G6 Des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques européennes
Des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques européennes
Comment les dynamiques démographiques et économiques transforment-elles les espaces ruraux ?
I) Des espaces productifs agricoles en mutation
●L’agriculture française occupe la première place en Europe. Elle s’organise en filières agroalimentaires dominées par des multinationales : Limagrain (semences), Lactalis, Danone (produits laitiers), Pernod Ricard (spiritueux). Elle se maintient au 5e rang mondial pour les exportations de produits alimentaires principalement destinées à l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie (vins, fromages) mais aussi l’Afrique et le Moyen-Orient (blé, volailles, lait).
●L’agriculture française connaît des évolutions contrastées. La concurrence européenne et mondiale renforce la spécialisation des espaces agricoles. La polyculture régresse au profit de l’agribusiness (maïs en Alsace et dans le Nord-Ouest, blé dans l’ouest du Bassin parisien, colza dans sa partie est). Néanmoins, l’élevage extensif labellisé (Jura, Limousin, Auvergne) résiste mieux à la crise que l’élevage intensif (Bretagne). Les grands vignobles restent aussi très compétitifs (Bordelais, Bourgogne, Champagne).
●La France s’efforce d’assurer la durabilité de son agriculture. Face aux conséquences environnementales de l’agriculture productiviste (pollution des rivières, irrigation excessive, pollution des sols et des eaux en Bretagne et aux Antilles) et aux nouvelles exigences des consommateurs, certains producteurs se lancent dans l’agriculture biologique. D’autres complètent leurs revenus grâce à l’agritourisme (Normandie, Périgord, Gascogne) ou la production de biogaz.
2) Une diversification sociale et fonctionnelle
●Les territoires ruraux présentent des dynamiques démographiques contrastées. Depuis la fin des années 1990, certaines campagnes françaises connaissent un regain d’attractivité. C’est la conséquence de la fin de l’exode rural, mais aussi de l’installation de néoruraux. Ces recompositions entraînent un renouveau des populations rurales (installation de jeunes couples avec enfants), même si certaines régions restent durement confrontées au vieillissement de leur population (Pyrénées, Limousin, Martinique).
●Les espaces ruraux font face à une pression urbaine croissante. L’étalement des villes s’accélère depuis les années 1980. C’est la conséquence de l’augmentation du coût de l’immobilier en ville, combinée à la volonté d’accéder à la propriété (maison avec jardin) et aux possibilités offertes par le télétravail. Les territoires offrant les plus forts atouts (accessibilité, espaces verts, services variés) sont les plus attractifs (côte Atlantique, Midi toulousain).
●Ce renouveau favorise la multifonctionnalité des campagnes. Si certains territoires ruraux demeurent très agricoles (Beauce, Champagne, Bourgogne), d’autres sont marqués par le renouveau de la fonction résidentielle et l’écotourisme (Provence, sillon alpin, La Réunion). Certains territoires sont aussi animés par des districts industriels dans des filières spécialisées (décolletage de la vallée de l’Arve, serrurerie du Vimeu) ou plus diversifiées (Choletais, Jura).
3) Des enjeux d’aménagement rural
●Les espaces ruraux sont aujourd’hui très fragmentés. Les plus proches des métropoles bénéficient d’une population jeune et de services diversifiés tandis que les plus éloignés sont fragilisés par le vieillissement et l’enclavement (Cévennes, Corse). Leur vitalité dépend aussi de la composition sociale des néoruraux : citadins défavorisés (Morvan) ou populations aisées de retraités (côte Atlantique), de cadres (Monts du Lyonnais) ou d’étrangers (Périgord).
●L’aménagement rural mobilise des acteurs à différentes échelles. La Politique agricole commune de l’Union européenne a joué un rôle essentiel dans la modernisation de l’agriculture. L’État, qui a financé l’amélioration de l’accessibilité de certaines régions (autoroutes dans le Massif central…), lutte désormais contre la fracture numérique (Plan France Très Haut Débit). Les collectivités territoriales, en métropole comme dans l’outre-mer, soutiennent les actions de développement local (zones d’activités, marchés de producteurs) pouvant bénéficier d’aides européennes.
●Cependant, la durabilité des politiques de développement rural s’avère contrastée. Les acteurs publics défendent la protection de l’environnement (interdiction de certains insecticides) tout en soutenant le productivisme agricole (subventions européennes, pôles de compétitivité). Les exonérations fiscales en faveur des zones de revitalisation rurale ne compensent pas le déficit d’attractivité engendré par la fermeture des services publics les moins efficients (Auvergne, Berry).