Périclès et la démocratie Athénienne

De prudents débuts politiques

Dans sa jeunesse, Périclès faisait preuve de beaucoup de circonspection à l’égard du peuple. On trouvait en effet que ses traits rappelaient ceux du tyran Pisistrate ; les Athéniens les plus âgés, devant la douceur de sa voix, l’aisance et la rapidité de sa parole dans la discussion, étaient effrayés de cette ressemblance. De plus, il était riche, appartenait à une famille illustre et avait des amis très influents. C’est pourquoi, par crainte d’être ostracisé, il ne se mêlait pas des affaires publiques. À la guerre, en revanche, il était valeureux et risquait volontiers sa vie.

Plutarque, « Vie de Périclès », Vies parallèles, VII, 1-3, début du IIe siècle.

Périclès fait l’éloge de la démocratie athénienne

Thucydide met en scène l’oraison funèbre prononcée par Périclès pour les combattants athéniens morts durant la première année de la guerre du Péloponnèse (430 av. J.-C.).

La Constitution qui nous régit n’a rien à envier à celles de nos voisins. Loin d’imiter les autres peuples, nous leur offrons plutôt un exemple. Parce que notre régime sert les intérêts de la masse des citoyens et pas seulement d’une minorité, on lui donne le nom de démocratie. Mais si, en ce qui concerne le règlement de nos différends particuliers, nous sommes tous égaux devant la loi, c’est en fonction du rang que chacun occupe dans l’estime publique que nous choisissons les magistrats de la cité, les citoyens étant désignés selon leur mérite plutôt qu’à tour de rôle.

D’un autre côté, quand un homme sans fortune peut rendre quelque service à l’État, l’obscurité de sa condition ne constitue pas pour lui un obstacle. Nous nous gouvernons dans un esprit de liberté et cette même liberté se retrouve dans nos rapports quotidiens, d’où la méfiance est absente.

(...)

Vous savez les exploits guerriers qui nous ont valu toutes ces conquêtes et la résistance victorieuse que notre énergie et celle de nos pères ont opposée aux agresseurs barbares ou grecs. […] Mais à quel régime devons-nous notre grandeur ? […]

Telle est la puissance de notre cité que les biens de la mer y affluent. Nous en arrivons à consommer les productions des autres peuples comme si elles étaient, autant que celles de l’Attique, notre propre bien.

Nous nous distinguons de nos adversaires par la façon dont nous nous préparons à la guerre. […] Car plutôt que sur les préparatifs et les effets de surprise, nous comptons sur le courage avec lequel nos hommes se battent. […]

Nous intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par notre vote ou même en présentant à propos nos suggestions. Car nous ne sommes pas de ceux qui pensent que les paroles nuisent à l’action. Nous estimons plutôt qu’il est dangereux de passer aux actes, avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu’il y a à faire. […] Parmi toutes les cités, Athènes est aujourd’hui la seule qui puisse repousser un assaillant sans qu’il ait à rougir d’une défaite par de tels adversaires ; la seule qui règne sur des sujets sans qu’ils puissent se plaindre de se trouver soumis à une nation indigne d’exercer cette autorité. […] Il n’est pas de terre, il n’est pas de mer que nous n’ayons contrainte d’ouvrir une route à notre audace et nous avons laissé partout des monuments impérissables de nos entreprises.

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, II, 37-41, fin du Ve siècle av. J.-C, Gallimard.

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Périclés s'impose 

« C’est que [Périclès] avait de l’autorité, grâce à la considération dont il jouissait et à ses qualités d’esprit et que, de plus, pour l’argent, il montrait une éclatante intégrité : aussi tenait-il la foule, quoique libre, bien en main et, au lieu de se laisser diriger par elle, il la dirigeait […]. Sous le nom de démocratie, c’était en fait le premier des citoyens qui gouvernait. »

Thucydide, La guerre du Péloponnèse, 465-400/395 av. J.-C., II, 36-37, 65.