Des métropoles régionales et des villes petites et moyennes

L'importance des villes petites et moyennes

Outre les métropoles, il existe une multiplicité de villes petites et moyennes qui forment l’essentiel de l’armature urbaine du territoire national.

Les villes moyennes polarisent un espace régional plus restreint que les métropoles, mais elles ont un rôle essentiel dans la vie quotidienne des habitants car elles concentrent les services administratifs, sanitaires et commerciaux essentiels aux populations. Elles possèdent en effet les services intermédiaires auxquels la population d’un bassin de vie a recours de manière régulière quoique non quotidienne, comme les administrations, les hôpitaux, les universités… Elles jouent un rôle d’intermédiaire entre les métropoles et le reste du territoire. Toutefois, ces villes moyennes sont de plus en plus menacées dans leurs fonctions par le retrait de certains services de l’État et par le choix de la concentration de certains services dans des pôles plus grands. [...]

Le réseau des petites villes est quant à lui très diversifié. Ces villes, relais locaux, ont des fonctions de proximité essentielles, notamment en ce qui concerne les commerces et les services du quotidien. Elles peuvent par ailleurs avoir des fonctions spécialisées qui dépendent de la nature de leurs interactions avec le reste du réseau urbain.

Éloïse Libourel, géographe au laboratoire ville mobilité transport (LVMT), Géographie de la France, © Armand Colin, 2017.

Le dynamisme des métropoles régionales

Traduction urbaine de la mondialisation, la métropolisation consiste [...] en une concentration de la population et des activités de commandement dans les plus grandes villes, mais aussi en un processus de hiérarchisation des activités profitant aux villes mondiales mises en réseau. Les fonctions métropolitaines supérieures [...] reposent sur quelques secteurs clés : les arts, la banque-assurance, le commerce, la gestion, l’information, l’informatique, la recherche, les services aux entreprises, les télécommunications et les transports. […]

L’attractivité des métropoles s’établit [...] d’un côté selon des critères classiques – une bonne accessibilité grâce à une desserte performante en transports, des services aux entreprises suffisamment développés, un marché de main-d’œuvre et de consommation –, et d’un autre côté selon des nouvelles aménités comme la qualification de la main-d’œuvre, l’importance des structures de formation supérieures et de recherche ou la qualité du cadre de vie et de la vie culturelle.

Ces évolutions modifient la hiérarchie urbaine : Grenoble est la 2e métropole française selon les fonctions métropolitaines, suivie par Toulouse et Montpellier, alors que Lyon, 2e agglomération de France, n’est que 4e métropole, et Marseille, 3e agglomération, n’est que la 11e métropole.

Alexandra Monot (dir.), docteur en géographie, La France, géographie générale, Bréal, 2017.


les métropoles ont dynamisé la province

L’idée qu’il y ait en France plusieurs grandes villes connectées au monde, dotées d’une vie culturelle foisonnante, d’un marché de l’emploi dynamique et d’une offre universitaire diversifiée est rassurant. Cela veut dire que l’on n’est plus obligé de rester à Paris pour s’épanouir professionnellement ! C’est une rupture considérable par rapport à ce qu’étaient les régions françaises auparavant. Désormais, les Français ont le choix, car les métropoles ont dynamisé la province. […] 30% de notre PIB provient du Grand Paris et 60% d’une douzaine d’agglomérations. Quand on aide les grandes villes, on aide donc l’économie française tout entière ! C’est logique dans la mesure où les métropoles sont mieux adaptées à la mondialisation et à l’économie de la connaissance. Celle-ci repose en effet sur la concentration de grandes entreprises, de laboratoires de recherche, d’universités, de services financiers, etc. Dans ces conditions, Lyon et Nantes sont évidemment mieux placées que Perpignan ou Châteauroux […]. Notre pays a la chance, avec sa capitale, de disposer de l’une des rares « villes monde », à l’égal de New York, Londres ou Tokyo. Mais cet avantage a une contrepartie : la relégation, dans la hiérarchie européenne, des autres grandes ville françaises, qui ne peuvent rivaliser avec Munich, Milan ou Barcelone, situées dans des pays où les États ont laissé s’épanouir de puissants ensembles urbains. […] Ce n’est pas parce que la métropolisation représente un atout que les autres territoires sont condamnés ! […] Prenez le Puy du-Fou, en Vendée, où l’on a créé l’un des plus grands parcs d’attractions d’Europe, avec pour toute métropole La Roche-sur-Yon. […] Le développement des métropoles peut aussi profiter aux villes moyennes, et, par « ruissellement » aux petites villes et aux campagnes.

Source : Interview de Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote, fondatrice de l’Institut français de géopolitique à l’université Paris VIII. Propos recueillis par Michel Feltin-Palas, L’Express hors-série, janvier 2018.