Bartholomé de Las Casas et la controverse de Valladolid

Les Amérindiens sont des hommes

Nous considérons cependant que les Indiens sont réellement des hommes, et non seulement capables de comprendre la religion catholique, mais selon nos informations, excessivement désireux de l’embrasser. […]

Nous décidons et déclarons, nonobstant toute opinion contraire, que lesdist Indiens […] ne pourront être en aucune façon privés de leur liberté ni de la possession de leurs biens […] et qu’ils devront être appelés à la foi de Jésus-Christ par la prédication de la parole divine par l’exemple d’une vertueuse et saine vie.

Paul III, bulle Sublimis Deus, 1537.

Paul III, bulle Sublimis Deus, 1537.

Les Amérindiens sont nés pour être esclaves

[Les Amérindiens] ont établi leur nation de telle sorte que personne ne possède rien individuellement, ni maison ni champ, qu’il ne puisse laisser à ses héritiers dans sa volonté, car tout appartient à leurs maîtres que, avec une nomenclature incorrecte, ils appellent rois […]. Et l’accomplissement de tout cela, non pas sous la pression des armes mais de manière volontaire et spontanée, est un signe certain du service et de l’âme de base de ces barbares […].

Si ce type de nation servile et barbare n’avait pas été à leur goût et à leur nature, il leur aurait été facile, comme ce n’était pas une monarchie héréditaire, de profiter de la mort d’un roi pour obtenir un État plus libre et plus favorable à leurs intérêts ; en ne le faisant pas, ils ont déclaré très clairement qu’ils étaient nés esclaves et non civiques et libres.

Juán de Sepúlveda, Democrates alter, Séville, 1545.

La conquête, un terme inadmissible

Ce terme ou vocable de conquête, en ce qui concerne les Indes découvertes ou à découvrir, est tyrannique […]. Car il ne saurait y avoir, nulle part aux Indes, de guerres contre les Maures1, comme en Afrique, ni contre les Turcs et hérétiques qui possèdent nos terres, persécutent les chrétiens et s’efforcent de détruire notre sainte foi : il ne s’agit que d’y prêcher l’évangile du Christ, d’y propager la religion chrétienne et d’y convertir les âmes. Ce qui requiert, non la conquête armée mais la persuasion de douces et divines paroles, et les œuvres exemplaires d’une saine vie.

Bartolomé de Las Casas, Très Brève Relation de la destruction des Indes, 1552.

1. Arabes musulmans.