Beaucoup de batteuses étaient encore mues par des locomobiles ou machines à vapeur, tandis que la nôtre était entraînée par un énorme moteur à essence très lourd, monté sur un chariot à quatre roues. Il fallait des "spécialistes" pour le mettre en route et l'entretenir et on l'entendait de loin hoqueter bruyamment quand il arrivait que la batteuse "bourrait" parce qu'on lui avait fait ingurgiter trop de paille à la fois. Les journées de battage étaient pour nous, gamins, une source de joie énorme quand, la journée finie, les voisins venus prêter la main, à charge de revanche, étaient conviés au souper qui clôturait la corvée. Nous attendions impatiemment les histoires et les bêtises que racontaient immanquablement les rigolos du village aux dépens des moins futés, toujours les mêmes. Le travail aux champs se faisait essentiellement à l'aide d'une paire de vaches dressées à cet effet et liées par les cornes à un joug de bois. Au moment des labours, en automne, tous les matins et parfois le soir, il y avait une "liée", c'est à dire, pour la paire de vaches un travail d'environ deux heures à tirer l'araire, remplacée plus tard par la charrue simple, puis par la "brabanette" charrue à socs réversibles qui retournait la terre une fois d'un côté, une fois de l'autre. Ce travail pénible pour l'attelage, nuisait bien entendu au rendement en lait des vaches laitières, mais chacun au village était assez fier de sa meilleure paire de vaches bien dressées et puissantes. La traite avait lieu le matin très tôt, à la main, et le soir après le retour des champs. Personnellement je n'ai jamais appris à traire; les années où j 'aurais pu le faire, j 'étais en pension à Gerson (Lyon) d'octobre 1934 à juillet 1939.
n.d.l.r. : Si quelqu'un a des photos de l'époque représentant ces journées ou soirées (Batteuses - Noix - Châtaignes - cochons etc...), je serais heureux de les montrer sur le site (me contacter).