la grande guerre bouleverse-t-elle les sociétés ?

I) Les civils victimes de guerre

Les civils doivent s’adapter à l’expérience de la guerre. Il faut vivre avec la séparation, le surcroît de travail, les pénuries, les rationnements et l’augmentation des prix. La situation est particulièrement dramatique en Allemagne.

Les civils sont également pris pour cibles. Les bombardements se multiplient sur l’arrière et terrifient les populations. En zone occupée, les civils sont soumis au travail forcé, à la déportation et à la violence des soldats.

Les Arméniens, minorité chrétienne de l’Empire ottoman, sont considérés comme des ennemis de l’intérieur. Alors qu’ils ont déjà été victimes de massacres à la fin du XIXe siècle, les difficultés militaires précipitent leur élimination. Entre 1,2 et 1,5 million d’Arméniens sont victimes d’un génocide.

II) La mobilisation des sociétés et des économies

Dans cette guerre industrielle et d’usure, les États réorganisent leurs économies pour planifier et intensifier la production. Ils doivent financer l’effort de guerre, assurer la logistique, innover, mais aussi soigner les blessés et mutilés. Au-delà, de l’aspect purement militaire, la médecine, l’aviation et beaucoup d’autres connaissent des innovations majeures

Les belligérants ont besoin de plus de main-d’œuvre et font appel aux travailleurs étrangers, coloniaux et aux femmes qui jouent un rôle majeur ; c’est le début d’une véritable émancipation des femmes. Mais les conditions sont difficiles et des grèves éclatent en 1917.

III) La mobilisation des esprits

Alors que le conflit s’enlise, l’arrière doit tenir. Pour ne pas affaiblir le moral des populations, l’information est contrôlée et le « bourrage de crâne » généralisé. Soldats comme civils doivent rester mobilisés.

La propagande tente de consolider le consensus national, justifiant les buts de guerre, stigmatisant l’ennemi. Une culture de guerre se développe. Elle se heurte toutefois à l’épuisement des sociétés et à l’expression, qui reste minoritaire, de formes de refus et de contestations.


« Nous marchions sur une terre bouleversée, calcinée, puante, semée de débris de fils de fer, de piquets, de vêtements hachés et sanglants, de paquets de chair humaine. A cinq heures le bombardement allemand commençait. Pendant le même temps, des mitrailleuses (…) combinaient leurs effets avec ceux de l’artillerie. De minuit à 6 heures, bombardement moins intense.  A l’aube nous avons reçu des grenades, des bombes, un tas d’engins infernaux qui affolent nos hommes. Je me suis lancé en avant, le revolver à la main. J’en ai tué 3 à bout portant. Deux caporaux m’avaient suivi : ils ont été tués tous les deux. Nous avons perdu les tranchées conquises. Mais le soir, à 4 heures, nous y retournions et les occupions de nouveau. Nous y restions malgré les contre-attaques. Nous y restions malgré le bombardement incessant et formidable (...) Cette guerre est ignoble. (..) Je suis écœuré, saoul d’horreurs. » 

Lettre de Maurice Genevoix à Paul Dupuy, directeur de l’Ecole normale supérieure,  23 février 1915.