Qu'est-ce que l'Humanisme ?

Comment la rupture avec le Moyen Âge conduit-elle l’humanisme à une vision renouvelée de l’homme?

Questions 

1)     Comment les artistes de l’antiquité sont-ils qualifiés ? Par quelles expressions, Etienne Dolet désigne-t-il le moyen âge ? (doc.1)

2)      En quoi le contenu de ces documents permet- il de dire qu’entre 1490 et 1520 les hommes sont à la fois « entre deux temps » et « entre deux mondes » ? (doc.1 et 2)

3)     Dans quels domaines les connaissances des hommes sont-elles élargies et précisées ? Quelles méthodes ont été employées pour y parvenir ? En quoi ces découvertes vont-elles aboutir à une redéfinition du rôle de l’homme ? (doc.2 et 3)

4)     Sur quelles disciplines l’enseignement humaniste s’appuie-t-il ? Quels sont les buts de cet l’enseignement ?

Question problématisée

Comment la rupture avec le Moyen Âge conduit-elle l’humanisme à une vision renouvelée de l’homme ?

Doc.1a Une vénération nouvelle pour l’Antiquité

Combien de papes, Très Saint-Père, qui possédaient la dignité de votre Seigneurie, mais non pas son savoir, son esprit et sa grandeur d'âme, combien de papes n'ont-ils pas laissé anéantir des temples antiques, des statues, des arcades, et d'autres superbes constructions qui furent la gloire de leurs fondateurs ? [...] 

Il vous appartient, Très Saint-Père, de veiller à ce que les derniers vestiges de cette antique mère de l'Italie, témoin glorieux de la valeur et de la puissance de ces esprits divins dont le souvenir enflamme parfois encore nos esprits, ne soient pas anéantis par des méchants et des ignorants. Trop d'offenses ont déjà été faites à ces âmes qui, de leur sang, donnèrent tant de gloire au monde, à notre patrie et à nous-mêmes.

Raphaël, lettre au pape Léon X, 1519.

Doc.1b La rupture avec le moyen âge

II y a un siècle, la barbarie régnait partout en Europe [...]. Mais une armée de lettrés, levée de tous les coins de l'Europe, maîtres dans les deux langues grecque et latine, fait de tels assauts contre le camp ennemi, qu'enfin la barbarie n'a plus de refuge; elle a depuis longtemps disparu d'Italie; elle est sortie d'Allemagne; elle s'est sauvée d'Angleterre; elle a fui hors d'Espagne; elle est bannie de France. Il n'y a plus une ville qui donne asile au monstre. Maintenant l'homme apprend à se connaître; maintenant il marche à la lumière du grand jour, au lieu de tâtonner misérablement dans les ténèbres. Maintenant l'homme s'élève vraiment au-dessus de l'animal par son âme et par son langage qu'il perfectionne…. 

Étienne DOLET, Commentaire sur la langue latine, 1536.

Doc. 2 

Doc.3 a L’observation au centre de la démarche scientifique

En effet, c'est le propre de l'astronome de recueillir par une observation attentive et habile l'histoire des mouvements célestes. Puis d'en rechercher les causes, (...) Après de longues recherches, je me suis enfin convaincu :

- que le Soleil est une étoile fixe, entourée de planètes qui tournent autour d'elle et dont elle est le centre et le flambeau ;

- que la Terre est une planète principale assujettie à un triple mouvement ;

- que tous les phénomènes des mouvements diurnes et annuels, les retours périodiques des saisons, toutes les vicissitudes de la lumière et de la température de l'atmosphère qui l'accompagnent, sont les résultats de la rotation de la Terre autour de son axe et de son mouvement périodique autour du Soleil ;

- que le cours apparent des étoiles n'est qu'une illusion d'optique produite par le mouvement réel de la Terre et par les oscillations de son axe.

Nicolas COPERNIC, De revolutionibus orbium caelestium, 1543.

Doc.3b 

Planche du « De Humani corporis fabrica »,

 André Vésale, 1543

Les recherches de Vésale portent sur la dissection, une pratique très courante au XVIe siècle.

Doc. 4 Le contenu de l’enseignement humaniste

J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement, premièrement la grecque, [...] secondement la latine, et puis l'hébraïque pour les saintes lettres, et la chaldaïque et arabique pareillement, et que tu formes ton style, quant à la grecque, à l'imitation de Platon, quant à la latine, à Cicéron; qu'il n'y ait histoire que tu ne tiennes en mémoire présente [...]. Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t'en donnai quelque goût quand tu étais encore petit, en l'âge de cinq ou six ans; poursuis le reste [...]. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et me les confères avec philosophie.

Et quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t'y adonnes curieusement, qu'il n'y ait mer, rivière ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons; tous les oiseaux de l'air, tous les arbres, arbustes et fruitiers des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tout Orient et Midi, rien ne te soit inconnu. Puis, soigneusement, revisite les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les talmudistes et cabalistes [les juifs], et par fréquentes anatomies, acquiers-toi parfaite connaissance de l'autre monde qui est l'homme.

François RABELAIS, Pantagruel, chapitre viii, 1532.