L'hiver 41-42 fut excessivement froid. Le thermomètre descendit longtemps aux environs de moins 20°. Dans les baraques que nous avions un peu isolées en les recouvrant de fougères sèches, nous gelions littéralement malgré le feu de bois que nous entretenions jour et nuit dans des poêles de tranchée. Au matin, malgré ce chauffage, l'eau était gelée sur la table à un mètre ou deux du poêle.
C'est dans ces circonstances que notre groupe fut envoyé en déplacement à la Bourboule, courant décembre début janvier, pour y faire du bois destiné au chauffage des habitants manquant de combustible. Nous logions dans des maisons ou des villas désaffectées à l'entrée de la ville et nous devions couper de beaux sapins dans les forêts environnantes couvertes de neige. En tombant avec grand fracas, ces arbres gelés se fendaient quelquefois du haut en bas.
Nous fûmes libérés vers le 15 février après à peine huit mois de chantier. De ce temps, je garde plutôt un bon souvenir, un peu comme de grandes vacances, avec, bien entendu la nostalgie de la quille" et du retour à la vie civile.
Les jeunes qui furent incorporés vers la fin de la guerre, au moment des maquis eurent, pour certains, moins de chances. La zone libre ayant été occupée par les allemands, il y eut des histoires tragiques : fusillades, pendaisons, déportations en Allemagne.