Saïgon, ville coloniale

Saîgon, ville coloniale

En 1887, Saigon, citadelle de 50 000 habitants conquise  par la France en 1859, est proclamée capitale de l’Union indochinoise. Réaménagée, la ville se développe rapidement. De nombreux bâtiments à l’architecture occidentale sont construits. À mesure  que la population augmente, le centre-ville européen, administratif et militaire, s’étend vers le quartier commercial de Cholon,  plus multiculturel. Vitrine de la colonisation française en Indochine, Saîgon devient la « perle de l’Extrême-Orient ». 

Comment l’urbanisme de Saîgon reflète-t-il  le projet colonial ?

L’aménagement de la ville européenne

Outre les Annamites, on comptait encore en 1864 six mille Chinois, presque tous commerçants, habitant depuis le fleuve jusqu’à Tong Kéou, un certain nombre d’Indiens, environ 200, qui s’occupaient d’élever du bétail et de conduire des voitures. […] Les fonctionnaires et les gens les plus riches habitaient sur le plateau, entre la citadelle et la plaine des Tombeaux, les pauvres gens le long des arroyos1.

Pour créer les établissements de commerce et de navigation, on fut obligé de relever les bords de la rivière. […] Lorsque la pente fut devenue à peu près régulière, on dessina des rues se coupant à angle droit. Ces larges voies macadamisées, plantées d’arbres qui devaient grandir ne furent garnies de maisons que très lentement ; les colons, peu nombreux, manquant de matériaux puisque le pays n’en fournit pas, ne pouvaient construire qu’en bois ; les établissements publics étaient des baraquements : les fonctionnaires habitaient des maisons à la mode annamite, et le gouverneur lui-même n’avait qu’un palais de bois démontable, fabriqué à Singapour.

En 1869, les recettes prévues pour les travaux de Saigon montaient à 554 000 fr. […] Les dépenses visaient l’augmentation du corps de police, l’établissement d’une école municipale, la création d’une bibliothèque, d’un service gratuit de vaccine ; la construction d’un marché en fer, le rechargement des rues en cailloux et sable, la construction d’égouts et de trottoirs.

Prosper Cultru, Histoire de la Cochinchine française des origines à 1883,

A. Challamel, 1910.

1. Cours d’eau temporaires, ruisseaux qui se remplissent lorsqu’il pleut.