Bernard de Clairvaux et la 2nde croisade

Bernard de Clairvaux prêche la deuxième croisade

Bernard de Clairvaux se rallie au projet d’une nouvelle croisade et la prêche1, le jour de Pâques 1146, à Vézelay : le pape Eugène III lui a demandé son aide car les Turcs se sont emparés de la ville d’Édesse, en Syrie franque.

La terre s’est émue et a tremblé, parce que le Dieu du ciel commence à perdre sa propre terre [...]. Maintenant nos péchés font que les adversaires de la croix2 ont relevé leur tête sacrilège et ravagent de la pointe de leur épée la terre bénie, la terre de promesse. S’ils ne trouvent personne qui leur résiste, ils vont sous peu fondre sur la cité du Dieu vivant3, renverser le berceau de notre rédemption, et profaner les Lieux saints [...]. Que faites-vous, hommes vaillants, que faites-vous, serviteurs de la croix ? Abandonnerez-vous ainsi les choses saintes aux chiens, et les perles aux pourceaux ? [...] La main du Seigneur s’est-elle raccourcie ? Est-elle devenue impuissante pour sauver, alors qu’elle appelle de misérables vers à défendre son héritage et à le lui faire restituer ? [...]

Puisque votre terre est féconde en hommes de courage, et qu’elle est connue pour être remplie d’une jeunesse robuste, suivant l’éloge qu’on fait de vous dans le monde entier [...], ceignez-vous courageusement, et prenez ces armes bénies par zèle pour le nom chrétien. Que cesse cette vieille habitude que je n’appelle pas service des armes, mais service de parfaite méchanceté, par laquelle vous avez coutume de combattre entre vous et de vous détruire les uns les autres [...].

Vous avez maintenant, braves soldats, vous avez, vaillants guerriers, une occasion de combattre sans péril ; vous trouverez là de la gloire à vaincre et du profit à mourir.

Extraits de la lettre 363 adressée au clergé d’Occident, Vézelay, 1146.

1. Discours d’un homme d’Église pour enseigner, mobiliser ou convertir son auditoire.

2. Les non-chrétiens et ici, les musulmans.

3. Jérusalem.