La vie à l'école
On a vu comment, par suite des circonstances de la guerre, je devins très jeune directeur de l'école de Sury à 19 ans, puis à la rentrée d'octobre 1942, à 21 ans, à mon retour des Chantiers de Jeunesse, directeur de l'école de Saint-Didier. Je gagnais, à Sury, huit cents francs par mois. Lorsque Monsieur le Curé Rotagnon m'embaucha à Saint-Didier, je demandai la même somme; il accepta, bien que, me dit-il, Mademoiselle Bayle qui était directrice ne gagnât que six cents francs par mois. Aussi me demanda-t-il le secret. A cette époque, chaque école libre devait se débrouiller pour payer ses instituteurs; il n'existait aucun accord diocésain, encore moins national. L'année précédente (1941-1942),Yvonne avait deux cents francs par mois, logée et nourrie, à Saint Just-en-Bas et rien pendant les vacances.
L'école de Saint-Didier qu'on appelait "chez les Frères", était un pensionnat. Or, pour être directeur de pensionnat, la loi exigeait d'avoir 25 ans. On la détourna en prétendant que c'était une pension de famille avec comme responsable la brave dame qui faisait la cantine (Madame Pouvaret) .Mais en réalité j'étais chargé de tout et devais surveiller les pensionnaires toute la semaine, dortoir compris, ainsi que les élèves qui ne rentraient pas chez eux les jeudis et les dimanches.