Du renouveau "made in France"

Les types de relocalisation

La Direction générale des entreprises propose une typologie des relocalisations observées en France.

Les « relocalisations d’arbitrage », opérées généralement par de grands groupes intéressés par les marchés mondiaux les plus concurrentiels, sont chronologiquement les premières à avoir été identifiées. À l’origine de ces relocalisations figurent toujours le souhait de retrouver une main-d’œuvre qualifiée dans le pays d’origine, ainsi que le désir de se rapprocher des fournisseurs et des principaux clients. Les « relocalisations de retour » constituent un second type fréquent. Elles s’expliquent par des déceptions, révélées au fil du temps, relatives au transfert à l’étranger de sites de production préalablement implantés en France. Les avantages comparatifs ont progressivement disparu sous l’effet récurrent des défauts de fabrication, de la hausse des coûts de transport, ou encore des problèmes de contrefaçon. Enfin, les « relocalisations de développement » […] s’inscrivent dans une logique différente. Lancées dans un processus de montée en gamme destiné à augmenter leurs profits et à résister aux assauts de la concurrence des pays à bas salaires, les entreprises concernées cherchent par leur relocalisation à se rapprocher des compétences qui leur font défaut et des marchés de consommation.

François Bost, « Les relocalisations industrielles en France : épiphénomène ou tendance de fond ? », Bulletin de l’Association de géographes français, n° 92-4, 2015.

Les faiblesses des relocalisations

L’accélération des relocalisations ces dernières années s’explique essentiellement par une montée des coûts salariaux rapportés à la productivité dans les pays émergents et par l’automatisation dans les pays du Nord. Ces évolutions réduisent la tentation de délocalisation dans les secteurs manufacturiers où l’automatisation est possible […]. Mais ce n’est pas vrai dans ceux où le progrès technique reste difficile, comme le travail des matières souples (cuir, textile, habillement, etc.), pour lesquelles les délocalisations ont été et restent fortes, car on ne dispose pas encore de robots capables de les travailler efficacement.

Et dans le domaine des services, la tendance est très claire, c’est celle d’une amplification du mouvement de délocalisation […]. Lorsque les entreprises qui ont délocalisé reviennent en France, […] elles donnent la priorité aux territoires qui offrent un écosystème de qualité, avec une bonne formation, des infrastructures et une spécialisation en services aux entreprises.

Ch. Chavagneux, Alternatives économiques, n° 380, juin 2018.