Après le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, pour gêner les déplacements des divisions allemandes vers le nord, les voies de communication étaient souvent attaquées. C'est ainsi que la voie du chemin de fer entre Saint-Julien-la-Vêtre et Saint-Thurin fut coupée dans la descente des "Ruines" . Les maquisards firent descendre les voyageurs, lancèrent le train et tout le convoi alla se précipiter dans le ravin.
Robert, fermier à Sautalet, dans une ferme isolée, dénoncé à tort, vit un jour au petit matin débarquer un plein car d'Allemands ou miliciens. On enferma sa femme dans l'étable et on le roua de coups sur la table de la cuisine pour lui faire avouer où il cachait des armes soi-disant destinées au maquis. On trouva un pistolet dissimulé dans un tas de pommes de terre; il avait été place là par celui qui l'avait dénoncé et qui les semaines précédentes venait se ravitailler en beurre et fromages. Robert fut ensuite emmené à Saint-Étienne au siège de la Gestapo, torturé pendant une semaine et relâché quand ses bourreaux s'aperçurent qu'ils avaient été floués par le dénonciateur.
A la suite du bombardement de Saint-Étienne qui fit des centaines de victimes civiles près de la gare de Châteaucreux que les avions alliés ratèrent, la panique s'empara des villes. Aussi parla-t-on de déménager l'école de Firminy et d'installer les élèves chez nous à Saint-Didier. Heureusement le recul des Allemands commençait, cela ne se fit pas, mais la colonie fit le plein de ses effectifs.
Revenons un peu en arrière. Le 25 mars 1943 donc, j'obtins un sursis pour le S.T.O. L'année scolaire se termina bien et, sans trop me faire de souci, mon sursis étant terminé, je ne partis pas comme j'aurais dû le faire. Avec Yvonne, nous préparions notre mariage fixé au mercredi 8 septembre, fête de la nativité de la Sainte Vierge Marie, en remerciement de sa protection. C'est l'oncle curé de Saint-Romain-le-Puy qui vint nous marier en l'église de Saint-Didier, la noce se faisant à Grand'Ris, sans trop de festivités, avec la présence de mes frères et sœurs sauf Louis qui avait été appelé entre temps au S.T.O. et avec moins de chance que moi fut obligé de partir en Allemagne. Il y avait aussi le papa et la maman Treille qu'Yvonne et moi accompagnâmes le soir à la gare de Saint-Thurin... Maman Treille avait, je crois bien, la larme à l'œil en quittant sa fille.
Petit incident le soir au souper.. .Pourquoi l'ai je en mémoire? Ce n'est vraiment pas important, une panne d'électricité... Nous dûmes terminer le repas à la lumière des bougies comme au bon vieux temps.