"Racisme" et colonisation

Jules Ferry justifie la colonisation

Le républicain opportuniste* Jules Ferry, dont le gouvernement a été renversé en mars 1885, cherche à convaincre les députés de voter de nouveaux crédits coloniaux. 

« Sur le terrain économique, je me suis permis de placer devant vous […] les considérations qui justifient la politique d’expansion coloniale […] : le besoin de débouchés. Messieurs, il y a un second point […] que je dois également aborder […] : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […] Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures […]Un troisième ; plus délicat ; […] c’est le côté politique de la question. […] Messieurs, dans l’Europe telle qu’elle s’est faite, dans cette concurrence de tant de rivaux […] rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, […] en regardant comme un piège, comme une aventure, toute expansion vers l’Afrique ou vers l’Orient, […] c’est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier rang au troisième ou au quatrième. »

Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885.

Racisme scientifique et colonialisme 

Science fondée au xixe siècle, l’anthropologie nourrit le discours sur l’inégalité de ce que l’on appelle alors les « races humaines ». Cette notion est rejetée par les découvertes scientifiques ultérieures. 

« L’étude des Nègres en Algérie et en Tunisie est d’autant plus intéressante que l’avenir de ces deux pays dépend en grande partie d’eux. Dans les régions et saisons très chaudes, eux seuls peuvent braver les ardeurs du soleil. Ils sont fort doux, très gais, un peu enfants. Insouciants, ils vivent volontiers au jour le jour […] Ils sont un peu lents à apprendre une chose, mais quand ils la savent, ils la savent bien et la pratiquent régulièrement. […] L’Arabe, de prime abord, est le groupe le plus brillant, celui qui séduit le plus. Mais c’est tout extérieur. C’est du clinquant qui perd toute sa valeur dès qu’on l’examine. De tous les fléaux de l’Algérie et de la Tunisie, c’est peut-être le plus terrible. […] Orgueilleux, dominateur, paresseux, bataillard, nomade ou tout au moins habitant sous la tente, toujours mobile, toujours prêt à changer de place, il est l’antipode de notre civilisation. […] Il n’est bon que pour le service militaire. » 

Gabriel de Mortillet, « Sur les Nègres de l’Algérie  et de la Tunisie », Bulletins et mémoires de  la Société d’Anthropologie de Paris, n°1, 1890.