Par contre, j 'ai appris à faucher à la faux, ce qui m'a valu pendant de nombreuses années, surtout pendant la guerre, des corvées pénibles avec mon père et mes frères, la journée commençant très tôt le matin pour profiter de la fraîcheur et aussi du fait que certaines herbes se coupent plus facilement un peu humides. Les foins se faisaient d'abord à Grand'Ris puis à Rutard où mon père avait hérité de quelques hectares de prairies.
Faucher, faner à la main (avec une fourche ou un râteau de bois, mettre en "roules" le foin sec, le charger sur un char tiré par des vaches et à la nuit tombante le descendre à Grand'Ris en passant par le bourg de Saint-Didier, occupaient des journées harassantes. Nous rentrions fourbus et il fallait encore décharger le foin à la grange parfois sous une chaleur étouffante, sous les toits, sans parler de la poussière. Et recommencer le lendemain ...
Encore heureux quand le beau temps était de la partie ... sinon, par temps pluvieux, quel travail pour avoir du foin sec!
La moisson, surtout du seigle, était faite à la faucille, travail encore plus pénible que la fenaison à cause de la chaleur. Cependant, quelques années avant la guerre, mon père acheta, ayant vendu je crois quelques louis d'or qui dormaient au fond d'un tiroir, une moissonneuse tirée toujours par une paire de vaches, ce qui facilita beaucoup le travail.