Les frères Pereire

Isaac Pereire vante le progrès économique et Napoléon III

Qui d’entre nous ne reste, en effet, frappé d’admiration […] lorsqu’il voit dans nos campagnes ces convois de chemin de fer, remorquant une multitude de voyageurs ou des masses de marchandises que des centaines de chevaux auraient été impuissants à traîner lentement sur nos routes, dévorer l’espace avec la vitesse d’un ouragan, sous la conduite d’un seul homme, à peu près affranchi de tout travail manuel ; lorsqu’il voit enfin dans nos ateliers de construction fonctionner ces ingénieuses machines-outils, ces puissants marteaux à vapeur que l’homme manie sans autre fatigue que celle d’une attention intelligente ?

C’est encore aux arts mécaniques que vous devez ces voies ferrées qui commencent à sillonner votre territoire. Créées par la sollicitude du Gouvernement impérial pour développer la richesse de ces contrées, elles devront un jour retirer de ce développement même les éléments de revenu qui leur manquent aujourd’hui. […] Vos voies de communication rapides vont se trouver complétées par le chemin [de fer] de Rodez à Montpellier, dont la Compagnie des chemins du Midi a été déclarée concessionnaire, et je m’applaudis d’avoir, en qualité d’administrateur de cette compagnie, à concourir à l’augmentation de la prospérité de votre département par la création de ce nouveau débouché vers la Méditerranée. […] L’Empereur marche en tête de ces expériences, dont le résultat sera de rendre à la France un pays qui était naguère comme perdu pour elle et pour ses habitants. »

Discours aux comices agricoles de Beynat (Corrèze) le 20 septembre 1863.

Un investisseur ruiné par les frères Pereire

Contre les Messieurs Isaac et Émile Pereire, banquiers, demeurant à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré, n°35, pris comme anciens administrateurs du Crédit mobilier français, défendeurs,

Le demandeur expose les faits suivants :

En juin 1864 il acheta à la Bourse de Paris vingt-huit actions du Crédit mobilier français ;

En octobre 1864, il acheta à la Bourse de Bordeaux 25 actions de la même Société. […]

Il fut amené à faire ces achats relativement importants parce qu’il croyait la société très solide ; qui n’aurait partagé cette opinion quand on voyait figurer, parmi les fondateurs, les MM. Pereire qui passaient pour très habiles et riches de centaines de millions, le duc de Galliera, personnage aussi puissamment riche, des membres de la famille impériale ; qu’on voyait le chef de l’État fait visite à Arcachon à son ami M. Pereire ; quand celui-ci, dans tous les rapports qu’il faisait comme président de la Société, la représentait comme étant dans une prospérité inouïe ? […] Aussi se disait-il que les actions de sa Société étaient un placement de père de famille. […]

Il n’y a qu’un malheur, c’est que toutes ces brillantes affaires, conduites par MM. Pereire, ont écrasé tous ceux qui ont eu la naïveté de s’y aventurer, elles ont ruiné incontestablement plus de cent mille familles.

Mémoire présenté par M. Jean Pazat, avoué, à l’appui de son procès contre les MM. Isaac et Émile Pereire. 28 novembre 1873.