Manon Roland, une femme en révolution

Petite Biographie

17 mars 1754 : naissance à Paris de Jeanne Marie Phlipon, fille de Gatien Phlippon, maître graveur et de Margueritte Bimont. 

Février 1780 : Mariage avec Jean-Marie Roland de la Platière, économiste. 

Décembre 1791 : madame Roland commence à tenir son salon à Paris et reçoit des hommes politiques (le parti »Girondin » se crée chez elle)

Mars 1792 : Son mari Jean-Marie Roland, député Girondin, devient ministre de l’intérieur

Mai 1793 : arrestation de madame Roland lors de la chute des Girondins

8 Novembre 1793 : madame Roland est guillotiné

Le rôle politique de Madame Roland

L’habitude et le goût de la vie studieuse m’ont fait partager les travaux de mon mari tant qu’il a été simple particulier. […] Il devint ministre : je ne me mêlai point de l’administration ; mais s’agissait-il d’une circulaire, d’une instruction, d’un écrit public et important, nous en conférions suivant la confiance dont nous avions l’usage, et, pénétrée de ses idées, nourrie des miennes, je prenais la plume que j’avais plus que lui le temps de conduire. […] Je mettais dans ses écrits ce mélange de force et de douceur, d’autorité de la raison et de charmes du sentiment qui n’appartiennent peut-être qu’à une femme sensible douée d’une tête saine. 

Manon Roland, Mémoires, publication posthume. 

Madame Roland et les salons girondins

Pendant la Révolution, Madame Roland anime un salon où elle reçoit les principales figures des Girondins, à l’image du député Jacques Pierre Brissot.

Brissot vint nous visiter […]. Il nous fit connaître ceux des députés que d’anciennes relations ou la seule conformité des principes et le zèle de la chose publique réunissaient fréquemment pour conférer sur elle. Il fut même arrangé que l’on viendrait chez moi quatre fois la semaine dans la soirée, parce que j’étais sédentaire, bien logée, et que mon appartement se trouvait placé de manière à n’être fort éloigné d’aucun de ceux qui composaient ces petits comités.(...) Cette disposition me convenait parfaitement ; elle me tenait au courant des choses auxquelles je prenais un vif intérêt ; elle favorisait mon goût pour suivre les raisonnements politiques et étudier les hommes. Je savais quel rôle convenait à mon sexe, et je ne le quittai jamais. Les conférences se tenaient en ma présence sans que j’y prisse aucune part ; placée hors du cercle et près d’une table, je travaillais des mains, ou faisais des lettres, tandis que l’on délibérait ; mais eussé-je expédié dix missives, ce qui m’arrivait quelquefois, je ne perdais pas un mot de ce qui se débitait, et il m’arrivait de me mordre les lèvres pour ne pas dire le mien. […] Là, on examinait l’état des choses, celui de l’Assemblée, ce qu’il conviendrait de faire, comment on pourrait le proposer, les intérêts du peuple, la marche de la cour, la tactique des individus. Ces conférences m’intéressaient beaucoup, et je ne les aurais pas manquées, quoique je ne m’écartasse jamais du rôle qui convenait à mon sexe. 

Manon Roland, Mémoires, publication posthume

Manon Roland dans les affrontements politiques, décembre 1792

Le 26 décembre 1792, Louis XVI doit comparaître devant les députés ; or des rumeurs d’insurrection circulent, car les sans-culottes et les Montagnards redoutent l’indulgence pour l’ancien roi.

J’ignore ce que doit être la journée de demain. Il y a des projets désastreux contre Louis, contre les députés et le projet de comprendre le ministre de l’Intérieur1 dans ce massacre. […] Les avis d’assassinat pleuvent sur ma table, car on me fait l’honneur de me haïr, et je vois d’où cela vient. Lorsque, dans les quinze premiers jours du ministère2, le scélérat Danton3 avec l’hypocrite Fabre, nous environnaient continuellement en singeant l’amour du bien et de l’honnête, ils m’ont pénétrée ; et sans que je n’aie jamais rien dit ni fait pour confirmer leur opinion, ils ont jugé que je tiens quelquefois la plume4. Cependant les écrits de M. R. [Roland] ont produit quelque effet. L’aboyeur Marat, lâché dès lors après moi, ne m’a pas quittée d’un moment ; les pamphlets se sont multipliés et je doute qu’on ait publié plus d’horreurs contre Antoinette, à laquelle on me compare […].

Lettre à Joseph Servan, 25 décembre 1792 (Servan est ministre de la Guerre et général girondin).


Madame Roland face à la radicalisation de la Révolution

Marat tient sa torche et son poignard : ce farouche tribun règne et nous ne sommes plus que des opprimés en attendant que nous tombions ses victimes. […] Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution, eh bien, j’en ai honte ! Elle est ternie par des scélérats ! Elle est devenue hideuse ! […] Il n’est pas permis de sortir de Paris : on nous enferme pour nous égorger à l’instant le plus propice.

Lettre de Madame Roland à Jean-Henri Bancal des Issarts (député girondin), 9 septembre 1792.


Manon Roland en prison, 1793

Par quelle singularité, moi, femme, qui ne puis faire que des vœux, suis-je exposée aux orages qui ne tombent ordinairement que sur les individus agissants. […] [Roland] a corrompu l’esprit public et je suis sa complice 1 ! […] d’où vient donc cette animosité ?

Élevée dans la retraite, nourrie d’études sérieuses qui ont développé chez moi quelque caractère, livrée à des goûts simples qu’aucune circonstance n’a pu altérer, enthousiaste de la Révolution et m’abandonnant à l’énergie des sentiments généreux qu’elle inspire, étrangère aux affaires par principes comme par mon sexe, mais m’entretenant d’elles avec chaleur parce que l’intérêt public devient le premier de tous dès qu’il existe, j’ai regardé comme de méprisables sottises les premières calomnies lancées contre moi. […] Je suis traînée en prison ; j’y demeure depuis bientôt cinq mois, loin de tout ce qui m’est cher, privée de toute communication, en butte aux traits amers d’un peuple abusé qui croit que ma tête sera utile à sa félicité.

Lettre à Robespierre, 14 octobre 1793, de la prison de Sainte-Pélagie.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent à être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaltérables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps social leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, […].

Article 1. La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 6. La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

Article 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune.

Olympe de Gouges, Les Droits de la femme. À la Reine, Paris, 1791


Consigne: Madame Roland est décédée. Vous devez réaliser une notice nécrologique d'un journal daté du lendemain de sa mort. 

Les éléments attendus dans la notice nécrologique: une introduction annonçant le décès: identité de la défunte, date, lieu et cause du décès, état-civil et "profession" de la défunte. Une première partie chronologique présentant la vie et l'œuvre de la défunte. Une deuxième partie présentant son engagement politique.