Auguste et la fondation du principat

Auguste présente un bilan de son action

Pendant mon sixième consulat, après avoir éteint la guerre civile en vertu des pouvoirs absolus que m’avait conféré le consentement universel, j’ai fait passer la République de mon pouvoir dans ­celui du Sénat et du peuple romain.

Pour honorer cet acte méritoire, par sénatus-consulte1 j’ai été nommé Auguste ; les piédroits de ma maison furent officiellement ornés de lauriers, une couronne civique fut fixée sur son linteau, et un bouclier d’or fut déposé dans la Curie2, avec une inscription attestant que le Sénat et le peuple ­romain me l’offraient en raison de mes vertus militaires, de ma clémence, de ma justice et de ma piété. Dès lors, je l’ai emporté sur tous en autorité, mais je n’ai pas eu plus de pouvoirs qu’aucun de mes collègues dans mes diverses magistratures.

Les hauts faits d’Auguste divinisé (Res Gestae divi Augusti), texte autobiographique gravé sur des tables de bronze placées devant le tombeau d’Auguste à sa mort en 14 ap. J.-C.

1. Avis du Sénat romain, qui a force de loi.

2. Lieu où se réunit le Sénat de Rome.

La simplicité d’Auguste

Le peuple lui offrit la dictature avec beaucoup d’instances, il la repoussa, en mettant un genou en terre, en abaissant sa toge, et en découvrant sa poitrine. Il eut toujours horreur du titre de maître, comme d’une injure et d’un opprobre. Un jour qu’il était au théâtre, un acteur ayant dit dans un mime : « Ô le maître équitable et bon ! », tous les spectateurs, lui faisant l’application de ce passage, battirent des mains avec transport ; mais il réprima aussitôt, de la main et du regard, ces indécentes adulations, et, le lendemain, il les flétrit1 dans un édit sévère. Il défendit aussi que ses enfants ou ses petits-fils lui donnassent jamais ce nom, ni sérieusement ni en badinant, et il leur interdit même entre eux ce genre de flatterie.

Il avait soin de n’entrer dans Rome ou dans toute autre ville, ou de n’en sortir, que le soir ou la nuit, afin de ne déranger personne pour de vaines cérémonies. Consul, il allait ordinairement à pied ; quand il ne l’était pas, il se faisait porter dans une litière fermée.

Suétone, Vie des douze Césars, I, 52-53, début du IIe siècle.

1. Condamna.