Bismarck et le Reich

La puissance de la Prusse selon Bismarck

L’Allemagne n’admire pas le libéralisme1 prussien, mais sa puissance ; la Bavière, le Wurtemberg, le pays de Bade2 peuvent bien laisser le libéralisme se développer, ils n’obtiendront pourtant pas le rôle de la Prusse ; la Prusse doit rassembler sa force, faire bloc et attendre le moment favorable, qu’elle a déjà manqué plusieurs fois dans le passé ; les frontières du congrès de Vienne ne sont pas favorables à un fonctionnement sain de l’État. Ce n’est pas par les discours et les votes à la majorité que les grandes questions de notre temps seront décidées – ça a été la grande erreur de 1848 et 1849 – mais par le fer et le sang.

Otto von Bismarck, Œuvres choisies, volume 3.


Bismarck et la France

J’étais convaincu que l’abîme creusé au cours de l’histoire entre le nord et le sud de la patrie ne pouvait pas être plus respectueusement comblé que par une guerre nationale contre le peuple voisin français qui était notre agresseur de toujours. L’unification de l’Allemagne n’était plus, selon moi, qu’une question de temps. Pour la résoudre, la Confédération de l’Allemagne du Nord était la première étape, mais il ne fallait pas provoquer trop tôt l’hostilité de la France et peut-être de la Russie, ne pas donner prise à la soif de revanche de l’Autriche. Il ne fallait pas faire une guerre franco-allemande avant que l’unité de l’Allemagne ne soit réalisée. Ma pensée dominante était donc de retarder cette guerre jusqu’au moment où nos effectifs seraient au complet. Chaque année de délai pour la guerre renforçait notre armée de plus de 100 000 soldats.

Otto von Bismarck, Pensées et souvenirs, 1899.