Colbert et la politique maritime de la France

Colbert lance  une politique maritime  et mercantiliste

En 1664, Colbert propose à Louis XIV  de renforcer la politique mercantiliste amorcée par Richelieu sous LouisXIII. D’après les mercantilistes, la richesse d’un État se mesure au stock d’or et d’argent disponible sur son territoire. Or, la quantité mondiale de métal précieux est presque  fixe. Enrichir la France passe donc,  selon Colbert, par l’appauvrissement des autres États.  Il convainc LouisXIV de lancer une politique économique interventionniste, baptisée le « colbertisme ». 

Comment Colbert renforce-t-il la puissance économique française ?

Colbert veut développer l’industrie et le commerce

« Son but est de rendre le pays entier supérieur à tout autre en opulence, abondant en marchandises, riche en arts et fécond en biens de toute sorte, n’ayant besoin de rien et dispensateur de toutes choses aux autres États. En conséquence, il ne néglige rien pour acclimater en France les meilleures industries de chaque pays1, et il empêche par diverses mesures les autres États d’introduire leurs produits dans ceux du Roi2. […] Son Excellence s’est appliquée à développer le grand commerce extérieur, le commerce maritime, celui des Indes principalement et du Levant. […] En fondant des compagnies, Son Excellence s’est efforcée de le développer dans les Indes occidentales, savoir dans les îles de Saint-Christophe, la Guade-loupe, où il est en bonne voie et d’où l’on tire sucres, peaux et beaucoup d’autres marchandises; les affaires y vont assez bien, sans être fort avantageuses. Le principal effort a eu pour but de prendre pied dans les Indes orientales, dont les produits sont connus pour être les plus nécessaires à l’homme; et la France s’est mise en possession de l’île de Madagascar  […]. »

Marc-Antoine Giustiniani, ambassadeur vénitien en France, Rapport d’ambassade, 1665-1668.

1. L’État incite les spécialistes étrangers à s’installer en France.

2. Les droits de douane sont augmentés en 1664 et 1667. 

La France en concurrence avec ses voisins européens

« Le bon état des finances et l’augmentation des revenus de Votre Majesté consistent à augmenter par tous moyens le nombre de l’argent monnayé qui roule continuellement dans le royaume […] en l’attirant des pays d’où il vient, en le conservant au-dedans du royaume en empêchant qu’il n’en sorte, et en donnant des moyens aux hommes d’en tirer profit.Comme en ces trois points consistent la grandeur, la puissance de l’État et la magnificence du roi par toutes les dépenses que les grands revenus donnent occasion de faire, qui est d’autant plus relevée qu’elle abaisse en même temps tous les États voisins, vu que n’y ayant qu’une même quantité d’argent qui roule dans toute l’Europe, […] l’on ne peut parvenir à l’augmenter […] qu’en même temps [que] l’on en ôte la même quantité aux États voisins […].Votre Majesté […] a entrepris une guerre d’argent contre tous les États de l’Europe. Elle a déjà vaincu l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Angleterre […]. Il ne reste que la Hollande qui combat encore avec de grandes forces : son commerce du Nord […], celui des Indes orientales […], celui des Indes occidentales, ses manufactures, son commerce de Cadix, celui de Guinée et une infinité d’autres dans lesquels réside et consiste toute sa puissance. Votre Majesté a formé des compagnies qui, comme des armées, les attaquent partout […]. Les manufactures, le canal de transnavigation des mers et tant d’autres établissements nouveaux que Votre Majesté fait, sont autant de corps de réserve que Votre Majesté crée et tire du néant pour bien faire leur devoir dans cette guerre […]. »

Jean-Baptiste Colbert,  Mémoires sur les finances, 1670.