La France, l'Italie, Nice et la Savoie

Proclamation de Napoléon III à l’armée française d’Italie

Les bases de la paix sont arrêtées avec l’Empereur d’Autriche ; le but principal de la guerre est atteint ; l’Italie va devenir pour la première fois une nation.

Une Confédération de tous les États de l’Italie, sous la présidence honoraire du Saint Père, réunira en un faisceau les membres d’une même famille.

La Vénétie reste, il est vrai, sous le sceptre de l’Autriche, elle sera néanmoins une province italienne, faisant partie de la Confédération. La réunion de la Lombardie au Piémont nous crée, de ce côté des Alpes, un allié puissant qui nous devra son indépendance. […]

Vous allez bientôt retourner en France ; la patrie reconnaissante accueillera avec transport ces soldats qui ont porté si haut la gloire de nos armes à Montebello, à Palestro, à Turbigo, à Magenta, à Marignan et à Solferino ; qui, en deux mois, ont affranchi le Piémont et la Lombardie, et ne se sont arrêtés que parce que la lutte allait prendre des proportions qui n’étaient plus en rapport avec les intérêts que la France avait dans cette guerre formidable.

Au Quartier impérial de Valeggio, le 12 juillet 1859,

NAPOLÉON

Victor-Emmanuel II justifie le rattachement à la France de la Savoie et de Nice, 1860

Aux habitants de Nice et de la Savoie

Un traité conclu le 24 mars établit que la réunion de la Savoie et de Nice à la France aura lieu avec l’adhésion des populations et la sanction du Parlement. Quelque pénible qu’il me soit de me séparer des provinces qui ont fait si longtemps partie des États de mes ancêtres, […] j’ai dû considérer que les changements territoriaux amenés par la guerre en Italie justifiaient la demande que mon auguste allié l’Empereur Napoléon m’a adressée pour obtenir cette réunion. J’ai dû en outre tenir compte des services immenses que la France a rendus à l’Italie, des sacrifices qu’elle a faits dans l’intérêt de son indépendance, des liens que les traités ont formés entre les deux pays. […] Toutefois ce grand changement dans le sort de ces provinces ne saurait vous être imposé. Il doit être le résultat de votre libre consentement.

Proclamation de Victor-Emmanuel aux habitants de la Savoie et de Nice (1860).

L’Église catholique en faveur du rattachement

Mon cher Curé,

Le Roi Victor-Emmanuel, d’accord avec l’Empereur des Français, exige que nous nous prononcions sur l’annexion de la Savoie à la France. Chacun peut et doit donc même exprimer ses vœux librement et en toute sûreté de conscience.

Au point où en est maintenant cette affaire, en suite du traité du 24 mars dernier, on la regarde généralement comme irrévocable, et la votation demandée comme une simple formule complémentaire.

Les personnes les plus éclairées et libres de préjugés pensent unanimement que l’annexion à la France est dans l’intérêt de la Savoie sous tous les rapports. Les motifs à l’appui de ce sentiment sont si nombreux, si frappants, qu’il suffit du bon sens et de la bonne foi pour les apprécier.

Vous n’en parlerez point en chaire1, mais vous saisirez toutes les occasions de les faire prudemment valoir. Vous ferez aussi remarquer qu’il importe beaucoup à notre pays de répondre aux avances de la France, et de mériter par notre empressement la bienveillance de son magnanime2 Empereur.

Lettre de l’évêque de Tarentaise (Savoie) aux curés, 7 avril 1860.