Le massacre de Chio

L’engagement d’un poète, Victor Hugo

Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.

Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,

Chio, qu’ombrageaient les charmilles,

Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,

Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois

Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,

Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,

Courbait sa tête humiliée ;

Il avait pour asile, il avait pour appui

Une blanche aubépine, une fleur, comme lui

Dans le grand ravage oubliée.

[…]

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,

Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,

Plus éclatant que les cymbales ?

Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?

– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,

Je veux de la poudre et des balles.

Extrait de L’Enfant, poème écrit par Victor Hugo,

tiré du recueil Les Orientales, 1829


Consigne : Après avoir présenté le document, vous expliquerez comment Victor Hugo cherche à éveiller les consciences de ses contemporains.


Document 1 : Pourquoi la révolution ?

« La nation grecque prend le Ciel et la Terre à témoin, que, malgré le joug affreux des Ottomans, elle existe encore (…) Après avoir repoussé la violence par le seul courage de ses enfants, elle déclare aujourd’hui devant Dieu et devant les hommes, par l’organe de ses représentants légitimes réunis dans ce congrès national convoqué par le peuple, son indépendance politique. (…)

Sûre de ses droits, (…) nous ne réclamons que notre rétablissement dans l’association européenne où notre religion, nos mœurs et notre position nous appellent à nous réunir dans la grande famille des chrétiens, et à reprendre parmi les nations le rang qu’une force usurpatrice nous a ravi injustement. »

Proclamation des chefs insurgés grecs réunis à Epidaure, 1822.

Document 2: Sauvons la Grèce.

« Ils sont chrétiens comme nous et je dirais qu’ils sont nés dans cette Grèce mère de la civilisation (…). Au moment où je parle, Messieurs, une nouvelle moisson de victimes humaines tombe sous le fer des Turcs ; une poignée de chrétiens héroïques se défend encore au milieu des ruines de Missolonghi, à la vue de l’Europe chrétienne insensible à tant de courage et à tant de malheurs.

Chateaubriand (1768-1848), écrivain romantique et homme politique français, discours à la Chambre des Pairs, 13 mars 1826.

Questions doc 1 et 2  :

1) A partir du document 1, relevez quel rôle joue la religion dans le déclenchement de l’insurrection ? Quelle partie du texte souligne le projet des insurgés grecs ?

2) Qu’est-ce qui, à partir du document 2, encourage les puissances occidentales à intervenir ?

3) livre p 45 Montrez, après avoir identifié les civils grecs et les soldats ottomans sur le tableau d’E. Delacroix, comment le peintre parvient-il à susciter de l’émotion chez le spectateur ?