Les trois glorieuses

Passer en force : extraits des ordonnances

Première ordonnance sur la liberté de la presse

Article 1 : La liberté de la presse périodique est suspendue.

Article 2 : […] nul journal et écrit périodique ou semi-périodique, […] [ne pourra paraître] qu’en vertu de l’autorisation qu’en auront obtenue de nous séparément les auteurs et l’imprimeur. Cette autorisation devra être renouvelée tous les trois mois. Elle pourra être révoquée.

Deuxième ordonnance sur la dissolution de la Chambre des députés

Article 1 : La Chambre des députés des départements est dissoute.


Imposer Louis-Philippe sur le trône

« Charles X ne peut plus rentrer dans Paris : il a fait couler le sang du peuple.

La République nous exposerait à d’affreuses divisions ; elle nous brouillerait avec l’Europe.

Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la Révolution.

Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre nous.

Le duc d’Orléans a porté au feu les couleurs tricolores.

Le duc d’Orléans seul peut les porter encore ; nous n’en voulons pas d’autres.

Le duc d’Orléans s’est prononcé ; il accepte la Charte comme nous l’avons toujours voulue et entendue. C’est du peuple français qu’il tiendra sa couronne. »

Affiche rédigée par Adolphe Thiers et placardée dans tout Paris, le 30 juillet 1830.


Désobéir pour défendre la presse

Le régime légal est donc interrompu, celui de la force est commencé. Dans la situation où nous sommes placés, l’obéissance cesse d’être un devoir. Aujourd’hui donc, le gouvernement a violé la légalité. Nous sommes dispensés d’obéir. Nous essayons de publier nos feuilles sans demander l’autorisation qui nous est imposée. Nous ferons nos efforts pour qu’aujourd’hui, au moins, elles puissent arriver à toute la France. Voilà ce que notre devoir de citoyens nous impose, et nous le remplirons.

Protestation des 44 journalistes, rédigée par Adolphe Thiers et parue sans autorisation dans Le Globe, Le National et Le Temps le 27 juillet 1830.


S’engager à Nantes, le 29 juillet 1830

La diligence vient d’arriver ; Monsieur Gonnet, blessé à Paris, en est descendu ; par lui, la nouvelle qu’on se bat avec acharnement dans les rues de la capitale est promptement répandue, elle se propage avec rapidité. Le cri : aux armes ! se fait entendre ; la convocation de la Garde nationale chargée par Louis XVIII de défendre la Charte est demandée à l’unanimité ; chacun brûle d’y prendre rang. Les ouvriers qui ont pris part au tumulte de la veille demandent partout des armes. « Donnez-nous des fusils » disent ces braves gens et nous saurons maintenir nos droits, défendre notre liberté, la liberté de tous !

Ange Guépin et Gabriel Simon, Événements de Nantes pendant les journées des 28, 29, 30 et 31 juillet 1830 par plusieurs témoins oculaires, Burolleau, Nantes, 1830